Évaluation des start-up techno: une crise qu'on voyait venir

Publié le 29/10/2019 à 11:32

Évaluation des start-up techno: une crise qu'on voyait venir

Publié le 29/10/2019 à 11:32

(Photo: Catherine Charron)

BLOGUE INVITÉ. Ce que j’aime d'écrire chaque semaine sur lesaffaires.com depuis plus de quatre ans est que je peux revenir sur mes anciens textes et voir si j’avais raison ou pas sur plusieurs sujets!

Je ne cherche pas nécessairement à avoir raison, mais plutôt à soulever un questionnement. Certaines de mes chroniques lèvent le voile sur des sujets qui me paraissent problématiques: taxi, salaire minimum, politique, agriculture et mise en valeur des produits locaux sont des thèmes riches pour mes analyses.

Voici une question que je me posais le 24 février 2016: «Toutefois, depuis quelques années, j’ai du mal à comprendre les évaluations financières de certaines start-up technologiques. Comment une entreprise qui n’a que très peu d’actifs, qui ne dégage aucun profit et qui parfois ne génère aucun revenu peut valoir des millions, sinon milliards de dollars! Suis-je le seul à ne pas trouver cela normal?»

J’avais décidé d’écrire sur la bulle spéculative des entreprises technologiques, un autre sujet qui me passionne particulièrement. Quatre ans plus tard, je réalise que ce que je prévoyais comme crise en était à ses premiers balbutiements.

En effet, au fil des dernières années, rares ont été les semaines où je ne me suis pas gratté la tête afin de comprendre les folles évaluations de ce qu’on appelle les licornes, ses jeunes entreprises technos dont l'évaluation dépasse le milliard de dollars américains, comme Uber, WeWork, Airbnb et Bytedance (l’entreprise derrière la nouvelle sensation de l’heure, TikTok).

Malheureusement, ce que je pensais il y a quelques années est en train de se concrétiser. Voici ce que j’écrivais afin de conclure ma chronique de 2016: «La question n’est pas de savoir si la bulle spéculative va exploser, mais plutôt quand. Quand aurons-nous atteint les limites du ridicule?»

Depuis quelques mois, de plus en plus d’investisseurs commencent à poser des questions sur cette folie des milliards. WeWork deviendra l’image de cette nouvelle crise économique. Depuis une décennie, les investisseurs ont préféré la croissance du nombre d'abonnés aux profits, défiant toute logique économique et financière. En quelques mois, la valorisation de WeWork est passée d'une possible entrée en Bourse à une valorisation de 47 milliards de dollars américains (G$US) à un sauvetage financier la valorisant à moins de 10G$US. 

Pourtant, comme le chantent les Cowboys Fringants, «ça ne prenait pas la tête à Papineau» pour réaliser qu’il n’y avait aucune logique pour WeWork de valoir une cinquantaine de milliards de dollars. Mais pourquoi donc investir autant d'argent dans une entreprise dirigée par un mégalomane se promenant en jet privé aux quatres coins de la planète afin de faire la fête et qui avait perdu lors des trois dernières années près de cinq milliards de dollars?

Depuis le fiasco WeWork, les investisseurs sont de plus en plus frileux, voire même pessimistes pour le futur d'autres licornes créées de toutes pièces pour assouvir l’obsession de croissance qui s’était emparée du monde de la finance.

Depuis le début de l’année, plusieurs dizaines de milliards de dollars se sont évaporés en Bourse pour cette même raison. Tristement, c’est vous et moi qui allons payer, une fois de plus, pour cette crise. Car les milliards qui pleuvaient sur ces entreprises viennent de fonds d’investissement ou de banques qui utilisent notre argent afin de spéculer, en espérant frapper le coup de circuit.

Ça me fait bien rire aujourd’hui de lire les commentaires d’investisseurs, banquiers et financiers, et même de certains journalistes économiques, qui disent qu’au fond c’est vrai: il y avait peut-être exagération… Peut-être?

Je déteste être prophète de malheur, cependant, tel que prédit il y a quatre ans, il y a bel et bien une bulle spéculative sur les entreprises technologiques et elle vient tout juste de nous «éclater au visage»!

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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