EBI roule à pleins gaz

Offert par Les Affaires


Édition du 31 Mai 2014

EBI roule à pleins gaz

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Édition du 31 Mai 2014

Pierre Sylvestre, président et chef de la direction EBI [Photo : Martin Flamand]

En une décennie, EBI a su se tailler une place dans le secteur de l'énergie. Non seulement l'entreprise de gestion des matières résiduelles produit du gaz naturel, mais elle a ouvert l'automne dernier deux stations-services publiques offrant aux automobilistes ce combustible en guise de carburant.

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Le président et chef de la direction, Pierre Sylvestre, le concède : rien ne laissait présager que l'entreprise qui a commencé dans le secteur de l'excavation en 1960 deviendrait un jour producteur d'énergie. « Nous étions dans le secteur des matières résiduelles : l'enfouissement, le transport, le recyclage et le compostage. La production d'énergie, ce n'était pas notre domaine », indique le fils du fondateur, qui a repris les rênes de l'entreprise en 1986, alors qu'il avait à peine 30 ans.

Cependant, à la fin des années 1990, constatant le potentiel du biogaz qui émanait de son site d'enfouissement de Saint-Thomas de Joliette, EBI envisage d'explorer différentes avenues. L'objectif : optimiser cette ressource issue du long processus de décomposition naturelle de matières organiques qui, une fois récupérée, peut être transformée en énergie.

Si le potentiel énergétique est réel, EBI doit néanmoins défricher un secteur d'activité qu'elle ne connaît pas. Une tâche colossale. Trois possibilités s'offrent alors à l'entreprise : convertir le biogaz en électricité pour l'intégrer au réseau d'Hydro-Québec ; fournir en énergie une cimenterie installée près de ses installations de Joliette ; ou alimenter en combustible le gazoduc Trans-Québec et Maritimes qui longe le fleuve Saint-Laurent entre Montréal et Québec.

« À l'époque, la production d'électricité n'était pas rentable et nous ne voulions pas être dépendants d'un seul client [la cimenterie] », explique-t-il. Le gazoduc, pour sa part, offrait la possibilité de rejoindre l'ensemble des clients qui s'y alimentent.

Dès juillet 1999, la direction d'EBI s'assied avec les représentants des entreprises propriétaires du pipeline, TransCanada et Gaz Métro, afin d'étudier la possibilité d'un raccordement. Les obstacles étaient nombreux, rappelle Pierre Sylvestre. « Nous devions également, en parallèle, faire des recherches avec des firmes américaines pour développer des procédés et des technologies qui nous permettraient de capter le biogaz, de le traiter et de le rendre conforme au gaz que transporte le gazoduc », dit-il.

Quatre ans se sont écoulés entre les premières discussions et le commencement de la production de gaz naturel. Avec le recul, Pierre Sylvestre admet que « cette décision était audacieuse et risquée ». Force est de constater qu'aujourd'hui, ce risque rapporte. « Près de 20 % » des activités de l'entreprise de 700 employés proviennent de sa production gazière.

On ne gère cependant pas la production de gaz naturel comme on administre un site d'enfouissement. L'entreprise doit sans cesse adapter ses stratégies aux réalités changeantes du marché de l'énergie, souligne Pierre Sylvestre, citant en exemple la chute des prix du gaz naturel au cours des dernières années.

« Une réalité qui a fait qu'il n'était plus aussi rentable pour nous de ne fournir du gaz qu'à des clients commerciaux liés au gazoduc [Trans-Québec et Maritimes]. Il nous a fallu chercher de nouvelles avenues », explique l'homme d'affaires dans la fin cinquantaine.

Depuis, EBI a ajouté quelques cordes à son arc, inaugurant en 2012 une centrale de cogénération qui transforme le biogaz en électricité et en chaleur, et explorant le secteur prometteur des transports.

Aujourd'hui, l'entreprise produit 1 250 000 gigajoules d'énergie par an, l'équivalent de la consommation moyenne de près de 12 000 ménages canadiens. De cette quantité, 70 % sont transformés en énergie électrique pour produire 80 600 000 kW, alors que 30 % sont transformés en gaz naturel renouvelable injecté dans le réseau de Gaz Métro.

Puis en novembre dernier, EBI ouvrait au public deux stations de ravitaillement au gaz naturel comprimé (GNC)... une première au Québec ! L'une a pignon sur rue à Montréal, et l'autre à Berthierville, dans la région de Lanaudière.

« Nous souhaitons suivre le potentiel de ce marché-là. Ce combustible risque de révolutionner le transport », dit le pdg. Le GNC - un dérivé utilisé comme combustible pour les véhicules - gagne en popularité. D'ici 2020, 3,3 millions de véhicules légers devraient carburer au GNC, selon la firme américaine de recherche Navigant Research. Et EBI compte bien remplir leurs réservoirs.

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