Évidemment, il ne s'agit pas de dire que l'on s'en va vers un Armageddon de la culture québécoise et que tout est mauvais. Il s'agit néanmoins de constater que l'on semble être en train de concentrer l'industrie culturelle dans peu de mains, avec des effets futurs qui, à la lumière de ce qui s'est passé dans l'information, donnent davantage l'impression d'un recul que d'un progrès.
La prime aux actions Greenberg
Un mot aussi sur cette prime de 9,7% accordée aux actions multivotantes de la famille Greenberg par rapport aux actions des autres actionnaires. Un mot qui n'est pas sans lien avec ce qui précède, restez jusqu'à la fin.
En conférence de presse, Ian Greenberg a expliqué que les actions s'étaient historiquement négociées à prime sur les actions ordinaires et qu'il considérait honnête de maintenir cette prime. Il a notamment cité en exemple l'acquisition de CHUM il y a quelques années. Il aurait aussi pu citer Canam et Magna.
En contre-exemple, on citera l'ex-dirigeant de Laboratoires Aeterna, Eric Dupont, qui, il y a quelques années, avait décidé de convertir ses multivotantes en actions ordinaires, sans prime. Idem pour les frères Chamandy, fondateurs de Gildan.
Le principe en droit des compagnies est le suivant: "une action, un vote". Il fut une époque, révolue aujourd'hui, où les actionnaires acceptaient de déroger au principe et de laisser à des entrepreneurs le contrôle de leur entreprise. C'est à cette époque que naquirent les multivotantes. Voilà aujourd'hui qu'en demandant plus de valeur pour son bloc d'actions, la famille Greenberg ajoute au privilège qui lui avait été consenti. Ce n'était pas le deal initial et ce 13 M$ de plus aurait dû être réparti entre tous.
Que disait-on plus haut déjà? Il faut faire attention de juger une transaction selon les façons de faire d'aujourd'hui car elles pourraient bien être différentes demain…