LA MISSION D'UNE COMMISSION EST MAL COMPRISE
Il est courant d'entendre dans notre entourage qu'une commission permettrait de faire le ménage et d'envoyer les filous en prison. Rien n'est moins sûr.
On peut instaurer chacune des trois commissions, mais les acteurs qui seront cités devant celles-ci seront ceux qui sont déjà sous enquête (on ne peut assigner ce qui est inconnu…). Peut-être par effet de réverbération dans les témoignages parviendrait-on à coincer quelques autres truands. Mais ce n'est pas la mission des commissions d'enquête. Autrement, on en tiendrait sur le trafic de drogue, la contrebande, et toutes les infractions de nature organisée prévues au code criminel et aux lois pénales.
Le but d'une commission d'enquête n'est pas d'attraper tout le monde, mais plutôt de faire la lumière sur une situation et de recommander des mesures qui éviteront qu'elle se poursuive ou se répète.
Or, le rapport Duchesneau fait déjà une bonne partie du travail dans ses recommandations. Et ce rapport n'est que le premier d'autres à venir.
Lorsque des individus sont rencontrés sous l'anonymat, il y a plus de chances de voir les langues se délier et les systèmes être mieux compris et enrayés. Les enquêtes policières peuvent en outre cheminer sans que les suspects en soient informés et ne se mettent à l'abri. Le ministre Moreau n'a pas tort lorsqu'il dit que la fuite du rapport nuira aux enquêtes. On aurait pu le faire couler plus tard si ses recommandations n'avaient pas été suivies.
Il y a moyen d'attaquer le monstre à moindre coût et de façon plus efficace en laissant l'unité anticollusion poursuivre son travail sans interférence. C'est moins spectaculaire qu'une commission, mais socialement plus… constructif.