BLOGUE. Non, je ne vous parlerai pas ici de ces fameux PCAA, d’autres savent le faire beaucoup mieux que moi sur ce site! Ce dont il est question, c’est de la 5e édition de la foire d’art contemporain Papier et de l’engouement grandissant pour l’acquisition et la collection d’œuvres contemporaines. Je vous en parle parce que je crois que Papier est une belle porte d’entrée pour ceux qui veulent débuter ou enrichir leur collection, mais aussi parce que plusieurs activités gratuites nous apprendront comment collectionner, à quel prix et selon quels critères.
Organisé par l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC), Papier réunira à Montréal, de jeudi soir à dimanche, 38 galeries et des centaines d’œuvres dans un même lieu : la Place des Festivals. En 2007, Papier s’installait au Westmount Square où 17 galeries proposaient modestement des œuvres toutes réalisées sur papier. Les achats lors de cette première édition s’élevaient à 100 000 $ au total. Aujourd’hui, l’objectif est de dépasser 700 000 $. Et pour cela, l’AGAC mise activement sur les collectionneurs, les jeunes professionnels et tous ceux qui suivent la croissance accélérée du marché de l’art montréalais.
L’idée de départ selon Julie Lacroix, directrice de l’AGAC, c’est de miser sur « l’accessibilité pour les collectionneurs » puisque « les œuvres sur papier sont plus abordables. Le marché québécois est très différent de celui de Toronto. Notre volonté était, au départ, de rejoindre le grand public avec une entrée gratuite plutôt que 15$ comme à la foire de Toronto ».
Collections d’entreprises
Les entreprises ont emboité le pas et profitent de la présence de toutes ces galeries dans un même lieu pour faire plusieurs acquisitions. « Hydro-Québec garde 10% de son budget d’acquisitions pour Papier » souligne Julie Lacroix. Lors de la soirée de financement de jeudi soir ou de vendredi matin pour la visite privée réservée aux entreprises, on peut penser que la Banque Nationale (aussi commanditaire de l’événement), la Banque Royale, la Caisse de dépôts, Loto-Québec (partenaire de l’événement) et certains grands collectionneurs privés trouveront de nouvelles pièces pour enrichir leur collection. « Il y a une vraie tendance à l’acquisition durant les foires, on voit ça beaucoup à New York, à cause de l’ambiance, mais aussi parce que les galeries font un travail de sélection pour la foire et présentent leurs pièces les plus fortes » remarque Julie Lacroix.
Collectionner c’est tendance
Comment expliquer cet engouement pour l’art contemporain? Phénomène de mode, envie de consommer et d’acheter des œuvres, ou simple rattrapage dans un marché sous-développé? Julie Lacroix explique cela par tout le travail événementiel autour de l’art contemporain grâce, par exemple, à des organismes comme l’AGAC et artsScène qui présentent le Rallye des galeries, par le fait que « maintenant, les professionnels du milieu travaillent plus ensemble et les gens d’affaires sont aussi au rendez-vous, la philanthropie, l’implication se développent ».
L’édition de cette année est très centrée sur la démarche du collectionneur et s’arrime à toutes ces activités et expositions gratuites présentées jusqu’au 17 juin dans 11 lieux comme les maisons de la culture et l’Arsenal. Neuf collectionneurs nous ouvrent les portes de leur univers et nous invitent à suivre leur démarche. Dans un prochain blogue, je vous ferai part d’ailleurs de ma discussion avec une de ces collectionneurs, Paryse Taillefer, qui présente actuellement une partie de sa collection à la maison de la culture Verdun et qui participera dimanche à une table ronde et une visite guidée dans le cadre de Papier.
CONSEILS AUX COLLECTIONNEURS
Pour ceux qui souhaitent débuter une collection avec des œuvres plus abordables, voici quelques conseils :
- Profiter de Papier car il y a beaucoup de galeries, il y en a pour tous les goûts (photos, lithographies, gouaches…). La galerie Joyce Yahouda par exemple va même refaire son kiosque tous les jours et changer les œuvres présentées.
- Poser des questions, entamer le dialogue avec les galeristes car ils sont là pour conseiller, parler des œuvres et des artistes.
- Observer les artistes sélectionnés par les collections d’entreprises. Ces entreprises ont des acheteurs et des conservateurs qui connaissent bien le marché et les artistes. Des petits autocollants signaleront les œuvres sélectionnées par les collections d’entreprises.
- Finalement… surtout s’écouter et se laisser transporter par une œuvre qui nous séduit et nous parle !
Pour aller encore plus loin dans la réflexion, vous pouvez assister aux deux tables rondes organisées en fin de semaine :
- Samedi 14 avril, 11h - Le collectionnement abordable
Une collection d'art pour petits budgets: est-il possible de collectionner l'art avec de modestes moyens? Comment collectionner l'art autrement?
- Dimanche 15 avril à 11 h 00
La passion de collectionner - un mode d'emploi
Quelles sont les motivations derrière une collection d'art visuels? Quels sont les processus et les étapes du collectionnement?
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Sébastien Barangé, Directeur des communications et affaires publiques de CGI. (Twitter @SBarange)
Sébastien Barangé est activement engagé auprès de plusieurs organismes à but non lucratif:
membre du comité exécutif d'artsScène Montréal (Business for the arts)
président du conseil d'administration d'Art Souterrain
membre du conseil d'administration de la Fondation Michaëlle Jean
membre du conseil d'administration de la Fondation Tolérance
Ancien journaliste à Radio-Canada et collaborateur du Devoir, diplômé en communication de l’Institut d’Études Politiques (Aix-en-Provence, France) et en gestion des arts de HEC Montréal, Sébastien Barangé est curieux de tout ce qui est créatif et invite à penser différemment. Ce blogue est un espace de dialogue autour des liens entre les arts et le monde des affaires.