À titre d'exemple, un Airbus Neo320 coûtera 6 M$ de plus que son prédécesseur, autour de 76 M$ US, selon Financière Banque Nationale. Le plus gros appareil de la CSeries, lui, est listé à un prix de 60 M$ US. Juste sur le prix d'acquisition, une partie des économies envisagées vient de fondre.
L'avantage risque et échelle d'Airbus et Boeing
L'inconvénient de l'avantage "coûts" de Bombardier est qu'il n'est pour l'instant que sur papier.
Plus l'on donne dans l'innovation, plus le risque d'exécution augmente. Si vous construisez un nouvel avion, votre potentiel est plus grand, mais votre risque de dérapage ou de ne pas atteindre ce potentiel, est aussi plus grand que si vous ne faîtes qu'apporter des modifications à un prédécesseur.
Dans un contexte où les bilans de plusieurs transporteurs sont encore lourdement chargés de dettes, on peut comprendre qu'un certain nombre de directions préféreront sans doute adhérer à l'adage "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" lorsque viendra le temps de renouveler une partie de leur flotte aérienne dans les prochains mois.
S'ajoute aussi un argument pour ces directions. Tant qu'à avoir des appareils Airbus ou Boeing dans les autres catégories plus gros porteurs, ne vaut-il pas mieux s'outiller d'avions de la même gamme? Une question d'échelle en matière de pièces et d'expertise mécano.
En fait, quelques analystes européens semblent croire que plusieurs transporteurs préfèreront jouer de prudence.
Cette ambivalence ne devrait cependant pas s'étendre à l'ensemble du marché. Valeurs mobilières Stonecap calcule en effet que des 6500 appareils 100-149 sièges qui doivent être livrés dans les prochains 20 ans, 44% sont destinés à des marchés émergents comme la Chine, l'Afrique et le Moyen Orient, où ni Airbus, ni Boeing, ne sont bien implantées.
L'un dans l'autre?
Avantage Bombardier. Le défi pour la compagnie est cependant de prouver qu'elle peut atteindre les économies projetées au prix projeté. Et de livrer sans délai ses premiers avions CSeries.
L'entrée en service de la famille d'appareils est prévue pour 2013, alors que la version améliorée du Airbus A319 n'arrivera qu'en 2016. Ce sont ces trois années qui devraient permettre de faire la démonstration terrain de la supériorité de la CSeries et être propices à la construction d'un intéressant carnet de commandes.