Tout le monde est devenu macroéconomiste

Publié le 25/04/2009 à 00:00

Tout le monde est devenu macroéconomiste

Publié le 25/04/2009 à 00:00

J'ai eu un choc en lisant le dernier numéro du bulletin financier StockInvestor, de Morningstar. Tout d'abord, je dois dire que j'aime bien la philosophie des rédacteurs de cette publication. Cette dernière s'adresse aux investisseurs ayant une approche de placement à long terme basée sur la valeur intrinsèque et l'identification des avantages concurrentiels des entreprises. J'ai été surpris que la direction sente le besoin d'ajouter une rubrique économique. Dans le numéro d'avril par exemple, on explique l'interprétation des agrégats monétaires.

Des investisseurs traumatisés

En fait, la décision de Morningstar m'a fait réaliser que la crise fi nancière a amené de nombreux investisseurs à vouloir étudier les données macroéconomiques. Plusieurs épargnants ont été tellement traumatisés qu'ils se sont juré de ne plus se faire prendre. Et pour cela, ils croient qu'ils doivent se déguiser en macroéconomistes. À mon avis, c'est un piège. Plusieurs chasseurs d'aubaines affirment qu'ils n'étudient jamais les données économiques. Ils sont de l'école du célèbre gestionnaire Peter Lynch, qui disait que, si on passait 15 minutes à réfl échir aux statistiques économiques, on venait de perdre 14 minutes !

C'est une attitude qui va un peu trop loin. Car, si on veut être réaliste, il est difficile de faire abstraction du contexte économique. Une telle attitude est même dangereuse. Par exemple, avant d'investir dans une société industrielle, on réfl échit quasi automatiquement aux perspectives économiques de ce secteur. C'est normal et sain. Il y a quelques années, l'investisseur qui voulait acheter des titres de sociétés forestières devait considérer l'avenir de cette industrie. Si tout le secteur était promis au déclin perpétuel, cela devait infl uer sur l'évaluation des titres. D'autant que la plupart des entreprises subissaient des pertes et que les pressions des environnementalistes allaient certainement augmenter. Il est donc important d'avoir une bonne idée du contexte concurrentiel et des perspectives d'un secteur avant d'y investir. C'est encore plus

vrai si vous voulez conserver vos titres pendant plusieurs années.

Multiplier les risques d'erreur

Il y a toutefois une grande différence entre cela et investir en fonction des perspectives économiques. Dans ce dernier cas, vous commencez par analyser le contexte économique, puis vous déterminez les secteurs les plus intéressants en fonction de vos prévisions. Ensuite, vous tentez de repérer les meilleurs titres dans ces secteurs. Le problème de cette approche, c'est qu'elle multiplie les risques d'erreur. On peut se tromper dans l'évaluation de l'économie, des secteurs d'activité et des sociétés. Certes, il est diffi cile de choisir des titres gagnants. Par contre, c'est drôlement plus diffi cile de tenter de prédire les taux d'intérêt, l'inflation, la croissance économique, le déficit ou le surplus commercial, etc. De plus, en ce qui concerne les titres boursiers, j'ai seulement besoin d'avoir raison une fois de temps en temps (choisir un titre gagnant peut vous faire gagner beaucoup pendant de nombreuses années). Selon l'approche que je prône, il est rationnel que l'investisseur se préoccupe de l'économie, tant qu'il ne fait pas de prévisions macroéconomiques et qu'il ne base pas ses décisions sur des scénarios économiques.

Ne pas mélanger les approches

Je n'ai jamais été capable de prédire l'évolution de l'économie et je ne pense pas que ce soit à la portée de l'investisseur moyen. C'est pour cette raison que je me concentre uniquement sur l'analyse des entreprises.

Certaines personnes réussissent peut-être à baser leur sélection sur l'analyse macroéconomique. Si c'est le cas, tant mieux pour elles. Là où il y a danger, c'est lorsqu'on tente de mélanger les deux approches. C'est ce danger qui menace ces investisseurs qui, comme les gens de Morningstar, commencent tout d'un coup à scruter l'économie. C'est un leurre de penser que, parce que nous traversons une crise, nous devons chercher à prédire l'évolution de l'économie. Je sais que plusieurs gestionnaires professionnels s'en veulent de n'avoir pas vu venir la crise. C'est une réaction compréhensible, car ils auraient bien aimé pouvoir éviter de lourdes pertes à leurs clients. Ils croient qu'en analysant davantage la macroéconomie, ils pourront prévoir les prochaines crises. C'est là qu'ils errent, selon moi. Ils oublient que leur mission n'est pas de prédire le prochain ouragan , mais de bâtir des portefeuilles à l'abri de toutes les tempêtes.

De mon blogue

Les détaillants vendent...leurs actions

Les ventes d'initiés sont moins significatives que les achats. Toutefois, la prolifération des ventes dans le secteur du détail pique la curiosité. Selon le Wall Street Journal, trois initiés de Bed Bath & Beyond ont vendu récemment 2,5 millions d'actions, à des cours variant entre 30,90 et 31,17 $ US. Le président de Ross Stores (boutiques de vêtements pour dames) a vendu 351 000 actions à 39,07 $ US. Celui de Family Dollar Store a vendu 200 000 actions à 34,04 $ US. Le président de la chaîne de vêtements Aeropostale a liquidé 163 000 actions à 46,28 $ US. Je n'ai pas vu d'achats d'importance pour compenser ces ventes. Vos réactions " Les initiés de ces entreprises sont humains. Ils ne sont pas économistes et même les économistes ne peuvent prédire l'avenir. Donc, comme les autres investisseurs, les initiés peuvent être craintifs quand ils voient le chiffre d'affaires baisser. J'accorde donc peu d'importance aux ventes d'initiés par rapport aux achats. " Steven " Bien des investisseurs se rendent maintenant compte que Wall Street n'est pas arrimée avec Main Street. " Dencour

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