Avant de conclure à l'impossibilité du succès de La Presse +, d'autres facteurs doivent cependant aussi être pris en compte.
D'abord, le journal papier La Presse publie toujours. Or, sa cessation, ou un retrait marqué de son offre (ce qui ne devrait pas survenir avant au moins un an, selon ce qu'on rapporte), devrait à un moment pousser plus de monde vers La Presse +. On notera également que, selon les dernières données du CEFRIO, la pénétration de la tablette dans les foyers québécois n'est encore qu'à 44,7%. À moyen et long terme, ces phénomènes aideront à augmenter non seulement le nombre de lecteurs, mais les tarifs publicitaires.
Autre élément important de la discussion. Le succès de la réponse du public a permis à monsieur Crevier de rendre visite à quelques éditeurs de journaux ces derniers mois. Il est connu qu'il cherche à vendre le concept au Toronto Star, de manière à permettre aux annonceurs nationaux d'amortir le coût de production de leur publicité (il faut construire les écrans) sur au moins une seconde plate-forme.
Or, il ne semble pas y avoir qu'au Star qu'il y ait de l'intérêt, puisque l'éditeur parle maintenant de la possibilité de créer une unité de commercialisation de la technologie et des façons de faire. Voilà des revenus supplémentaires qui pourraient s'ajouter au plan d'affaires.
Il y a enfin des économies de 90 M$ (a-t-il dit à l'époque), qui devraient être réalisées par l'arrêt de l'impression du journal papier et de sa distribution.
On peut présumer que les volumes de publicité locale baisseront significativement, les annonceurs locaux n'ayant pas les moyens de se payer la fabrication des écrans, mais ce 90 M$ est quand même tout un chiffre, qui est probablement d'ailleurs à la source même du projet.
Verdict?
Personnellement on croit au succès financier à long terme de La Presse +. La seule interrogation que l'on a est en fait celle-ci: avec quel effectif ce succès pour La Presse et l'ensemble des journaux de la grande famille Gesca?
Au dernier trimestre, BMO Marchés des capitaux évaluait à 15 M$ la perte générée par Square Victoria, la filiale des activités journaux et numériques de Power Corp. C'est beaucoup d'argent perdu pour trois mois et il est douteux que ça se résorbe demain matin. Si les hausses de tarifs ne passent pas, la pression pourrait encore augmenter pour diminuer les coûts.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT