Christine Hughes, présidente et stratège principale, OtterWood Capital Management
Vous évaluez les marchés boursiers en étudiant le comportement du marché obligataire. Expliquez-nous votre méthode.
Je regarde si le marché obligataire fonctionne adéquatement. L'un des indicateurs que j'utilise est la courbe des taux d'intérêt des obligations du gouvernement américain. La courbe est normale si les taux d'intérêt à court terme sont plus bas que les taux à long terme. Les banques empruntent à court terme afin de prêter cet argent à long terme. Plus l'écart entre les taux à court terme et les taux à long terme est élevé, plus la marge bénéficiaire que tirent les banques de leurs prêts est grande. À l'inverse, les banques cessent de prêter quand la courbe est peu prononcée. Je regarde aussi l'écart entre les taux des obligations gouvernementales et des obligations de sociétés. Plus celui-ci est faible, plus les entreprises peuvent se financer facilement.
Quelles conclusions tirez-vous de ces indicateurs ?
La tendance est positive. La courbe des taux d'intérêt va dans la bonne direction, et l'écart entre les obligations de sociétés et les obligations gouvernementales est faible. Il est vrai que le marché a beaucoup monté. Nous pourrions voir une correction au cours des prochains mois. Cependant, nous ne sommes pas dans un contexte favorisant un marché baissier.
Quelle société est sur votre écran radar ?
Redknee Solutions (Tor., RKN) offre des services informatiques de facturation pour les sociétés de télécommunications. L'entreprise ontarienne a réussi à obtenir d'importants contrats comme celui de Vodafone, ce qui lui donne des arguments de vente pour convaincre d'autres clients. Bien des sociétés de télécommunications gèrent elles-mêmes leurs logiciels de facturations, mais Redknee est capable de le faire à moindre coût, ce qui constitue un atout pour séduire de nouveaux clients. La société a aussi augmenté ses dépenses en R-D afin de dénicher de nouveaux contrats.
Y a-t-il un secteur que vous trouvez plus intéressant ?
Dans le secteur de l'énergie, il y a un écart entre les sociétés canadiennes et américaines qu'on a rarement vu. Les entreprises canadiennes ont de la difficulté, car elles peinent à acheminer leur pétrole. Comme on dit : «quand on veut, on peut». En attendant l'autorisation des principaux projets de pipeline, l'industrie a trouvé des solutions, elle le fait par train ou par de plus petits pipelines. Notre pétrole est si abordable que les raffineries américaines en demandent tout de même. Je crois qu'on verra une partie de l'écart entre les sociétés américaines et canadiennes se réduire en 2014.
