Revenons aux cas qui nous intéressent. À quoi correspond ici l’optimum de Pareto? Pour les deux conquérants, à se regarder dans le blanc des yeux. Au moindre mouvement, d’attaque comme de repli, l’autre répond par une offensive foudroyante et destructive ; c'est la guerre. «La meilleure stratégie est de préserver l’équilibre, le statu-quo», souligne M. Léoni.
Quant au petit couple, là aussi, il lui faut opter pour l'immobilisme, et donc par la seule option réaliste : rester à la maison. Et si possible, en tentant de renforcer la paix, en proposant, par exemple, d'en profiter pour cuisiner ensemble un petit repas, qu'ils prendront en amoureux...
Maintenant, qu’en déduire pour qui se pique de management et de leadership? Que quiconque fait régner la terreur impose aux autres l’immobilisme et le conformisme. Du coup, jamais le groupe en question ne brillera par une performance excepttionnelle, toute initiative risquant de se traduire pour son auteur par une sanglante sanction. Et quand cette situation devient intenable, au clash, à la révolution.
Les exemples récents sont à foison : Ben Ali et les Tunisiens, Moubarak et les Égyptiens, Kadhafi et les Libyens, etc. Mais surtout, ils sont souvent «invisibles», car trop proches de nous pour être bien perçus : réflechissez un moment et demandez-vous si l’équipe dans laquelle vous travaillez (ou une autre composée de collègues de votre entreprise…) ne souffre pas elle-même d’une certaine forme d’immobilisme et de conformisme, et ce, en raison d’un de ses membres qui joue au «petit boss». Je suis sûr et certain que ce petit exercice va vous réserver quelques menues surprises…
L’écologiste français Nicolas Hulot a dit dans Les Chemins de traverse : «Les grandes routes du conformisme mènent à la médiocrité et au malheur»…