À Wall Street, une présidence Trump fait peur

Publié le 03/03/2016 à 11:45

À Wall Street, une présidence Trump fait peur

Publié le 03/03/2016 à 11:45

Par AFP

Donald Trump. (Photo: Shutterstock)

Le milliardaire Donald Trump a tout pour plaire à Wall Street, qui l'a aidé à bâtir son empire immobilier, mais sa position de favori à l'investiture républicaine ne plait pas vraiment aux tenants du capitalisme américain.

La liste de leurs craintes est longue: guerre commerciale avec la Chine et le Mexique, hausse des impôts pour les plus riches, conflit ouvert avec la Réserve fédérale dont M. Trump remet en cause l'autorité, blocage avec le Congrès... 

«Donald Trump fait peur à Wall Street», résume auprès de l'AFP Greg Valliere, chef stratégiste du fonds Horizon Investments. «C'est un électron libre. Il est porteur d'incertitude et les marchés détestent l'incertitude».

Les déclarations à l'emporte-pièce du magnat de l'immobilier depuis son entrée en campagne à l'été 2015 déconcertent les entreprises. 

Il dénonce les gros salaires des grands patrons, la cupidité des banquiers et courtiers et les politiques d'immigration du pays alors que les milieux d'affaires voient d'un très bon œil l'arrivée de main d’œuvre bon marché en provenance du Mexique. 

Il y a aussi ses attaques récurrentes visant la Chine et le Japon, qu'il accuse de manipuler leurs monnaies ( ) et ses sorties contre le libre-échange au moment même où les États-Unis nouent deux géants accords commerciaux avec la région Asie-Pacifique (TPP) et l'Europe (TTIP).

«Hypocrisie»

Son protectionnisme dérange les multinationales quand il distribue les cartons rouges à Ford et Apple qui fabriquent une partie de leur production à l'étranger. Son appel au boycott des produits Apple en plein bras de fer entre la firme à la Pomme et le FBI a également semé le trouble dans la Sillicon Valley.

Son offensive contre les niches fiscales qui profitent aux fonds d'investissement et aux sociétés de capital-investissement a fini par sceller le divorce avec les voix influentes de la finance. 

Mais Donald Trump sait aussi faire des œillades aux milieux d'affaires en promettant une réduction des déficits et des baisses d'impôts pour les entreprises.

Il loue le milliardaire Carl Icahn, l'un des investisseurs les plus craints de Wall Street dont il veut faire, une fois élu, son secrétaire au Trésor.

«Il ne rentre dans aucun moule économique. Il n'est pas un conservateur traditionnel comme Ronald Reagan qui serait attaché à une politique de l'offre faite de baisses d'impôts, d'ouverture aux échanges internationaux et à moins de régulation», indique Mark Perry, expert au think tank conservateur American Enterprise Institute. 

«Sa plateforme est réellement un mélange de populisme et d'isolationnisme», ajoute-t-il, dénonçant "l'hypocrisie" de Donald Trump qui fait fabriquer des vêtements sous sa griffe en Chine.

«Certains de mes clients apprécient qu'il (Donald Trump) veuille baisser les impôts pour les entreprises mais ils ont aussi très peur des représailles de la Chine en cas de guerre commerciale. Or les économies sont très connectées», déplore Chris Low gérant de portefeuille chez FTN Financial.

Sollicité par l'AFP, l'entourage de Donald Trump n'a pas donné suite. 

«Diable»

Dans les milieux bancaires, c'est également un sentiment général anti-Trump qui prévaut. «L'image de M. Trump avec son doigt sur le bouton nucléaire me laisse sans voix», avait déclaré en septembre dernier le PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein.

«Il est incapable de gérer une entreprise. Comment va-t-il pouvoir gérer un pays?», s'interroge un banquier sous couvert de l'anonymat, renvoyant aux quatre faillites entre 1991 et 2009 des casinos Trump.

Mais Donald Trump a toutefois accumulé une fortune personnelle évaluée à 4,5 milliards de dollars -il affirme en avoir le double- et bâti un empire économique, qui va des immeubles et hôtels de luxe aux parcours de golf.

«Parfois nous oublions derrière tout son discours, ses cheveux et ses shows de télé-réalité, qu'il sait vraiment construire des immeubles d'une manière extrêmement efficace et économe», assure à l'AFP Gwenda Blair, auteur d'une biographie sur la dynastie Trump (The Trumps).

Depuis le retrait de Jeb Bush qui avait les faveurs des milieux des affaires, Wall Street croit peu aux chances de Marco Rubio ou de Ted Cruz, les adversaires républicains de Trump. 

«Trump est très hostile vis-à-vis de Wall Street. À ce stade, on ne peut préjuger s'il va modérer son ton. Hillary Clinton est 'le diable qu'on connaît'. C'est mieux qu'un 'diable qu'on ne connaît pas'», avance Greg Valliere.

«La Bourse pourrait vaciller cet été s'il apparaît que Trump a des chances de l'emporter en novembre. En attendant si ses succès lors des primaires se poursuivent, la volatilité va s'accroître», dit David Lafferty stratégiste chez Natixis Global Asset Management.

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