Une récente chronique publiée le 25 octobre («Et si les humains n'étaient pas faits pour la Bourse») a provoqué des réactions intéressantes de la part de mes lecteurs. Je veux y revenir, car ces témoignages démontrent qu'il est possible de faire de l'argent en Bourse, malgré la nature humaine !
Dans mon texte, je mentionnais que, même si vous étiez le plus grand analyste boursier du monde, capable de choisir les prochains plus grands gagnants, votre réussite serait loin d'être assurée, à moins que vous ne soyez capable de bien réagir aux gigantesques fluctuations de la Bourse.
Et je démontrais mon propos avec les exemples de Google, Tesla, Chipotle, Netflix et Apple, qui ont grandement enrichi leurs actionnaires, mais non sans que ces titres connaissent de nombreuses baisses brutales.
Je concluais que la plupart des gens sont incapables de vivre avec ces soubresauts, laissant entendre que les êtres humains ne sont peut-être pas faits pour la Bourse, après tout.Des exemples de lecteurs
Pourtant, des lecteurs m'ont écrit pour me souligner qu'eux ils étaient faits pour la Bourse et qu'il était possible d'y réussir.
«Vous vous demandez si les humains sont faits pour la Bourse et moi, je n'hésite pas à répondre oui. J'investis à la Bourse depuis 1980», m'a écrit un lecteur que j'appellerai Pierre.
À ses débuts à la Bourse, un vieux sage lui a fait cette recommandation :
«Mon jeune, si tu veux faire de l'argent à la Bourse au Canada, ce n'est pas compliqué : tu achètes et tu accumules des actions des banques et des compagnies d'assurance.»
«Lorsque je lui ai demandé [au vieux sage] pourquoi ces actions devraient me permettre de m'enrichir, il m'a expliqué que les banques et les compagnies d'assurance ne produisaient absolument rien. Elles n'ont aucun stock à soutenir, et les gens n'ont pas le choix de faire affaire avec l'une ou l'autre d'entre elles. Elles se contentent de récolter des capitaux qu'elles font fructifier pour leur bénéfice.»
Et Pierre a appliqué à la lettre ce conseil. «M. Mooney, j'ai vécu les corrections de 1987, de 1990-1991, de 2000 et de 2007-2008 sans paniquer. Plutôt que de vendre lors de ces mouvements à la baisse, j'en ai profité pour prendre de nouvelles positions dans ces titres. À long terme, je dois vous avouer que mes choix ont été très bénéfiques. À l'âge de 57 ans et 10 mois, je suis déjà à la retraite depuis plus de 11 ans, et ce, sans disposer d'un fonds de pension de mon employeur. J'ai pu facilement maintenir mon niveau de vie et m'offrir une retraite confortable grâce à mes judicieux placements. Je possède encore d'importants lots d'actions de banques et de compagnies d'assurance canadiennes, et je me réjouis chaque trimestre en encaissant leurs dividendes.»
Pierre est l'exemple vivant que l'on peut réussir en Bourse, malgré ses difficultés et ses pièges et, surtout, malgré la nature humaine. En passant, il avoue avoir, lui aussi comme bien d'autres, tenté sa chance en achetant des actions dites prometteuses et avoir perdu des sommes importantes. Il a toutefois appris et maintenu sa discipline à l'égard des actions des banques et des compagnies d'assurance, ce qui l'a enrichi considérablement.
«Alors, quant à savoir si la Bourse est faite pour les humains, je n'hésite pas à répondre oui, mais à condition de faire preuve d'une grande discipline», a conclu Pierre.
Cercle de compétence
Un autre lecteur a voulu me faire part de ce qui suit : «Votre chronique est juste, mais aurait intérêt à être élaborée. Une suite pourrait s'intituler : "Et si les humains s'organisaient pour être faits pour la Bourse". Ce n'est pas si compliqué à réaliser. Il suffit d'acheter ce que l'on comprend et d'éviter systématiquement ce que l'on ne comprend pas.»
Cet investisseur mentionne que, s'il avait investi dans les titres donnés en exemple dans mon texte, il aurait énormément de difficultés à résister aux mouvements boursiers. «Comme je ne connais presque rien aux domaines d'activité dans lesquels ces sociétés évoluent, je m'abstiens.»
«À l'inverse, je n'hésite aucunement actuellement à accroître ma position dans un titre du secteur industriel que je connais très bien et qui a fléchi de 30 % en quelques semaines à la suite d'un résultat bien en deçà des prévisions des analystes ainsi qu'à un marché boursier morose, parce que je suis convaincu que ce n'est que temporaire et que le marché a tort de réagir ainsi. C'est l'approche et le système que je pratique.»
Ce lecteur a lui aussi très bien réussi en Bourse.
Ces deux exemples démontrent qu'il est possible d'y faire de l'argent. Pour être «fait» pour la Bourse, vous devez avoir un cercle de compétence bien défini et le respecter religieusement. De plus, vous devez éviter comme la peste ces titres spéculatifs, sans vraiment de bénéfices et de revenus, mais qui semblent avoir des perspectives tellement merveilleuses.
L'attrait de ces titres repose en grande partie sur l'illusion de pouvoir s'enrichir très vite. Si la Bourse est un tremplin vers la fortune, elle l'est pour les investisseurs qui ne sont pas pressés.
Devises: le surprenant dollar US
Lorsque je me suis aperçu qu'il fallait maintenant 1,14 $ CA pour acheter 1 $ US, je me suis rappelé l'automne 2005. C'était à la suite du puissant ouragan Katrina. Pourquoi ? Parce que plusieurs y voyaient la confirmation du déclin des États-Unis et évidemment de sa devise dans une planète en profond changement. Si vous oubliez le discours des penseurs pour regarder la réalité économique, vous constatez que le dollar américain n'a jamais vraiment été menacé. Bien que l'économie américaine ne représente plus que 22 % de l'économie mondiale, par rapport à 32 % en 1946, 75 % des transactions commerciales internationales se font encore en dollars américains.