On l'oublie, mais il est humain de pleurer... Photo: DR
Ces temps-ci, on parle beaucoup de l'importance vitale d'user de notre intelligence émotionnelle (IÉ) au travail . Vous savez, cette capacité que nous avons tous de reconnaître, comprendre et contrôler nos propres émotions ainsi que de composer avec celles des autres; oui, cette capacité que – soyons honnêtes – nous mettons si peu en oeuvre dans notre quotidien au bureau.
Comment se fait-il que l'IÉ soit si rare? Qu'est-ce qui fait que, vous comme moi, nous soyons si gênés lorsqu'une vive émotion nous étreint en plein travail? Que nous cherchons à la faire taire par tous les moyens imaginables, au lieu de la laisser libre de s'exprimer au grand jour?
Oui, pourquoi retenons-nous nos larmes quand elles nous montent aux yeux, à la suite d'une déconvenue ou encore d'un ratage monumental?
C'est que les émotions vives nous inquiètent. Nous nous demandons alors si elles seront considérées par les autres comme une faiblesse. Comme l'aveu de notre incompétence. Comme la preuve indubitable de notre lâcheté face à l'adversité. Que sais-je encore?
Et ce faisant, nous nous trompons lourdement. J'en veux pour preuve le récent sondage mené au Canada par Accountemps, une firme spécialisée dans la dotation en personnel temporaire dans les secteurs de la comptabilité et de la finance. Regardons ça ensemble...
Il se trouve que 42% des employés canadiens reconnaissent avoir déjà pleuré au travail. Oui, vous avez bien lu : 2 employés sur 5 ont versé des larmes au bureau (on s'entend pour dire qu'il ne s'agissait pas, dans le cas présent, de larmes de joie...).
Mieux, les pleurs sont, en général, bien perçus par les patrons. De fait, 48% des cadres estiment que «pleurer n'a aucun effet négatif», que «cela montre tout simplement qu'on est humain». Et 9% des cadres vont jusqu'à dire qu'il est «acceptable de pleurer de temps en temps, mais à condition que cela n'arrive pas trop souvent» (sans quoi, cela risquerait de «nuire aux perspectives de carrière» de la personne concernée).
Pas mal, n'est-ce pas? Au Canada, 3 cadres sur 5 trouvent parfaitement normal d'éprouver de vives émotions au travail, même lorsque cela se traduit par des pleurs à n'en plus finir. À noter que la proportion est la même auprès des collègues : 62% d'entre eux considèrent qu'il est tout à fait correct de verser des larmes au bureau.
Ce n'est pas tout. Le sondage a également permis de découvrir que les employés âgés de 55 ans et plus sont les plus susceptibles de considérer que pleurer aura un impact négatif sur leur réputation, à hauteur de 47%. En revanche, 42% des 35-54 ans sont de la même opinion. Tout comme c'est le cas pour seulement 31% des 18-34 ans. Autrement dit, plus on est jeune, plus on accepte facilement les pleurs au travail, et donc, plus on affiche une IÉ élevée.
Que retenir de tout cela? Ceci, à mon avis :
> Qui ressent le besoin de pleurer au travail doit se laisser gagner par ses vives émotions. Pourquoi? Parce que cela va être vu d'un bon oeil par la majorité de ceux qui l'entourent, collègues comme bosses. À ceci près, toutefois, qu'il convient de ne pas pleurer avec n'importe qui : si jamais vous êtes alors entouré exclusivement de baby-boomers, cela risque fort de créer une gêne généralisée, voire de nuire à votre image professionnelle; mieux vaut, dès lors, vous réfugier dans un coin isolé, voire trouver vite fait un bureau occupé, lui, par des personnes d'autres générations.
En passant, le poète florentin Pétrarque disait : «Pleurer est plus doux qu'on ne le croit».
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