Les étudiants sont dans la rue aujourd’hui pour protester contre l’augmentation des frais de scolarité et réclamer un gel. Les organismes patronaux font alliance en demandant au gouvernement de rester ferme sur sa décision. Les deux clans exagèrent.
Les étudiants n’ont pas aidé leur cause dans ce débat en continuant de réclamer un gel des frais de scolarité. Décréter un gel, c’est en fait décréter une baisse de ceux-ci compte tenu du jeu de l’inflation. Les finances publiques de l’État ne peuvent à l’évidence pas se le permettre. Les étudiants auraient vraisemblablement fait de meilleurs gains en s’amenant avec une approche plus constructive.
NOUVEAU: SUIVRE SUR TWITTER: @F_POULIOT
D’un autre côté, le discours de certaines associations patronales a de quoi surprendre. La Fédération canadienne des entreprises indépendantes invite les étudiants à accepter cette « légère augmentation dont les retombées seront bénéfiques pour eux ». Si la FCEI souhaitait vraiment avoir l’oreille des étudiants et convaincre, elle aurait mieux fait d’éliminer le qualificatif « légère ».
Les frais augmenteront de 1625$ sur cinq ans, pour passer à 3800$ en 2017. Ils seront encore 30% sous la moyenne nationale, mais il ne s’agit pas d’une augmentation « légère ». Particulièrement pour ceux qui amorceront leurs études à ce moment. À terme, ce sera plus de 6000$ d’endettement supplémentaire pour un programme de quatre ans.
On se souvient encore de l’époque où l’on comptait les biscuits pour être sûr de boucler notre budget étudiant. C’était à la première année du dégel, au début des années 1990, et à la veille d’une récession que l’on sentait bien venir et qui n’était pas rassurante sur les capacités de remboursement. L’endettement fera peur à un certain nombre et risque de nuire au niveau de compétence universitaire du Québec, à l’heure où l’on se dirige vers une pénurie de main-d’œuvre en certains secteurs.
Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas réinvestir dans le financement universitaire. Une analyse du dernier budget du Québec donne cependant à penser que quelque chose cloche dans le fonctionnement de notre réseau d’universités. Et fait se demander si une partie de l’argent nécessaire ne devrait pas y être puisé à la suite d’une réorganisation (l’autre partie proviendrait des étudiants).
Les documents budgétaires permettent de constater que, toutes sources de financement confondues, les dépenses globales des universités du Québec ont représenté 1,94% du PIB de la province ou 29 242$ par étudiant. Ailleurs au Canada, la moyenne est à 1,58% ou 28 735$ par étudiant.
Si on est à ce point sous-financé, comment se fait-il que l’on dépense déjà plus que les autres?