Nietzsche, récession, blâme et douleur

Publié le 23/11/2009 à 23:26

Nietzsche, récession, blâme et douleur

Publié le 23/11/2009 à 23:26

Par Paul Dontigny Jr

Blogue.

En mai, 53% des américains blâmaient les républicains pour avoir causé la récession.

Maintenant, seulement 38% les blâment. 

Allez savoir ...

Je l'ai dit et je le répète: la nature humaine est telle que nous préférons oublier plutôt qu'apprendre de nos erreurs ayant créé de la douleur ... à moins que la douleur n'ait été absolument horrible. 

Seulement dans ce dernier cas, d’après le philosophe allemand Nietzsche (1880 environ), l’humain choisi-t-il l’évitement de la douleur.  C’est la raison pour laquelle l’humain a eu de la difficulté à faire la transition encore incomplète du monde anarchique où les pulsions et la force brute dominaient, vers une société organisée où la raison et la justice dominent. 

La conséquence de ce trait de la nature humaine a été que, pour combattre l'oubli, nos leaders, ces dirigeants de l’état, des institutions ou des religions ont dû infliger les pires horreurs à leurs populations d’une manière constante et répétée.  C'est-à-dire,  afin que la douleur soit assez puissante pour remplacer l'oubli, et que l'on apprenne, et que l’on se conforme à la société, bénéficiant ainsi de sa protection contre la violence, supportant ainsi la répression de l’anarchie.  En plus de l’oubli, l’autre condition nécessaire à l’assurance de cette protection est le respect des règles, la conformité à la culture, au consensus.  La société nous protège tant que nous suivons ses règles. 

La raison et la justice peuvent parfois renforser l'oubli des douleurs passées, et amener le peuple à questionner le bien fondé de l'ordre tel qu'établi par les leaders protexteurs des cytoyens.  La douleur doit donc vaincre et reconquérir l'oubli.

La transition vers ce monde moderne, ce nouveau monde de liberté et de sécurité, n’est évidemment pas complète à ce jour.  Wall Street est dominée certes par ceux qui n’ont pas tout à fait muté … ceux qui voient le monde à son état primitif, où la loi de la jungle et la survie du plus fort règnent.  Ils se présentent, avec leurs alliés, ces « insiders », CEO's, financiers divers, militaires et politiciens, comme nos leaders et offrent comme récompense à la conformité, au souvenir de la douleur, l’évitement de cette douleur, l'évitement  des désastres économiques (Bush, Paulson, Bernanke, Geithner,  etc.).

Le bon peuple s’empresse de croire et de se conformer en toute urgence.  D’emprunter et de dépenser pour se sauver nous-mêmes contre le fléau de la surconsommation financée par une dette excessive.  Qu’importent les contradictions, qu’importent les véritables statistiques économiques et ignorons le fait connu que les insiders ont vendu avant plusieurs sommets et vendent massivement cette année encore … nos leaders nous somment avec empressement, de supporter les prochains plans d’aide, d’emprunts, d’impression de monnaie pour supporter temporairement une économie qui se remettra ensuite debout de sa propre force, malgré le non remplacement des emplois perdus … malgré l’endettement record de tous les temps modernes qu'il sera à nous de rembourser, et qui a servi à augmenter la richesse et le pouvoir des banquiers, ces fiduciaires de l'oubli et de la douleur.

Si nous ne nos conformons pas, à l’oubli sera substitué une nouvelle douleur effroyable nous promet-on, et tout délai de notre part à se conformer pourrait nous être fatal, par la destruction de notre système et par l’élimination de la capacité de nos leaders à nous protéger des pires douleurs de l’humanité : la pauvreté et l'anarchie. 

Alors empruntez SVP, dépensez et spéculez … croyez ... car votre pays a besoin de vous.

Les investisseurs en actions ont connu la douleur en 1998, de 2000 à 2002, encore de 2007 à 2009 ... et pourtant l'oubli a triomphé chaque fois.  Semble-t-il que la douleur n'ait pas été assez horrible pour que ceux-ci comprennent qui est le véritable maître des marchés ...  et ce n'est pas Goldman Sacks.  C'est ce doux mélange, dans le plus profond de votre nature, d'avidité et de peur qui vous ronge et qui supporte l'oubli des douleurs passées, porteuses de leçons pourtant essentielles.  Monsieur Marché vous le fera comprendre et la douleur sera alors ultimement inoubliable pour ceux qui se seront conformés au consensus, à l'oubli.

Paul Dontigny Jr, M.Sc., CFA

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