Renault : Une usine de fabrication zéro rejet à Tanger


Édition du 21 Novembre 2015

Renault : Une usine de fabrication zéro rejet à Tanger


Édition du 21 Novembre 2015

Le département peinture de Renault est l’un des plus énergivores de l’usine. L’essentiel de l’énergie créée par la chaudière à biomasse y est utilisée.

SOMMAIRE DU DOSSIER

Par Ali Abjiou, L’Économiste (Maroc)

ÉCONOMIE CIRCULAIRE – Les voitures sont devenues au fil des ans de moins en moins polluantes, les fabricants ayant déployé tout leur savoir-faire dans le domaine. Mais qu’en est-il de leur fabrication ? Renault avec son usine de Tanger semble avoir relevé le défi.

Le site est réputé être le plus grand de la région et le plus propre aussi, un exploit mené avec le groupe international Veolia. Ce dernier s’est impliqué dès la conception de l’unité pour éviter toute pollution et faire de Renault Melloussa une usine à « zéro rejet ».

L’une des pièces maîtresses du dispositif est la chaudière à biomasse. Elle est présentée par Veolia comme étant une avancée en matière de création d’énergie thermique à partir d’éléments naturels comme le bois ou même les déchets de l’industrie agricole. Le travail se fait à la manière d’une chaufferie traditionnelle mais avec une dose de modernité permettant d’atteindre plus d’efficience et un rendement optimal selon le type de combustible utilisé, explique-t-on chez Veolia.

De la cendre aux engrais

Le biocombustible arrive à l’usine via une noria de camions-benne et stocké dans des silos. Le mélange est ensuite homogénéisé et de là, il est convoyé vers la chaudière.

Ce qui peut sembler une tâche facile cache tout une série de paramètres à surveiller et de réglages minutieux, pour qu’en fin de combustion, il ne reste plus que des cendres.

Ces dernières sont récupérées, de même que celles emportées par les gaz de combustion, pour être entreposées. Un projet de réutilisation de ces cendres est actuellement à l’étude. Il s’agirait d’en faire, selon Veolia, des engrais vu qu’ils sont riches en éléments nutritionnels.

Les chaudières alimentent en eau à différentes températures les circuits d’eau chaude de l’usine, en particulier au département de peinture, un grand consommateur d’énergie. Au total, ce sont deux chaudières de 6 MW qui sont installées, une troisième chaudière est prévue pour satisfaire les besoins croissants en énergie.

Le résultat atteint est à la hauteur des attentes. Les émissions de dioxyde de carbone sont réduites de 98 %, soit l’équivalent de 135 000 tonnes de CO2 évitées par an; les quelques tonnes restantes seront compensées soit par l’achat de crédit carbone, soit par la production d’énergie renouvelable in situ, précise le constructeur automobile.

Utilisation efficace de l’eau

L’eau est un autre des sujets d’attention. Elle est utilisée en circuit fermé. Le circuit de traitement est digne d’une station d’épuration avec diverses cuves à la taille des besoins de l’unité. Cette eau est ensuite filtrée par des techniques dites d’osmose permettant d’obtenir en bout de course une « eau industrielle », un liquide pur dans le sens littéral du terme.

Cette eau sert à alimenter divers processus au sein de l’usine, dont le traitement des surfaces des voitures et la peinture. En fin de circuit, elle se trouve chargée d’éléments polluants dont des métaux lourds dont il ne s’agit pas de se débarrasser dans les égouts, d’où le besoin d’un filtrage rigoureux. Celui-ci permet aussi une très nette réduction de près de 70 % des ressources en eau nécessaires pour alimenter l’usine, selon Veolia.

Les déchets résultants, en forme de boue asséchée, sont emmagasinés et envoyés en Europe. Là aussi, le jeu en vaut la chandelle, puisqu’aucun rejet d’eaux usées d’origine industrielle ne se fait dans le milieu naturel. De plus, le prélèvement des ressources en eau pour les processus industriels est réduit de trois quarts, ce qui équivaut à l’économie d’environ 437 500 m3 d’eau par an, soit la consommation d’environ 700 personnes par an.

Tous ces efforts ont été récompensés. En effet, le projet a reçu le prix « Énergie durable » de la Commission européenne en avril 2011, dans la catégorie production.À l’usine de Renault à Tanger, les émissions de dioxyde de carbone sont réduites de 98 %, soit l’équivalent de 135 000 tonnes de CO2 évitées par an.

Noyaux d’olives et d’argan

Le biocombustible est issu de la région. Il s’agit de déchets de bois ou de bois industriel valorisé. Il est aussi utilisé des noyaux d’olive et d’argan pour compléter le mélange. Il ne s’agit en aucun cas pour Veolia d’utiliser du bois de chauffage afin de ne pas encourager la désertification ni d’entrer en concurrence avec les utilisateurs traditionnels de ce combustible.

Pour les déchets issus de l’industrie agricole, noyaux d’olive et d’argan, ils représentent une excellente source d’énergie. Ils disposent d’un pouvoir calorifique supérieur au bois qui peut largement fluctuer en fonction de son taux d’humidité. De plus, ils permettent d’apporter des revenus supplémentaires aux familles, surtout dans le sud avec la collecte des noyaux d’argan.

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