Les obligations américaines à long terme se sont appréciées de 9,6 % depuis le début de l'année
Suspect numéro un : les caisses de retraite
Plusieurs économistes et stratèges ont été pris de court par la tournure des événements et cherchent une explication à ce mystère.
Celle qui revient le plus souvent est le fait que les caisses de retraite, les véritables poids lourds dans les marchés, rééquilibrent leurs portefeuilles, après les gains boursiers des dernières années et en particulier celui de 2013.
Les régimes de retraite encaissent des gains dans les actions et achètent des obligations à long terme pour retrouver leur répartition-cible.
« La hausse des actions les éloigne de leur cible. Les caisses veulent apparier l’échéance de leurs actifs avec celle de leurs engagements financiers envers leurs prestataires », explique Benoit Durocher, vice-président, directeur et chef de la stratégie économique chez Addenda Capital, en entrevue.
Aux États-Unis, les gains boursiers et la hausse des taux de 2013 ont fait en sorte d’éliminer les déficits actuariels de plusieurs caisses. Elles profitent donc de ce renflouement pour rééquilibrer « massivement » leur répartition d’actif afin d’allonger l’échéance de leurs actifs, indique aussi Kevin Ferry, fondateur de Cronus Futures.
Avec leurs 16 000 milliards de dollars américains d’actifs, les caisses ont beaucoup d’influence sur les marchés.
« Une fois que son déficit actuariel est éliminé, la caisse de retraite ne veut plus prendre le risque de revivre quelque chose comme 2008. Donc, elle achète des obligations de la même échéance que son passif actuariel, soit les prestations futures des employés. On appelle cela l'immunisation. On abandonne l'idée de générer des surplus pour ne plus jamais courir le risque de connaître des déficits comme ceux de l’après-crise de 2008 », explique Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity, en entrevue.
Paradoxalement, plus la Bourse ramènera les caisses en surplus, plus elles vont acheter des obligations pour s’immuniser, ajoute-t-il.
« La Fed l’a compris. Puisque les caisses achètent, la Fed peut se permettre de réduire ses propres rachats d’obligations, sans trop craindre de montée des taux ».
L'optimisme baisse d'un cran