Le scandale de tricherie des moteurs diésel de Volkswagen, le numéro un mondial de l’automobile, qui survient six ans après celui des accélérateurs défectueux de Toyota qui trônait alors à la tête de son industrie, rappelle que le mauvais sort frappe souvent les leaders vedettes, les entreprises au sommet de leur piédestal et les champions à la une des magazines.
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La pharmaceutique Valeant Pharmaceuticals (Tor., VRX, 222$) vient aussi de goûter à cette malchance. À peine deux mois après avoir détrôné la Banque Royale en tête des plus importantes valeurs boursières de la Bourse du Toronto, Valeant chute de 36% depuis son sommet du 6 août.
Si le syndrome du mauvais sort est largement un mythe puisque aucune étude sérieuse n’a statistiquement démontré qu’il survient systématiquement, la fréquence des cas fait au moins réfléchir et peut influencer des décisions d’investissement.
Le mythe du mauvais sort provient évidemment du monde du sport, où la statistique occupe une grande place, après l’observation que nombre de vedettes ornant le magazine Sports Illustrated avaient de la malchance ensuite.
En 2002, Sports Illustrated avait mesuré que le tiers des «vedettes» ayant orné sa page couverture (913 sur 2456 pages) entre 1954 et 2002 étaient malchanceux par la suite.
Les malchances répertoriées variaient de divorces, de mauvaises performances sportives, de blessures et même de décès.
Gestionnaires de l'année
Ce syndrome semble aussi s’étendre aux gestionnaires de portefeuilles primés puisque le rendement de leur fonds ou leur classement semble piquer du nez après avoir été nommé gestionnaire de l’année.
Une foule d’articles sous forme d’avertissements aux investisseurs y ont été consacrés, surtout aux États-Unis.
En 2012. Chuck Yaffe, blogueur de MarketWatch a appelé ce phénomène le «mauvais sort du gagnant». Le chroniqueur Robert Schmansky, de US News l’avait carrément baptisé le «mauvais sort du gestionnaire de l’année de Morningstar», en janvier 2014.
Ce n’est pas que le gestionnaire de fonds devient tout à coup moins performant. C’est plutôt que les conditions favorables qui ont permis à son fonds de se hisser en tête ne se répètent souvent pas dans les années qui suivent.
Après tout, ces prix récompensent les grands gagnants et plus souvent qu’autrement cela survient après qu’un secteur, une classe d’actif ou un style de gestion ait été favorisé par la conjoncture du moment.
Si on y pense bien, le phénomène s’élargit aussi aux grandes transactions et aux entrées en Bourse.
Combien d’observateurs ont aussi cité le mauvais sort associé au fait d’atteindre une valeur boursière record, en donnant l’exemple la valeur de 613 milliards pour Microsoft(Nasdaq,MSFT, 43,93$US) en 1999, qui s’est avérée être son zénith.
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Goldman et Alibaba : deux entrées en Bourse symboliques
Les entrées en Bourse n’échappent pas au syndrome puisque un appel public à l’épargne requiert une dose d’effervescence et des courtiers motivés.
Le principal négociateur de matières premières Glencore est entré en Bourse en mai 2011, dans ue émission de 10 milliards de dollars américains à Londres qui lui a donné une valeur boursière de 59G$US. Aujourd'hui, un peu plus de quatre ans plus tard, la sociéte est en chute libre en Bourse et lutte pour sa survie, en vendant des actifs.
Ainsi, la banque d’investissement Goldman Sachs(NY,GS,179,22$US) est entrée en Bourse en 1999, dix mois avant que n’éclate la bulle boursière, en mars 2000.
Son action a éventuellement récupéré toutes ses pertes et même davantage. Son action a triplé depuis son émission d’origine.
La Chinoise Alibaba(Nasdaq,BABA,59,14$US) a fait ses premiers pas à la Bourse américaine, le 19 septembre 2014 dans une émission symbolique et record de 21,8 milliards de dollars américains, peu avant le plongeon de la Bourse chinoise et la détérioration des perspectives de l’économie chinoise. Depuis un an, son action a perdu le tiers de sa valeur.
Cela s’explique par le fait les entreprises entrent en Bourse lorsque les conditions leur sont favorables, donc lorsqu’elles peuvent obtenir une évaluation généreuse qui enrichit les actionnaires d’origine ou encore qui fournit à l’entreprise le maximum de capital.
Le même phénomène survient parfois lors des classements de l’entreprise ou du pdg de l’année. Les patrons et les entreprises les plus méritoires sont choisis au moment où ils cumulent le plus de « preuves » récentes de réussite.
Or, souvent, ces «champions» sont alors au sommet du cycle de leur industrie ou encore au moment où la conjoncture leur donne un bon coup de pouce.
Et que dire l’offre de 52G$ de Teachers pour BCE, en 2007
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De grandes transactions spectaculaires peuvent aussi devenir des points tournants.
Ainsi, c’est lorsque BCE(Tor., BCE,54,28$) et Telus(Tor., T, 42,73$) étudiaient sérieusement la possibilité de se transformer en fiducie de revenu, pour bénéficier des avantages fiscaux de cette structure, que le ministre des finances de l’époque Jim Flaherty, a mis fin au régime, en 2006.
L’offre avortée de 52 milliards de dollars par la caisse de retraite Teachers pour BCE à la mi-2007 a aussi sonné le glas aux populaires rachats par endettement de l’époque.
Il aura fallu attendre quatre ans et une baisse historique des taux d’intérêt, pour que l’action de BCE refranchisse le prix de 42,75$ qu’avait offert Teachers.
L’acquisition de 182 milliards de dollars américains de Time Warner par AOL en janvier 2000 et l’investissement de 3,2 milliards de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Québecor Média en octobre 2000 pour acquérir Vidéotron, servent encore aujourd’hui de symboles de la frénésie entourant l’Internet et la stratégie de convergence.
Quinze ans plus tard, la Caisse de dépôt est à peu près au point mort avec ce placement, si on inclut la vente de deux tranches d’actions et les dividendes versés.
Il n’y a évidemment rien de scientifique ni de menaçant pour l’investisseur dans cette énumération d’anecdotes et de cas.
En revanche, il y a une petite morale à l’histoire : lorsque des entrées en Bourse palpitantes, des transactions spectaculaires, ainsi que des pdg et des entreprises encensés font les manchettes, c’est lors de ces moments qu’il faut prendre du recul et aiguiser un peu plus ses antennes de prudence.
Quels sont vos exemples de mauvais sort ?