Le contexte financier dans lequel nous évoluons actuellement, où l’accessibilité au crédit afin de soutenir la surconsommation est devenue la norme et l’achat à paiements la façon de satisfaire les innombrables « besoins » véhiculés par les médias de masse, favorise ainsi l’augmentation de la précarité des revenus locatifs de la clientèle appartenant à la classe moyenne. En effet, les plus démunis emménagent en résidence subventionnée et les plus aisés, qui pourraient payer un loyer rubis sur l’ongle, deviennent propriétaires ou, conscients de leur qualité rare, des locataires très exigeants!
Il est effarant de constater que fréquemment, les gens ne connaissent pas le coût réel d’un bien mais uniquement le montant du versement hebdomadaire ou mensuel dont ils doivent s’acquitter. Au final, il est de plus en plus commun de budgéter en fonction des multiples paiements à rencontrer plutôt que d’économiser.
Généralement, un locataire qui éprouve des difficultés à payer son loyer à temps et en totalité a souvent aussi des arriérages de paiements un peu partout. Malheureusement, lorsque les ressources financières deviennent insuffisantes, le paiement du loyer est rarement une priorité. Une voiture est saisissable et le cellulaire peut facilement subir une interruption de service. Évincer un locataire représente toutefois une démarche ardue, couteuse et qui exige plusieurs mois dans le meilleur des mondes, ainsi que de nouvelles dépenses en frais de rénovation et de relocation, sans compter les mois de loyers perdus.
Le prochain défi que rencontreront les propriétaires d’immeubles à revenus ne sera pas de faire face à un taux d’inoccupation élevé comme au début des années 1990. Ce sera plutôt de gérer au mieux la précarité des revenus que leur(s) immeuble(s) promettaient de générer.
Martin Provencher
