L'entrepreneur Alexandre Taillefer. (Photo: Les Affaires)
C'est ma sœur Magali qui m'a donné le sujet pour cette chronique. Connaissant mon amour et ma passion autant pour l'univers du monde des affaires que pour celui de la politique, elle m'a demandé ce que je pensais de l'arrivée d'Alexandre Taillefer au Parti libéral du Québec.
Mon premier réflexe a été d'être surpris…à moitié! Pour tout vous dire, c'était écrit dans le ciel qu'Alexandre allait faire le saut en politique, mais je ne m'attendais absolument pas à ce qu'il atterrisse chez les libéraux. Par le passé, ses écrits et paroles semblaient le diriger beaucoup plus vers la mairie de Montréal, la création d'un nouveau parti, au Parti québécois ou même, pourquoi pas, chez Québec solidaire.
Étant politologue de formation et ayant vécu en parallèle la longue vie politique de mon père, je n'ai que du respect pour les hommes et les femmes qui décident de sauter dans une arène aussi sauvage et cruelle.
Romantique de nature, j'ai cependant une vision extrêmement différente de ce qu'est faire de la politique ou être entrepreneur.
Pour moi, se lancer en politique est avant tout une question de convictions et de sacrifices personnels, un don de soi pour le bien de tous. Comme des millions d'entre nous, rien ne me répugne plus que les opportunistes politiques qui changent d'idées ou de croyances aussi rapidement que l'on change de sous-vêtements.
Malheureusement, la politique d'aujourd'hui semble être tristement affecté par cette vague de néo-politiciens qui, pour un siège à l'Assemblée Nationale ou pour un peu de pouvoir, se contredisent avec plaisir.
Attention, il est absolument normal que nos idées puissent évoluer au fil du temps et que même certaines de nos convictions puissent, après mûres réflexions et expériences de vie, changer. Ce que je trouve moins normal est de faire le grand écart politique entre une allégeance et une autre en quelques semaines, voire en quelques jours. Ni pour, ni contre, bien au contraire!
J'ai une grande admiration pour les idées et la créativité d'Alexandre Taillefer. Réinventer le taxi et l'autobus scolaire, repenser le modèle d'affaires des médias, redonner ses lettres de noblesses au Musée d'art contemporain de Montréal, s'impliquer à fond dans la maladie mentale et la solitude chez nos jeunes, et j'en passe. Alexandre est un grand entrepreneur québécois engagé et pour ça, je lui lève mon chapeau.
De grands risques
Néanmoins, son arrivée en politique, tout comme l'arrivée de tout entrepreneur influent, soulève bien des questions. Conflits d'intérêts potentiels, utilisation possible de ses médias pour passer ses messages, lobby envers le gouvernement qu'il supporte… Il s'agit là de signaux inquiétants pour une démocratie en santé.
Depuis le début des temps, affaires et politique sont main dans la main, mais est-ce sain? Voulons-nous vraiment mélanger le pouvoir financier de quelques personnes au pouvoir administratif et législatif de tous?
À mes yeux, les entrepreneurs ont tout pour être de bons politiciens. Il ont des idées, savent prendre des risques, savent convaincre, sont généralement de bon gestionnaires et, surtout, pensent au présent tout en préparant le futur.
Personnellement, je n'ai absolument rien contre l'idée qu'un entrepreneur puisse faire de la politique, cependant, je crois qu'il faille s'assurer plus que tout que les intérêts personnels ne prennent pas la place du bien commun.
Je souhaite donc bonne chance à Alexandre et à tout entrepreneur qui voudrait faire le saut en politique. Toutefois, si je pouvais leur donner un conseil, ce serait de faire extrêmement attention à leurs paroles et actes.
Au moindre faux pas, leur décision pourrait rapidement devenir un véritable cauchemar.