Une hausse du prix du pétrole ne serait pas une malédiction

Publié le 20/02/2010 à 00:00

Une hausse du prix du pétrole ne serait pas une malédiction

Publié le 20/02/2010 à 00:00

Comment se fait-il que les sables bitumineux de l'Athabasca soient maintenant perçus comme une abomination au Québec ? Au point où certains dénoncent le fait que le Canada est en train de devenir le quatrième producteur mondial de pétrole ? Par quel dérapage déplore-t-on aujourd'hui ce qui était une source d'espoir hier ?

Résumons. Il y a à peine quatre ans, des représentants de l'Alberta avaient été reçus à bras ouverts au Québec, lorsqu'ils sont venus présenter aux fournisseurs leurs besoins d'équipements et de services pour l'industrie pétrolière. Ils ont signalé au passage qu'il valait mieux faire le travail localement que s'installer là-bas. Nous n'étions pas encore touchés par la récession et la pression sur les salaires faisaient exploser les coûts. Autrement dit, l'Alberta offrait des contrats aux entrepreneurs québécois et des retombées directes ici.

C'est ainsi, par exemple, que Structal, une filiale de Canam établie dans la région de Québec, a été chargée de concevoir et de fabriquer un pont en acier qui a ensuite été transporté en pièces détachées dans le nord de l'Alberta.

Après ? La planète se réchauffant, l'intérêt s'est refroidi... Les impacts environnementaux des techniques actuelles d'exploitation des sables bitumineux ont terni leur image. Utilisant beaucoup d'eau et émettant beaucoup de gaz à effet de serre, l'industrie pétrolière s'est retrouvée sur la défensive.

Puis est survenue la crise, et le prix du pétrole a chuté, tout comme le potentiel de développement, à court terme du moins. Pourtant, on a et on aura encore besoin de pétrole. Je rappelle que les autres pays qui possèdent encore de vastes gisements ne sont pas les plus " commodes ". Le Venezuela, la Russie et les États du Moyen-Orient sont imprévisibles. Dans ce contexte, les réserves de l'Alberta paraissent sécurisantes.

Encore faudrait-il gérer les contrecoups environnementaux. Des solutions existent. On peut, par exemple, capter le gaz émis par les immenses bouilloires qui servent à liquéfier le pétrole lourd. Air Liquide, dont le siège canadien est situé à Montréal, a mis au point des techniques éprouvées dans ce domaine. Mais leur application risque de faire grimper la facture.

Nous voici donc devant un premier paradoxe : la main sur le coeur, les Québécois se sentent concernés par le réchauffement de la planète, mais ils se déchaînent sur les lignes ouvertes quand le prix du litre d'essence augmente de 10 cents. Or, un pétrole propre coûte plus cher. C'est inévitable.

Un nouveau front vient de s'ouvrir. Les revenus tirés du récent boom pétrolier auraient fait gonfler la devise canadienne, ce qui aurait à son tour précipité le déclin du secteur manufacturier. Et repaf ! La thèse est défendable, mais jusqu'ici, elle a surtout été soutenue par ceux qui tiennent à tout prix à discréditer ces fichus sables bitumineux, Après les dégâts écologiques, les dégâts économiques ! Ne restent plus que les invasions de sauterelles et la peste bubonique.

Je préfère la vision de Jeff Rubin, l'ancien économiste en chef de la Banque CIBC, qui vient de publier la version française de son livre sur la fin de la mondialisation, Demain, un tout petit monde.

Le prix du pétrole brut est condamné à augmenter, dit-il, et plus tôt que prévu. Quand ? " L'ascension recommencera vers la fin de 2010 ", dit-il, balayant les arguments de ceux qui affirment que la consommation aux États-Unis et en Europe n'est pas près de se raffermir. C'est oublier, ajoute M. Rubin, la soif grandissante et inextinguible des Chinois et des Indiens. La demande de pétrole augmente au sein même des pays de l'OPEP !

Contrairement à d'autres, Jeff Rubin n'entrevoit pas la " fin du pétrole ". Sauf que la mise en valeur des prochains gisements coûtera cher et catapultera le prix du brut. Résultat ? " Vous voulez savoir comment nous allons vivre ? Regardez en Europe. Les transports en commun sont bien organisés, et ceux qui conduisent possèdent de petites voitures. Les gens sont-ils malheureux pour autant ? Faut-il y voir une catastrophe en devenir ? Pas du tout ! "

De plus, si la hausse du prix du pétrole augmente le coût du transport de marchandises et donc des importations, des industries locales qui avaient dû cesser leurs activités redeviendront capables de soutenir la concurrence étrangère.

M. Rubin a-t-il raison ? Sommes-nous à la veille d'un choc qui provoquera des ajustements forcés ? Qu'arrivera-t-il de nos approvisionnements de kiwis en hiver ? Du calme ! Au fond, se rabattre sur les pommes, ce n'est pas si douloureux que ça...

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