[Photo : Bloomberg]
Dans la foulée du discours de Jean Charest du 23 février dernier, qui a alors annoncé que chaque classe du Québec sera dotée d’un tableau blanc interactif (TBI), plusieurs entreprises se préparent dans l’espoir de profiter de la manne. Cette manne, Argent l’a évalué à environ 160 millions de dollars, quoique que je doute que cette évaluation tienne compte des coûts d’installation et de formation. En effet, les tableaux blancs interactifs ne sont pas faciles à installer… ni à utiliser. Si bien que certains acteurs du monde de l’éducation, dont le directeur général d’une maison d’édition scolaire bien en vue au Québec, voient dans l’iPad 2 une alternative potentielle aux TBI.
Avant d’aborder le potentiel du iPad 2 en éducation, résumons en quoi consiste un tableau blanc interactif. Il s’agit de tableaux conçus de manière à ce qu’ils puissent remplacer les tableaux verts, sur lesquels un enseignant peut écrire à main levée avec un bâtonnet prévu à cet effet. Entre autres avantages, ces tableaux enregistrent ce qu’on y inscrit, ce qui permetet à l’enseignant de revenir en arrière. Les TBI doivent toutefois être branchés à un ordinateur pour fonctionner, permettant ainsi à l’enseignants d’afficher au tableau tout ce qu’il peut voir sur son écran, que ce soit un livre numérique, un logiciel, une page de Wikipédia ou un vidéo sur YouTube. Finalement, le logiciel associé à ces tableaux permet de bâtir des activités pédagogiques interactives sans aucune notion de programmation.
Le iPad 2, quant à lui, n’offre pas les mêmes fonctions que les TBI, mais est sans contredit plus facile d’utilisation que ces derniers. De plus, contrairement à sa première mouture, le iPad 2 est doté d’une sortie HDMI, qui permet de le brancher sur un écran de télévision. Une telle installation aurait également pour avantage de permettre aux enseignants de tenir en main le iPad 2, beaucoup plus mobile que les ordinateurs portables dont le gouvernement du Québec veut doter tous les enseignants pour accompagner les TBI. Jean Bouchard, directeur général du Groupe Modulo, qui publie des manuels scolaires pour tous les niveaux du primaire et du secondaire, parle d’ailleurs du iPad 2 comme d’une alternative aux TBI : «Lorsque nous avons fait installer un tableau blanc dans nos bureaux, relate l’éditeur, cela a été très long avant qu’un technicien vienne faire l’installation, qui n’avait rien de simple. Quant à moi, je pense que ce serait beaucoup plus simple et beaucoup moins coûteux d’installer un écran plat au mur dans lequel on brancherait un iPad 2. J’ai l’impression que ça intéresserait grandement nos clients et que ça changerait la donne.»
L’idée de Jean Bouchard n’a rien de loufoque, puisque même la CSDM aurait l’intention, selon l’édition montréalaise du journal Métro, de mener des expérimentations en prêtant des iPad à des élèves. Outre les fonctions qui font défaut au iPad 2 par rapport aux TBI, c’est le manque d’applications pédagogiques adaptées aux élèves québécois qui est sans doute le contre-argument le plus problématique. De plus, le prix de développement d’une application iPad est immensément plus élevé que celui d’une activité pour l’un ou l’autre des TBI. Sur ce dernier marché, aux moins deux sociétés offrent aux éditeurs de livres d’adapter leurs contenus aux TBI : De Marque, qui exploite la plus importante plateforme de distribution de livres numériques au Québec, et Interscript, le plus important studio de conception graphique spécialisé dans le livre au Québec.