Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke. [Photo : Bloomberg]
BLOGUE. La Réserve fédérale américaine prolongera jusqu'à la fin de l'année son opération Twist. L'institution entrouvre la porte à plus d'action si nécessaire. Souhaitons qu'elle s'en garde.
L'opération Twist devait normalement s'arrêter à la fin du mois. La Fed continuera plutôt à vendre pour 267 G$ US d'obligations à court terme (moins de trois ans) et de racheter avec ce produit des obligations à long terme (plus de six ans). À ce moment, elle n'aura plus d'obligations court terme sous la main.
L'exercice vise à maintenir bas les taux d'intérêt à long terme afin de stimuler l'investissement et tenter de redonner plus de vigueur à une économie qui a de la misère à reprendre son allant.
Un certain nombre d'économistes auraient aimé voir la Fed intervenir avec plus de vigueur et imprimer de l'argent pour encore davantage stimuler l'économie.
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La chose n'est pas écartée, comme en fait montre le communiqué de presse de l'organisation qui indique qu'elle est prête à prendre des actions supplémentaires pour épauler une reprise plus forte.
C'est dommage. En conférence de presse, Ben Bernanke n'a pas caché que la politique monétaire n'était pas une panacée. Il a en outre estimé qu'elle ne pouvait à elle seule solutionner les problèmes économiques.
Tant qu'à s'avancer sur ce terrain, il aurait plutôt été souhaitable que la Fed énonce que ses interventions dans l'économie américaine arrivaient à la limite de sa volonté d'accompagnement et que le dernier chapitre de l'opération Twist marquerait vraisemblablement la dernière de ses interventions proactives.
Les cours boursiers auraient peut-être reculé pour un temps, mais on aurait enfin mis la table pour une véritable reprise.
La difficulté actuelle de l'économie américaine vient du fait que les entreprises hésitent à aller de l'avant avec certains projets sachant fort bien que l'économie est sous l'emprise de trop de stimulus (interventions de la Fed, déficit du gouvernement US à 10% du PIB). Dans les reprises précédentes, le secteur privé américain avait à ce stade-ci récupéré tous les emplois perdus lors d'une récession. Or, il n'en a jusqu'à maintenant récupéré que la moitié, illustre notamment CIBC Marchés mondiaux.
Ajouter de nouveaux stimulus ne fera que compliquer les choses et accentuer le cercle vicieux du "je-n'investis-pas-parce-que-cette-économie-tourne-trop-artificiellement".
De passage à Montréal, l'ancien président de la Fed, Alan Greenspan, estimait lui aussi la semaine dernière que s'il est une chose qui pourrait aider l'économie américaine, c'était de "faire moins".
Monsieur Greenspan a commis quelques erreurs dans le passé, et n'est pas sans contribution aux difficultés économiques actuelles. Il a notamment trop fortement baissé les taux d'intérêt.
C'est justement ce qui fait que l'on devrait davantage prêter oreille lorsqu'il parle d'excès.