Mark Cuban, qui a fait fortune en vendant Broadcast.com à Yahoo au prix de 5,7 milliards en 1999, a investi dans la start-up montréalaise Sportlogiq. [Photo : Bloomberg]
Sportlogiq, une start-up issue de l’incubateur TandemLaunch qui veut faire entrer le hockey à l’ère de Moneyball, vient de boucler une ronde d’amorçage de 1,7 million de dollars. Le financement provient notamment de l’ange montréalais Tim Tokarsky, qui a dirigé la ronde, et de Mark Cuban, un milliardaire de l’ère des .com qui doit sa popularité à l’émission Shark Tank (la version américaine de Dans l'oeil du dragon) et à son statut de propriétaire d’une équipe de la NBA.
« Je suis un athlète olympique [un patineur artistique] qui a pris sa retraite en 2010 et qui a fait son MBA à McGill; c’est là que j’ai commencé à étudier les technologies qui pourraient être utiles dans le sport », explique Craig Buntin, pdg de Sportlogiq. C’est alors qu’il a eu la révélation que les caméras qui captent déjà les événements sportifs pourraient servir à obtenir des statistiques beaucoup plus poussées sur les athlètes.
Fondée en 2014, Sportlogiq a développé une technologie de traitement de l’image permettant d’identifier les gestes posés par les athlètes qui a d’abord été appliquée au patin artistique. Néanmoins, la start-up a vite changé de cible, pour rediriger ses efforts vers un sport beaucoup plus populaire : le hockey. « On commence avec le hockey, mais ultimement, c’est une technologie qui pourrait avoir des applications dans à peu près tous les sports », lance Craig Buntin.
Concrètement, la technologie permet de mesurer un grand nombre de gestes posés par les joueurs de hockey qui ne le sont pas systèmatiquement, comme le nombre de passes ou de lancers frappés. Ces informations devraient permettre aux équipes de hockey d’être mieux outillées dans leurs efforts de recrutement et aux chaînes télé sportives d’offrir une plus grande variété de statistiques en temps réel.
Sportlogiq se démarque en misant sur l’imagerie, mais son produit s’inscrit dans une tendance lourde dans l’industrie du sport : celle de l’importance grandissante de l’analyse de données. Il semble d’ailleurs qu’il se soit formé une grappe autour de cette tendance à Montréal. Notamment, Hexoskin et OMsignal proposent des vêtements équipés de capteurs biométriques, Heddoko propose des vêtements équipés de capteurs de mouvements et Hykso, une start-up que j’ai découverte hier soir au Demo Day du chapitre montréalais de Founder Institute, propose pour sa part des capteurs conçus pour mesurer les coups de poing des boxeurs.
Craig Buntin croit que l’industrie du sport adoptera plusieurs de ces technologies, mais qu’elles seront combinées avec une technologie d’imagerie. Toujours selon lui, les données ainsi recueillies devraient permettre de mieux gérer les équipes sportives, de mieux entrainer les athlètes et d’arbitrer les matchs avec plus de précision. « Je fais le pari que la vidéo fera toujours partie du cocktail de technologies analytiques utilisées dans le sport », lance Craig Buntin.