Le conglomérat géant Fosun, l'un des plus grands groupes privés de Chine et propriétaire du Club Med, a présenté la « formule » magique pour son avenir: devenir « une +licorne+ géante aux super-pouvoirs », sans toutefois expliciter l'étrange référence.
Fosun International a utilisé au moins 19 fois le mot « licorne » dans ce document financier, où il fait par ailleurs état d'un bénéfice net de plus de 8 milliards de yuans en 2015 (1,09 milliard d'euros), en hausse de 17% sur un an.
« Au bout du compte, Fosun deviendra une +licorne+ géante avec des pouvoirs considérables », martèle dans une lettre aux actionnaires son président Guo Guangchang, souvent qualifié de « Warren Buffett chinois ».
Le terme de « licorne » paraît mal adapté au gigantesque conglomérat chinois, à la tête d'activités très diverses, allant de l'immobilier à l'assurance, des loisirs à la sidérurgie, et connu pour ses investissements tous azimuts à l'étranger.
Il a notamment pris l'an dernier le contrôle du Club Med, spécialiste français des clubs de vacances, et une forte participation dans le Cirque du Soleil.
Mais une « licorne » désigne plutôt ces start-ups, essentiellement dans le domaine technologique, dont la valorisation dépasse 1 milliard de dollars --comme c'est le cas pour Uber (réservation de véhicules avec chauffeur), AirBnB (plateforme de location) ou encore Dropbox (stockage en ligne).
En Chine, la plateforme de réservation de taxis Didi-Kuaidi, le service d'achats groupés Meituan, ou encore l'application de réservation et de notation de restaurants Dianping (qu'appuie d'ailleurs un fonds d'investissement de Fosun) peuvent être qualifiés de « licornes » de l'Empire du milieu.
Or, si Fosun, coté à la Bourse de Hong Kong, dit vouloir soutenir et « cultiver des licornes », dont il financerait le développement, le conglomérat indique également « vouloir devenir lui-même à terme une firme-licorne ».
Une « stratégie de licorne » sur laquelle le groupe fournit peu de détails concrets, vantant simplement les « ressources considérables » et « le gène spécifique » que cela requiert.
Comme en 2014, l'envolée du bénéfice net de Fosun l'an dernier s'explique par un quasi-doublement de ses profits nets dans l'assurance, et de résultats solides dans ses activités d'investissement (bénéfice en hausse de 33%).
Mais l'année 2015, marquée par des acquisitions et opérations emblématiques (l'OPA remportée sur le Club Med après une bataille acharnée de deux ans; le renforcement de ses parts dans la société de services financiers belge RHJ International) s'est terminée de façon trouble.
Guo Guangchang a ainsi disparu quatre jours durant en décembre, suscitant un vif émoi des milieux d'affaires et une chute de 10% du titre du groupe: beaucoup spéculaient alors sur son éventuelle disgrâce pour corruption, dans le cadre de la campagne menée par Pékin.
Mais l'entrepreneur était finalement réapparu libre, assurant avoir simplement « collaboré » à une enquête des autorités.