Une «décroissance dans la croissance» pour Gourmet sauvage

Publié le 15/10/2023 à 20:00

Une «décroissance dans la croissance» pour Gourmet sauvage

Publié le 15/10/2023 à 20:00

Par Emmanuel Martinez

Ariane Paré-Le Gal, copropriétaire avec son conjoint, Pascal Benaksas-Couture, de Gourmet sauvage. (Photo: Facebook / GS)

ENTREPRENEURIAT. Rares sont les entreprises qui décident de se couper de 20 % de ses revenus, mais c’est ce qu’a choisi Gourmet sauvage en 2020, afin de mieux progresser.

La PME se spécialise dans la transformation de produits forestiers pour l’alimentation et les soins corporels, qui sont écoulés en gros, en ligne, dans une centaine d’endroits ainsi qu’à sa boutique de Mont-Blanc, dans les Laurentides. Elle a pris un virage en arrêtant de vendre à l’extérieur du Québec, comme aux États-Unis ou en Europe.

« Il fallait réduire le rythme, explique en entrevue Ariane Paré-Le Gal, copropriétaire avec son conjoint, Pascal Benaksas-Couture. Avec davantage de croissance, il y avait plus de problèmes. »

Celle qui a pris la relève de son père, qui a fondé en 1993 cette entreprise qui promeut le garde-manger forestier du Québec, préconise donc une « décroissance dans la croissance ».

« Afin de prendre une décision claire, on a donné un coup de hache en coupant nos exportations, dit-elle. Alors, fini les ventes en Europe et aux États-Unis. »

 

Faire mieux

En éliminant le cinquième de son chiffre d’affaires ainsi qu’un potentiel de croissance important, Gourmet sauvage n’a pas périclité pour autant.

« Notre rentabilité est meilleure tout en travaillant dans un cadre plus agréable, note la patronne. On peut davantage prendre soin de nos employés. »

Avec une charge mentale réduite, Ariane Paré-Le Gal peut mieux se consacrer à l’innovation et au contrôle des coûts afin de juguler l’inflation.

La PME travaille sur plusieurs fronts, avec la boutique-café à Mont-Blanc ainsi que l’atelier d’élaboration de produits de la forêt, qui se fait au même endroit. L’entreprise vend aussi des plantes en gros, comme du thé de Labrador et des pousses de sapin séchées à des restaurants et des microbrasseries, tout en écoulant ses matières transformées dans une centaine de points de vente.

La copropriétaire s’investit également beaucoup dans la sensibilisation du public par des webinaires, des conférences et des ouvrages sur ce que nos forêts ont à offrir. « Mon conjoint est aux opérations et moi je suis partout, confie-t-elle. Je suis difficilement remplaçable en raison de mon savoir-faire. On travaille avec des produits sauvages qu’il faut connaître et j’entretiens une relation de confiance avec des équipes de cueilleurs. »

 

Aucun regret

La PME, qui réalise environ 35 % de ses ventes en ligne, travaille maintenant à optimiser ses activités de transformation dans son édifice bâti en 2021.

« La décroissance était une façon de conserver notre unicité, mais aussi pour une cohérence marketing : les gens nous suivent parce qu’on est une entreprise familiale à échelle humaine, mentionne Ariane Paré-Le Gal. Sincèrement, je ne sais même pas si je ferais vraiment plus d’argent si j’avais grossi, car les investissements auraient été considérables et, évidemment, avec un risque accru. »

La femme d’affaires réalise que dire non à la croissance constitue un « luxe » dans un monde où l’ego et la pensée dominante tendent vers une progression infinie. Elle déplore que « plusieurs entrepreneurs soient coincés dans un modèle qui ne leur convient pas ».

« Cela me rend extrêmement fière d’avoir pris cette décision, dit-elle. Je n’ai jamais eu une once de regret et je n’imagine pas qu’il y en aura, car cela vient toucher des valeurs fondamentales pour moi. Mon père était si fier et si content quand on lui a annoncé la nouvelle, ajoute-t-elle. Il a eu des larmes aux yeux. Il ne voulait pas nous voir tomber dans ce piège de la croissance à tout prix. »

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