BLOGUE. Rona devrait-elle se retirer complètement du Canada anglais et se retrancher uniquement au Québec? Ou ne devrait-elle pas y poursuivre son offensive pour tenter d'étouffer Lowe's?
C'est un intéressant entretien que rapporte La Presse de lundi avec l'ancien chef de direction de Rona, Robert Dutton.
L'entrevue permet de voir que monsieur Dutton et l'ancien conseil ont tenté une privatisation de Rona. Investissement Québec avait commencé à accumuler une position, et Louis Vachon, de la Banque Nationale, pensait à un certain moment réitérer le coup de Maple avec la Bourse de Toronto. Desjardins aurait aussi été appelé, de même que Fiera Capital. Tout a cependant avorté.
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L'idée d'une privatisation n'était pas en soi mauvaise. Il est en effet beaucoup plus facile de restructurer une entreprise lorsqu'elle est privée que lorsqu'elle est publique. Une société publique doit rapporter trimestriellement, et de mauvais résultats successifs envoient au consommateur le signal qu'elle n'est plus dans le coup. Le message vient souvent amplifier une situation difficile. Parlez-en à Blackberry. C'est d'ailleurs une bonne chose que le Cirque du Soleil soit du domaine privé. Les effets de résultats faibles seraient encore pires pour cette entreprise que pour un quincaillier.
Encore faut-il cependant, si l'on souhaite privatiser, que l'on ait un plan de match pour relancer l'entreprise une fois cette privatisation effectuée. Et un plan de match pour du rendement à court terme.
Le véritable problème avec le projet de privatisation de monsieur Dutton se trouvait sans doute là. L'offre de Lowe's était à 14,50$. Avant l'offre, le titre de Rona se négociait dans les 10$. Il aurait fallu que Québec inc. surenchérisse sur cette offre pour espérer l'emporter. Et il est fort probable que Lowe's, avantagée par des synergies de pouvoir d'achat et de coûts, serait revenue à la charge. Bref, les enchères auraient grimpé et Québec inc. se serait retrouvé avec une entreprise payée à haut prix qui n'aurait pas eu la rentabilité nécessaire pour soutenir longuement sa valeur. Dit autrement, le risque de perte sur l'investissement sur un horizon moyen terme devenait assez élevé.
Ce qui nous fait dire que Rona n'avait pas de plan de match permettant de générer du rendement à court terme?
La suite des choses, qui permet de voir que Rona étudie actuellement la rentabilité de toutes ses unités sans savoir exactement ce que donnera l'exercice. Et la confidence de monsieur Dutton, qui dit redouter que Rona ne vende les magasins de l'Ouest canadien pour ne conserver que les activités québécoises. « C'est dommage, on s'est imposés comme le principal acteur de la rénovation au pays et on va sacrifier ça au lieu d'être patients et continuer de bâtir », croit-il.
Pour s'avancer ainsi, c'est probablement que monsieur Dutton avait déjà réfléchi à l'après-privatisation. Et en arrivait à la conclusion que l'avenue la plus rapide pour redresser la valeur de Rona serait de fermer ou vendre tout ce qui ajoutait des pertes à l'entreprise. Ce à quoi il se refusait.
Rester ou se retirer?