La Banque du Canada (BdC) a annoncé mardi qu’elle maintenait son taux directeur à 1%, mais elle a révisé à la baisse ses prévisions de croissance. La banque centrale laisse la porte ouverte à une prochaine augmentation des taux. Voici ce qu’en pensent quatre économistes.
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Banque Nationale : plus de détente souhaitée
La BdC penche toujours vers le resserrement de la politique monétaire, même si la faiblesse de l’économie l’en empêche, note Stéfane Marion et Krishen Rangasamy de la Banque Nationale. Dans son commentaire, la banque centrale indique « qu’il se peut qu’une réduction modeste de la détente monétaire considérable actuellement en place au Canada devienne appropriée ».
Les deux économistes auraient préféré moins d’insistance vers le prochain tour de vis monétaire alors que l’inflation est nettement inférieure à la cible de la BdC. «Nous regrettons cependant que la Banque ait choisi la rigueur dans son communiqué, car c’est sur cela que les marchés financiers et le dollar canadien se concentreront, écrivent-ils. Tout compte fait, vu la mollesse de l’économie interne et l’incertitude croissante qui plane sur la croissance mondiale, nous ne pensons pas que la BdC recommencera à relever les taux avant le quatrième trimestre de 2013.»
BMO Marchés des capitaux : la BdC ne veut pas alarmer les marchés
Douglas Porter de BMO Marchés des capitaux est surpris de voir la BdC conserver son «biais » en faveur d’un resserrement de la politique monétaire alors que toutes les grandes banques centrales prennent le chemin inverse. « Je crois que la BdC ne veut tout simplement pas que les marchés anticipent une diminution du taux directeur, affirme l’économiste. Elle continue de montrer que ça ne fait tout simplement pas partie de leur plan. »
«Nous ne pouvons pas totalement écarter la possibilité que la BdC resserre sa politique monétaire plus tôt que prévu, ajoute-t-il. Mais, il y a pas mal d’éléments qui devront aller mieux avant que cela se réalise. Et franchement, en regardant tous les risques, je peine à croire que la BdC augmentera le taux directeur avant la mi-année 2013.»
Desjardins : le verdict le 5 septembre
Jimmy Jean, économiste principal de Desjardins, constate, lui aussi, que la BdC maintient son avertissement sur une prochaine hausse du taux directeur. Il faudra surveiller si l’avertissement demeurera ou sera emporté par la faiblesse de l’économie, lors du prochain communiqué, qui sera publié le 5 septembre. Le dévoilement aura lieu une semaine après les chiffres du PIB pour le deuxième trimestre.
« S’il fallait que cette croissance s’avère encore une fois inférieure aux projections de la BdC, cela impliquerait vraisemblablement un accroissement de la capacité excédentaire, note M. Jean. Or, la BdC mentionne clairement que la réduction de la détente monétaire deviendra appropriée seulement dans la mesure où “l’offre excédentaire au sein de l’économie se résorbe graduellement” ».
« Dans un tel scénario, la BdC pourrait retirer son avertissement. Cela n’impliquerait pas pour autant des baisses de taux subséquentes, mais plutôt le maintien des taux à leurs niveaux actuels pour une période prolongée, ajoute M. Jean. Notre scénario table sur une première hausse au quatrième trimestre de 2013. »
Banque RBC : Le village gaulois
Dawn Desjardins de la Banque Royale du Canada (RBC) interprète le communiqué avec un certain optimisme. Il note que la BdC croit que la crise en Europe ne débordera pas ses frontières. La banque centrale semble croire que les difficultés de l’économie mondiale sont temporaires. « Notre hypothèse est que ces risques diminueront suffisamment pour permettre à la BdC de réduire son soutien à l’économie dans les premiers mois de l’année 2013 », écrit-il.