Québec a annoncé cette semaine l’interdiction définitive de toute exploitation pétrolière sur l’île d’Anticosti. Le «big business» voulait à tout prix explorer le potentiel pétrolier de l’endroit, mais une grande majorité de citoyens et de groupes de toutes sortes s’y opposaient.
Les réactions concernant cette décision ne se firent pas attendre. Pour les uns, cette décision représentait un recul économique important pour le Québec. Pour les autres, incluant le maire John Pineault, ce fut une décision courageuse et sage de la part du gouvernement.
Pour ma part, je suis extrêmement satisfait. Ayant été de passage sur cette île il y a quelques semaines, je ne m’imaginais pas y revenir pour y découvrir un paysage meurtri par les ravages d’une telle exploitation. Je ne suis pas le premier à le dire, mais je clame haut et fort qu’il faut protéger à tout prix la nature luxuriante et la magnifique faune de cette île.
Je comprends la déception des groupes pétroliers de ne pas avoir la chance d’y faire leurs recherches. Mais je déteste qu’ils parlent en mon nom. Quand j’entends leur porte-parole dire que cette annonce est dommageable pour la société québécoise, mes poils se dressent.
Ce qui est vraiment dommage pour la société québécoise, c’est que des compagnies étaient prêtes à y forer des milliers de puits, à y injecter des tonnes de produits chimiques, et ce, tout en puisant des millions de litres d’eau.
Ces entreprises veulent des revenus potentiels, pas la sauvegarde de notre patrimoine naturel.
Mais cette chronique ne se veut pas une attaque envers l’industrie pétrolière. C’est un mal nécessaire dont nous avons tous besoin. Certaines d’entre elles investissent massivement afin de transiter vers une énergie moins destructive et je leur lève mon chapeau, tout en espérant une accélération du processus.
Ce qui m’a cependant sauté aux yeux, c’est l’espoir aveugle que certains avaient envers un possible eldorado pétrolier. Dans un monde ou même l’Arabie Saoudite et le Qatar investissent dans d’autres secteurs, puisque les jours du pétrole sont comptés, certains étaient prêts à détruire pour des centaines d’années un territoire vierge pour d’hypothétiques revenus d’une dizaine d’années, tout au plus.
Il faut réinventer notre réflexion envers le développement économique. Pourquoi avons-nous toujours besoin de ce qui n’existe pas ou de ce que nous n’avons pas pour nous développer. C’est à croire que si on n’avait pas de neige au Québec, certains la réclameraient sous prétexte que c’est bon pour la société québécoise.
Arrêtons de nous créer des besoins et développons ce que nous avons déjà. Imaginez avoir investi les centaines de millions en fonds publics que nous venons d’engloutir dans cette maladroite aventure, en tourisme, en transport provincial, en support envers les PME. Arrêtons de croire au mirage et travaillons plutôt afin de créer une province prospère.
Se développer, c’est synonyme de se réinventer. Apple a révolutionné la téléphonie et le monde de la musique. Facebook qui, avant de devenir le leader que l’on connaît, a été inventé afin de dire si l’on trouvait «hot or not» les filles sur le campus de l’université Harvard.
Tel que nous a démontré cette saga, le Québec est arrivé au point de non-retour en matière de développement économique.
Maintenant, il appartient à nous, et seulement à nous, de savoir ce qui importe pour la société québécoise. Voulons-nous une économie basée sur une manière de faire du passé ou oserons-nous plutôt prendre des décisions qui seront gagnantes dans le futur?