Rona peut ressusciter, mais...

Publié le 15/12/2012 à 00:00, mis à jour le 13/12/2012 à 10:40

Rona peut ressusciter, mais...

Publié le 15/12/2012 à 00:00, mis à jour le 13/12/2012 à 10:40

D'ordinaire, lors d'une assemblée annuelle, c'est le chef de la direction qui reçoit toute l'attention. Celle de Rona (Tor., RON, 10,71 $), ce printemps, n'avait pas fait exception. À sa levée, les journalistes s'étaient immédiatement dirigés vers Robert Dutton.

On avait suivi la confrérie, histoire de ne rien manquer, mais non sans faire un petit détour du côté du chef de la direction financière. Un chiffre nous manquait, mais une autre question nous taraudait surtout : «Se pourrait-il que vous soyez le futur grand patron de Rona ?»

Surpris, Dominique Boies avait répondu par un éclat de rire, en remerciant de la question.

Dans les instants précédents, M. Boies avait fait bonne impression lors de sa présentation du plan de match de Rona. Assez pour qu'on voie en lui le dauphin de M. Dutton.

Il y a quelques jours, il a encore fait bonne impression, lors du dévoilement des nouvelles priorités stratégiques de l'entreprise.

À 40 ans, cet ancien vice-président principal du placement privé à la Caisse de dépôt, détenteur d'une maîtrise en finances de l'UQAM, pourrait effectivement devenir le prochain chef de la direction de Rona.

Rien n'est certain, il se trouve d'autres bonnes candidatures sur le marché. Mais en amenant ce nouveau plan, il vient assurément d'étayer sa candidature, et de rendre tout un service au conseil d'administration.

Le conseil de Rona fait face à une attaque, tandis qu'Invesco, deuxième plus important actionnaire de l'entreprise, réclame son remplacement. Certains auraient pu penser que c'est lui qui a demandé à M. Boies et à son équipe de préparer un nouveau plan en vue de l'assemblée annuelle de mai 2013 (pour bien montrer aux mécontents que l'on sait où l'on va et qu'on ne chôme pas). C'est plutôt l'inverse, le plan a été proposé par l'équipe de direction et a été approuvé par le conseil. D'où le service rendu.

Bon temps pour un nouveau plan ?

L'opération peut sembler curieuse tandis que le chef de la direction permanent n'a pas encore été trouvé. Mais, comme on vient de le voir, à peu près tout le monde a intérêt à ce que les choses bougent immédiatement chez Rona.

Le plan stratégique n'est de toute façon pas très complexe, et on voit mal comment un nouveau chef de la direction pourrait ne pas être contre sa mise en place.

Essentiellement, Rona en est à annoncer qu'elle va revoir la performance de toutes ses divisions, tout comme ses façons de faire, de manière à les optimiser.

Là où la performance est moyenne et où il n'y a pas d'avantage marqué, il pourrait y avoir délestage. Sans dire que les filiales seraient nécessairement vendues, M. Boies a notamment indiqué que l'on étudierait la masse critique de Don Park (une entreprise industrielle spécialisée dans la ventilation) et Noble Trade (un grossiste de produits de plomberie et de chauffage en Ontario).

L'argent tiré d'éventuels désinvestissements sera ensuite réinvesti dans des secteurs qu'on aura identifiés comme étant plus porteurs sur le plan de la rentabilité, ou encore dans des initiatives susceptibles d'améliorer les rendements (information technologique). Un exemple de réinvestissement pourrait être d'ajouter des cours à bois en région. Rona détient 30 % du marché des entrepreneurs en construction. Elle vend peu de bois à Montréal, mais plus en région. Ces investissements pourraient à leur tour donner plus d'élan encore aux activités en région.

Il ne s'agit ici que d'exemples, il y a bien plus sur la table, a dit le président par intérim. Seuls le réseau de distribution et les marchands ne seront pas touchés.

Combien le plan pourrait-il générer de valeur ?

Une question à laquelle n'a évidemment pas voulu répondre Dominique Boies.

Quelques repères ont cependant été fournis. À long terme, Rona souhaite voir sa marge bénéficiaire (BAIIA) revenir à 8 %, sa moyenne historique. Elle est actuellement à 4,7 %.

Bien sûr, la question est de savoir à quel seuil de revenus appliquer cette marge. Et ensuite de déterminer le niveau de dette qui pourrait rester après les délestages.

Les revenus devraient normalement baisser, mais la dette aussi, puisqu'il y aura vente d'actifs et que l'on parle d'une distribution éventuelle d'argent aux actionnaires. Histoire de se donner un repère, on présumera que les ventes demeurent à peu près de 4,8 G$ et que la dette reste aussi à peu près la même. Une marge qui passerait à 8 % dans cette situation placerait l'action de 17 $ à 20 $, dépendamment avec quelle force le marché décide de pousser sur les multiples d'évaluation.

Pas si mal pour un titre qui se négocie sous les 10,50 $, dites-vous. Il ne faut cependant pas oublier que la réalisation du plan prendrait quelques années. Et que tout ça reste sur papier.

Si Lowe's revenait à la charge avec une offre majorée par rapport à sa proposition initiale de 14,50 $, bien peu d'actionnaires refuseraient vraisemblablement de déposer leurs actions.

Rona peut-elle ressusciter ?

Elle semble avoir de bonnes chances, mais avec une âme américaine.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

Le titre sur cinq ans

RONA (RON ; 10,71 $)

Données de marché

Symbole : RON

Prix actuel : 10,71 $

Fourchette 52 sem. : 8,94 $ - 14,49 $

Dividende : 0,14 $

Valeur boursière : 1,3 G$

Prévisions de bén. par action ($ US)

ANNÉE / 2012 / 2014

Déc. / 0,66 $ / 0,81 $

T1 / (0,10 $) / (0,10 $)

T2 / 0,36 $ / 0,38 $

T3 / 0,27 $ / 0,42 $

T4 / 0,16 $ / 0,21 $

Recommandations des analystes

Achat 0

Surperforme 0

Conserver 8

Sous-performe 0

Vendre 0

Cible des analystes

Moyenne : 10,90 $

Plus élevée : 12,00 $

Plus basse : 10,00 $

Sources : Bloomberg, Thomson Reuters

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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