Facebook a étendu son système de reconnaissance faciale à l’ensemble de son réseau le 8 juin dernier. Le réseau social utilise ainsi la technologie pour identifier ses membres sur les photos qu’il héberge, puis incite les amis des personnes identifiées à les marquer sur ces photos. Du reste, il est possible pour chaque utilisateur de modifier les paramètres de son compte pour éviter que Facebook incite ses amis à l’identifier.
ME SUIVRE SUR TWITTER : julienbrault
La fonction, qui était testée depuis décembre dernier sur de nombreux comptes américains, a malgré tout suscité de nombreuses réactions d’associations de protection de la vie privée. Pourtant, si l’utilisation de la reconnaissance faciale par Facebook interpelle directement un grand nombre d’internautes, à moins de porter un masque en tout temps, il est très difficile d’échapper à cette technologie omniprésente. Et ce n'est pas étonnant, puisqu'une tendance lourde joue en faveur de l'exploitation technologique des caméras.
La reconnaissance faciale a d’abord été utilisée à des fins sécuritaires, notamment pour tirer parti des caméras de surveillance installées dans les lieux publics. Par exemple, à Londres, plus de deux millions de caméras appartiennent à un réseau auquel les autorités policières ont accès et qui intègre la reconnaissance faciale. Aussi, les applications commerciales de cette technologie sont plus récentes, mais pas moins omniprésentes.
Dès 2009, Google était prête à déployer la reconnaissance faciale dans son application pour Android, Google Goggles, qui permet notamment de faire des recherches en prenant une photo d’un code-barres ou encore d’un monument. Google a cependant abandonné la fonctionnalité avant même de la rendre accessible pour éviter d’enflammer l’opinion publique. Le géant américain, qui a annoncé le 14 juin dernier l’intégration des fonctionnalités de Google Goggles à son moteur de recherche, n’a toujours pas changé d’idée. Si la recherche d’image inversée est désormais possible sur Google Images, la reconnaissance faciale n’y est toujours pas intégrée.
Du reste, les bénéfices de la reconnaissance faciale sont limités pour le commun des mortels. Tout au plus, un individu peut maintenant marquer plus facilement ses amis dans une photo Facebook ou encore pourrait se faire rappeler sur-le-champ le nom de cet ami (ou de cette vedette) assis à la table d’à côté. Les entreprises, quant à elles, utilisent cette technologie pour recueillir des données d’une précision sans précédent sur leurs clients ou encore pour mieux les cibler.
L’industrie de l’affichage utilise la reconnaissance faciale essentiellement pour mieux définir le public qu’elle rejoint. En effet, en intégrant la reconnaissance faciale dans ses panneaux interactifs tactiles, les entreprises du secteur peuvent déterminer le genre et l’âge approximatif de ceux qui interagissent avec leurs panneaux. Il s’agit également d’une valeur ajoutée pour leur clients annonceurs, qui peuvent mesurer plus précisément que jamais l’efficacité de leur campagne à rejoindre son public cible.
Les grands détaillants, qui colligent des données sur l’affluence de leurs points de vente depuis longtemps, commencent eux aussi à adopter la reconnaissance faciale. Depuis de nombreuses années, ces derniers utilisent des systèmes de capteurs infrarouges, qui peuvent déterminer combien de clients entrent et sortent d’un commerce et à quelle l’heure ils le font. Un système intégré recourrant à la reconnaissance faciale pourrait quant à lui déterminer combien de temps chaque client est resté dans le commerce et ce qu’il a acheté, tout en déterminant le groupe d’âge et le sexe auxquels ce dernier appartient.
La plus grande banque de Russie, Sberbank, ira encore plus loin dans l’intégration de la reconnaissance faciale dans sa prochaine génération de guichets automatiques. Non seulement ses guichets identifieront chacun de ses utilisateurs grâce à cette technologie, mais ces derniers salueront les clients de la banque par leur nom lorsqu’ils s’approcheront. Ces guichets, qui permettront d’effectuer une variété sans précédent d’opérations bancaires, intégreront aussi une technologie de reconnaissance vocale, qui permettrait même de déterminer si l’utilisateur dit la vérité.