Intégrer ses nouveaux employés en douceur

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Mai 2024

Intégrer ses nouveaux employés en douceur

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Édition du 08 Mai 2024

Par Philippe Jean Poirier

«Patience et bienveillance sont de mise. Une acquisition, ça implique de gros changements. Ceux qui se font acquérir ne l’ont pas choisi», dit la présidente de ­Delegatus, Pascale Pageau. (Photo: courtoisie)

GRANDS DU DROIT. Le premier est rompu à l’exercice. La seconde en est à sa première expérience. Richard ­Laramée, chef de la direction du cabinet ­DS ­Avocats, et ­Pascale ­Pageau, présidente fondatrice de la firme ­Delegatus, ont accepté de partager avec nous leur perspective sur le processus d’acquisition et les leçons apprises en cours de route.

Quand ­Richard ­Laramée approche un partenaire potentiel, il se garde bien d’arriver avec un «manuel de bienséance de 400 pages» sur l’identité de ­DS ­Avocats. Pour tisser de nouvelles alliances, le chef de la direction prône l’«ouverture d’esprit» et l’«agilité». Du moins, c’est l’attitude qu’il a adoptée lors de la fusion avec ­Burstall ­LLP (2021) et le regroupement avec ­Décarie ­Avocats en 2023.

«­La première chose que l’on fait, c’est discuter, ­explique-t-il. On présente la plateforme, qui on est et ce qu’on veut faire. Ensuite, nous invitons le groupe d’avocats à s’intégrer à nous, mais ce n’est pas une intégration totale. Nous voulons que le groupe se joigne à nous avec son expertise et nous amène à un autre niveau. Nous leur disons: ­aidez-nous à avoir un impact.»

L’acquisition du cabinet albertin ­Burstall ­LLP, basé à ­Calgary, est un bel exemple d’intégration douce et progressive. Le cabinet de deuxième génération portait le nom ­Burstall depuis 50 ans. «­Nous avons été sensibles à la notoriété qu’ils avaient dans leur ville et leur province. Donc, nous n’avons pas exigé de changement de nom pendant la transition. Ils sont devenus ­DS ­Lawyers seulement récemment.»

Même scénario avec l’intégration récente d’un groupe de quatre avocats spécialisés en droit du travail, provenant de ­BCF ­Avocats. «­Le groupe est demeuré autonome, dit ­Richard ­Laramée. Nous ne l’avons pas tant “intégré” que soutenu dans la transition. Nous l’avons aidé à entrer en relation avec nos clients qui ont des besoins en droit du travail.»

 

Donner le temps au temps

Pour sa première acquisition à vie, ­Pascale ­Pageau dit avoir eu «beaucoup de plaisir».

Avant de s’engager dans le processus, la présidente de ­Delegatus avait lu le conseil suivant: ne vous mariez pas avec n’importe qui, ­associez-vous avec des gens qui ont des points de synergie communs et qui partagent les mêmes valeurs et la même culture.

Les discussions préliminaires ont donc porté sur le thème des valeurs, sous un angle très concret. «­Dans un scénario d’acquisition, nous nous sommes entre autres demandé sur quelles bases nous embaucherions le prochain avocat. Et pour quel motif nous en congédierions un. Nous avons mis sur table ce qui était non négociable pour chacun.» ­La chimie, ­comprend-on, a alors opéré.

Par la suite, entre les discussions de l’automne 2023 et l’annonce officielle de janvier 2024, la présidente de ­Delegatus a découvert le côté moins glamour d’une acquisition. D’une part, il a fallu faire une recherche de conflits juridiques et de conflits d’affaires; une opération qui s’est révélée sans mauvaise surprise, puisque ­Deligatus représente surtout la grande et très grande entreprise, alors que ­Novalex conseille principalement des ­PME et de grandes entreprises. Ensuite, il a fallu engager une transition administrative somme toute exigeante.

«­Il y a tellement de choses à faire», dit ­Pascale ­Pageau, qui reprend l’image du petit canard sur l’étang: calme ­au-dehors, il se fait aller les pattes sous l’eau. Du côté de ­Novalex, les avocats ont dû mettre à jour tous leurs anciens dossiers, puis les fermer. De plus, ils devaient faire la migration des données et l’apprentissage des nouveaux systèmes, dont le logiciel de gestion juridique ­Clio. Beaucoup de logistique, donc, à considérer.

«­Dans l’éventualité d’une seconde acquisition, je crois que nous reverrions le timing. Faire l’annonce interne à la ­mi-décembre et officialiser l’acquisition en date du 1er janvier, en pleine période des fêtes, ç’a été un peu difficile. D’un autre côté, ça nous a prouvé que malgré tout, pour une première fusion, on était capable d’agir rapidement.»

Quelques mois plus tard, la présidente de ­Delegatus tente de garder en tête un autre conseil qu’elle a lu avant l’acquisition: donner le temps au temps. «­Patience et bienveillance sont de mise. Une acquisition, ça implique de gros changements. Ceux qui se font acquérir ne l’ont pas choisi. Ils se sont fait annoncer qu’ils devenaient membres d’un nouveau cabinet. Il faut donner le temps à l’humain pour qu’il comprenne ce ­changement-là et qu’il voit what’s in it for. Qu’­est-ce qu’il a à y gagner.»

En guise d’accueil aux nouveaux employés, l’équipe de ­Delegatus a organisé des ateliers où elle présentait le modèle et les valeurs de l’entreprise. Puis, elle a multiplié les 5 à 7 et les lunchs rencontres.

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