BLOGUE. Après deux trimestres consécutifs de résultats décevants, la pression monte sur SNC-Lavalin et son nouveau président Robert Card pour que son plan de relance passe des mots aux actes.
Un carnet de commandes en baisse de 10 % sur un an, de nouvelles provisions inattendues de 117 millions pour des pénalités liées à contrats en Lybie et en Algérie et une hausse notable de 11 à 12 % des frais généraux et d’administration testent la patience des investisseurs prêts à miser sur le redressement de la société.
Seule la vente prochaine de concessions d’infrastructures – des pourparlers sont en cours – préserve la valeur de SNC-Lavalin en Bourse et nourrit l’intérêt des financiers pour le groupe de génie-conseil déchu.
Déjà, ses liquidités de 800 M$ de dollars sont 400 M$ inférieures à ce qu’elles étaient au 31 décembre. Or, SNC-Lavalin aura d’importants besoins en fonds de roulement pour mener à terme sa restructuration. Il aura aussi besoin capitaux pour devenir l'acteur mondial de premier rang (Tier 1) dans les domaines des ressources et de l’environnement, une nouvelle division confiée au Britannique Neil Bruce, à Londres.
« Plus les résultats de l’ingénierie-construction se détériorent, plus la pression monte pour que la société cède des concessions. C’est une réalité purement mathématique : l’action de SNC se négocie à un multiple de huit fois ses bénéfices de 2014, alors que les transactions d’infrastructures tournent autour de huit fois leur bénéfice d’exploitation », écrit Maxim Sytchev, de Marchés des capitaux Dundee.
Surtout que, ajoute l’analyste, SNC-Lavalin ne peut supporter seule les dépenses en capital d’un milliard de dollars prévues pour le réseau de transport d’électricité AltaLink dont elle est propriétaire, au cours des trois prochaines années.
M. Sytchev s’attend donc à ce que SNC-Lavalin trouve un acheteur ou un partenaire stratégique ou passif pour AltaLink.
« À un cours de moins de 45 $, le risque à la baisse reste limité », évalue M. Sytchev.
Et c’est sans oublier le recours collectif d’un milliard de dollars qui pèse sur l'entreprise et qui lui est intertit de soumissionner sur des projets d’Hydro-Québec et ceux de la Banque mondiale en raison des multiples allégations de corruption.
M. Card a beau multiplier les décisions, il ne sera pas facile de rebâtir la société et sa réputation, d’en améliorer le contrôle des coûts et d’en faire un acteur de premier rang, à un moment où deux industries-clientes, les mines et l’énergie, tournent au ralenti.
L’action de SNC-Lavalin a perdu 13 % depuis le sommet annuel de 49,85 $ atteint en février.