Vous connaissez certainement le big data. Peut-être un peu moins l'open data (les données ouvertes). Il s'agit de cette grande tendance qui vise à rendre publiques des données jusque-là privées. Les gouvernements partout dans le monde surfent de plus en plus sur cette vague. Ils offrent ainsi aux citoyens et aux entreprises un accès à de nombreux renseignements. Ça rend service. Et ça fait bien. La transparence est à la mode.
Le geste est noble. Loin de moi l'idée de m'opposer à une telle ouverture. Un bémol toutefois : l'information accessible est utile si elle est bien organisée et qu'il n'y a pas d'erreurs à la source. «Il faut de la rigueur à la saisie et lors du traitement de l'information», résume Josée Plamondon, consultante indépendante en technologies numériques. Josée est bibliothécaire de formation. De fil en aiguille, elle est devenue experte en gestion de contenu numérique. Son constat est simple et se résume en deux points : il faut des normes, plaide-t-elle, pour pouvoir comparer et analyser. Il faut aussi des spécialistes de la gestion de l'information pour bien organiser les données. Actuellement, la gestion des bases de données est la chasse gardée des informaticiens, affirme-t-elle.
Pourquoi un tel sujet ? Cette semaine, nous avons utilisé des données ouvertes de nos gouvernements pour repérer sur une carte les terrains contaminés par des polluants dangereux au Québec. Objectif : tenter de mesurer le legs toxique de 160 ans d'industrialisation. Un travail de deux semaines, pensions-nous naïvement. Erreur. Il a fallu faire de multiples vérifications, combiner plusieurs bases de données pour obtenir un portrait quasi complet. La recherche de notre journaliste Hugo Joncas s'est finalement étirée sur six mois.
Conclusion : la transparence, c'est bien, mais encore faut-il que les données divulguées soient justes, à jour et compréhensibles. Sinon, ça ne sert à rien, juste à surfer sur une tendance.
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
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