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La Banque du Canada a annoncé mardi qu’elle maintient son taux directeur à 1%. La banque centrale s’attend aussi à ce que la récession en Europe soit plus «profonde» que prévu, mais à ce que l’économie canadienne reprenne son rythme de croisière en 2013. Voici ce qu’en pensent trois économistes. PLUS : Banque du Canada : trois points à retenir
Desjardins : pris entre l’arbre et l’écorce
Études économiques Desjardins est surprise de voir la Banque du Canada penser que les dépenses des ménages pallieront le ralentissement économique mondial.
«Un tel pronostic signifie que l’endettement des ménages continuera à augmenter au cours des prochains trimestres, écrit Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins, dans une note économique. L’ampleur de la dette des ménages est pourtant une source de préoccupations pour les autorités monétaires depuis un bon moment. Il faut toutefois se rendre à l’évidence que l’endettement peut difficilement diminuer avec le maintien de taux d’intérêt très bas.»
Dans ce contexte, M. Durocher croit que le taux directeur de la Banque du Canada risque de demeurer inchangé pour «encore très longtemps». L’économiste écarte une baisse des taux d’intérêt alors que l’endettement des ménages est élevé. Cependant, les conditions économiques mondiales difficiles «militent en défaveur d’une hausse».
Banque Nationale : le statu quo
Stéfane Marion, économiste et stratège de la Banque Nationale, croit, lui aussi, que le taux directeur restera figé pour un certain temps. « Malgré les déséquilibres croissants dans l’économie intérieure (c.-à-d. l’endettement des ménages) et vu les risques de baisse importante qu’entraînerait une crise financière mondiale déclenchée par l’Europe, il est logique que la Banque du Canada reste sur la touche pour le moment, écrit-il dans une note. Cela dit, à notre avis, aucune baisse de taux n’est en vue actuellement (à supposer qu’il n’y ait pas de crise financière mondiale).»
Capital Economics: les taux baisseront
David Madani, économiste de Capital Economics, estime que la Banque du Canada est trop optimiste sur ses prévisions économiques. Il croit que la banque centrale fera passer son taux directeur de 1% à 0,5% d’ici la fin du deuxième trimestre.
L’économiste anticipe l’exclusion de la Grèce de la zone euro d’ici la fin de l’année. Il croit aussi que les dépenses des ménages canadiens ne seront pas au rendez-vous.
«Nous anticipons que la croissance économique ralentira cette année et que la pression désinflationniste augmentera, surtout si le prix des matières premières recule et si la croissance économique ne parvient pas à créer assez d’emplois pour empêcher une augmentation du taux de chômage. En anticipant une baisse de l’inflation, une détente de la politique monétaire reste envisageable. »