(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. C’est bien connu, avec une population de près de 8 millions de personnes, le Québec manque cruellement de masse critique afin de multiplier les success-stories à l’américaine où avec une simple idée on peut devenir milliardaire en quelques années.
En effet, la qualité de nos entrepreneurs n’a absolument rien à envier à celle de nos voisins du sud, mais le fait que ceux-ci puissent compter sur un bassin potentiel de près de 400 millions de consommateurs fait en sorte que le retour sur investissement n’est pas exactement pareil.
Je ne cesse d’imaginer ce que nos succès d’ici auraient pu faire de l’autre côté de la frontière ! Cora ou St-Hubert auraient-ils des milliers de restaurants au lieu d’une centaine chacun ? Lightspeed aurait-il fait son entrée à Wall Street à une valeur de 10 milliards plutôt qu’à un milliard de dollars à la Bourse de Toronto ? Est-ce que Jean Coutu aurait 4 000 pharmacies au lieu de 420 au moment de son acquisition par Metro ?
Personnellement, j’ai déjà répondu à un journaliste que si je devais retourner dans le passé, j’aurais fondé Pur Vodka aux États-Unis. Non pas que je n’aime pas le Québec. Je rêvais simplement de leur grande masse critique. Savez-vous qu’il y a plus de bouteilles de vodka qui se vend chaque année sur l’île de Manhattan qu’au Canada tout entier, et qu’il se vend dans le pays plus d’un milliard de bouteilles par année comparativement à 30 millions ici ? C’est près de 34 fois plus !
Je soulève souvent le point qu’être ce petit village Gaulois d’Amérique du Nord comporte certes des avantages (géographique, historique, culturel, créatif, socio-économique…), mais comporte aussi le risque de repli sur soi-même.
Pour une grande majorité de PME québécoises, le développement arrête dès que la langue change. Ontario, Provinces Maritimes ou États-Unis, bien que souvent à moins d’heure de route, semble le bout du monde ! Notre déficit commercial est un immense frein à notre croissance. Trop d’importation, pas assez d’exportation, aussi simple que ça.
Sommes-nous nés pour un petit pain ? Devons-nous nous contenter que de peu ? Bien des questions se posent. Certes, une multitude de facteurs influencent négativement la croissance des PME d’ici. Rareté de main-d’œuvre, sous-investissement dans l’automatisation et la robotisation, taxation, manque de programmes de financement à la croissance, et j’en passe.
Mais pour tous ceux qui ne le font pas, certains osent et réussissent. Que font-ils de différent ? Sont-ils meilleurs ? Répondent-ils à une demande précise ? Ont-ils juste plus faim ?
Après tout, chacun mène son entreprise de la manière qu’il le veut. Certains sont satisfaits de seulement pouvoir vivre de leur entreprise, d’autres, risquent tout, tous les jours afin de croître et d’ouvrir de nouveaux marchés. Cependant, la réalité économique dans laquelle on vit fait en sorte que la compétition ne fera que s’accentuer et que ce sera ceux qui ont le plus faim qui survivront.
Le réflexe de vouloir exporter doit, selon moi, devenir beaucoup plus naturel pour les entrepreneurs québécois. Qui dit exportation dit de réfléchir différemment à son entreprise. Comptablement, légalement, stratégiquement, on ne gère pas une entreprise qui a plusieurs marchés comme une entreprise locale.
Bien qu’il n’y ait absolument rien de mal à vouloir rester qu’au Québec, je vois une réelle opportunité pour les entrepreneurs d’ici d’exporter. Bien que le défi soit de taille, nous avons tous besoin collectivement d’entreprises qui fassent rayonner notre savoir-faire aux quatre coins de la planète.