Yellow Media : l'après-Tellier

Publié le 11/05/2013 à 00:00, mis à jour le 13/05/2013 à 09:41

Yellow Media : l'après-Tellier

Publié le 11/05/2013 à 00:00, mis à jour le 13/05/2013 à 09:41

Au moment où Yellow Media poursuit sa recherche d'un nouveau président, les analystes financiers s'apprêtent à reprendre la couverture de l'entreprise montréalaise. À quoi ressemblera l'après-Marc Tellier ? Surtout, le titre a-t-il désormais du potentiel ?

La maison Canaccord Genuity a récemment repris le suivi de l'action, et d'autres devraient bientôt suivre. Les firmes engagées dans la recapitalisation de l'entreprise sortent en effet de la période de restriction pendant laquelle elles ne pouvaient commenter.

Canaccord arrive avec une recommandation d'achat. Enfin un baume sur les plaies de Marc Tellier, qui doit partir au mois d'août.

Depuis quelques années, M. Tellier allait de mauvaise nouvelle en mauvaise nouvelle. Il devait partir pour que l'entreprise puisse restaurer sa crédibilité.

Cela dit, côté vision, il pourrait avoir fait un bon travail. Sa stratégie, baptisée Solution 360, semble en effet commencer à rapporter.

Le plan vise à faire transiter les activités de Yellow Media du papier vers Internet. Il s'agit, notamment pour ses représentants, d'offrir aux PME non seulement du placement dans ses annuaires, mais aussi sur ses sites Web (Canada 411, pagesjaunes.ca, etc.) de même que sur ceux pour lesquels elle a des partenariats (Yahoo, par exemple).

Il s'agit aussi de proposer des services de construction de sites Web et d'optimisation pour que les moteurs de recherche positionnent plus favorablement les entreprises et leur message.

Le pari est que, dans un monde où il y a une multiplicité d'offres publicitaires sur Internet, les PME recherchent un guichet unique. Et Yellow Media croit que son guichet est l'un des plus attrayants du Canada.

En 2011, la pénétration de Solution 360 (définie comme étant le pourcentage de clients qui souscrit à trois services ou plus) était de 5,5 %. Elle est aujourd'hui de 16,5 %. Autre indication que le modèle semble fonctionner : il y a un an, le numérique représentait 26 % des revenus totaux ; il pèse aujourd'hui 38 % (il y a évidemment aussi un peu de fonte des revenus d'annuaires dans l'équation).

L'avenir

Avec une dette réduite de moitié - ce qui donne plus de souplesse -, tous les espoirs semblent maintenant permis.

La preuve reste cependant à faire. Être capable de parcourir un premier kilomètre de course avec succès ne garantit pas que l'on terminera le marathon.

Même si plusieurs PME sont à la recherche d'un guichet unique, on a de la difficulté à évaluer la force de l'attrait des plateformes Internet de Yellow Media. On a souvent recours à ses services pour trouver un numéro de téléphone, mais le réflexe, si on cherche un restaurant, un garage ou un plombier, est plutôt de passer par Google.

À ce doute s'ajoute la certitude que les revenus d'annuaires continueront à fondre comme neige au soleil au cours des prochaines années.

Autrement dit, malgré tous les progrès, la rentabilité pourrait bien continuer à péricliter pendant encore longtemps. L'analyste de Canaccord, Aravinda Galappatthige, estime d'ailleurs que les revenus annuaires pourraient chuter jusqu'à 25 % par an au cours des prochaines années. Il voit pendant ce temps les revenus numériques croître tantôt dans la basse fourchette à deux chiffres, tantôt dans la haute fourchette à un chiffre.

Craintes confirmées ; oublions le titre ?

Pas nécessairement. La difficulté est que le marché n'accorde actuellement que très peu de valeur à la société montréalaise. À titre d'exemple, en incluant la dette, l'action ne se négocie qu'à 2 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 2013 et 2,2 fois celui de 2014. Les sociétés comparables (TC Transcontinental, Torstar, etc.) sont d'environ 3,5 fois le BAIIA.

M. Galappatthige utilise une méthode d'escompte sur le bénéfice en 2015 et obtient une cible de 13,70 $ pour le titre.

On préfère une autre approche, qui consiste à utiliser le BAIIA projeté dans 10 ans, selon les hypothèses énoncées plus haut (recul de la publicité-annuaire de 25 % par année, progression du numérique de 10 %). À ce moment (2022), si rien n'a bougé, il ne devrait plus y avoir de dette chez Yellow, et les revenus d'annuaires seraient devenus marginaux (10 % de ceux d'aujourd'hui).

En appliquant le même multiple que celui appliqué aux entreprises de presse d'aujourd'hui (3,5 fois), le titre se négocierait alors à 18,50 $.

Il est probable cependant que le multiple serait à ce moment plus élevé. Les annuaires évacués, les bénéfices deviendraient en effet plus certains. À 4 fois le BAIIA, c'est un titre qui vaudrait 21 $, à 5 fois, 26 $, et à 6 fois, 32 $.

Constat : une mise qui pourrait doubler sur 10 ans, mais qui pourrait aussi quadrupler.

Il faut évidemment avoir la foi dans les hypothèses avancées.

Et, personnellement, notre foi est malheureusement hantée par le doute.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq mois

Yellow Media (Y ; 8,93 $)

Données de marché

Symbole: Y

Prix actuel:c 8,93 $

Fourchette 52 sem.: 5,40 $ - 10,55 $

Dividende: S.O.

Valeur boursière: 240 M$

Prévisions de bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA)

Année / 2013 / 2014

DÉCEMBRE / 397,7 M$ / 312,9 M$

Recommandations des analystes

Achat 1

Surperforme 0

Conserver 0

Sous-performe 0

Vendre 0

Cible des analystes

Moyenne: 13,70 $

Plus élevée 13,70 $

Plus basse 13,70 $

Sources : Bloomberg, Thomson Reuters

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.