Quand les célébrités achètent...

Publié le 26/09/2009 à 00:00

Quand les célébrités achètent...

Publié le 26/09/2009 à 00:00

Les médias ont rapporté au début de septembre que René Angélil, gérant et mari de Céline Dion, avait acheté des actions de Prestige Telecom. Il n'est pas seul à croire au potentiel de cette société de Baie-d'Urfé.

En effet, le milliardaire Guy Laliberté, par le truchement de sa filiale indirecte Gestion Novare, a acquis 18 millions d'actions de Prestige en décembre dernier, ce qui représente, en date du 17 août, une participation de 15,2 % dans le capital-actions.

Le fondateur du Cirque du Soleil a également un billet convertible de 4,5 millions de dollars (M$), qui lui donne le droit d'acquérir jusqu'à 14,5 millions d'actions à un prix unitaire de 0,31 $ (le titre s'échange à un cours de 0,27 $ au moment d'écrire ces lignes).

Cet investissement lui a permis d'avoir son mot à dire au conseil où il est représenté par Robert Blain, premier vice-président et chef de la direction financière du Cirque du Soleil (M. Blain détient pour sa part 500 000 actions de Prestige). Enfin, Jacques D'Amours, vice-président et cofondateur d'Alimentation Couche-Tard, fait également partie des actionnaires de Prestige.

La plupart de ces hommes d'affaires ont investi dans la société dans le cadre d'un placement privé qui a servi à acheter Radian Communication Services (la transaction a été bouclée à la mi-décembre 2008).

Alors, devriez-vous imiter ces célébrités et acheter des actions de Prestige Telecom ?

Je dois vous aviser dès le départ de mon préjugé défavorable. En effet, en plus de 20 ans de métier, j'ai rarement vu des célébrités faire de bons placements boursiers à long terme. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est la réalité.

Le meilleur exemple est probablement celui de Serge Savard qui, impressionné par les thermogels biothérapeutiques innovateurs de BioSyntech, a acheté plus de 500 000 actions de la biotech en plus de siéger au conseil pendant plusieurs années (il a démissionné en 2008).

M. Savard est un homme d'affaires chevronné, mais cela n'a pas empêché le titre de BioSyntech de passer de 1 $, en 2004, à 0,14 $, le 17 septembre dernier.

Les investisseurs doivent se méfier aussi de l'élan d'enthousiasme que suscitent les médias lorsqu'ils font part de l'intérêt d'une personnalité pour une entreprise.

Par exemple, plusieurs ont été tentés par Victhom Bionique Humaine en 2004 lorsque l'ancien premier ministre Lucien Bouchard a indiqué qu'il était enchanté par la jambe bionique de Victhom. Le titre a progressé à court terme, mais son rendement à long terme est loin d'être reluisant. Il est passé d'un sommet de 2 $ en 2004 à 0,18 $ actuellement. Victhom n'a jamais fait de bénéfice.

La dette élevée de Prestige

Mettant mon scepticisme de côté, j'ai jeté un oeil à Prestige Telecom, une société qui offre des services techniques et professionnels pour la conception, la construction et la mise en service de réseaux sans fil et filaires.

Sa valeur boursière est d'environ 30 M$. Au 30 juin, sa dette s'établissait à 24,2 M$, et son avoir des actionnaires, à 14,4 M$. Elle a affiché des revenus totalisant 49,7 M$ pour ses quatre derniers trimestres.

Normalement, je préfère comparer l'endettement à la capacité bénéficiaire de la société. Dans le cas de Prestige, c'est difficile, car elle vit les effets de l'achat de Radian et commence seulement à être rentable.

Elle a perdu 7,8 M$ à son quatrième trimestre, perte qui tient compte de charges non récurrentes. Elle a fait nettement mieux en réalisant un bénéfice avant impôts de 893 101 $ à son premier trimestre 2010 clos le 30 juin. Ses revenus ont explosé pendant ce trimestre, passant de 11,7 à 31,1 M$, en raison de l'inclusion des revenus de Radian.

Ses marges bénéficiaires s'améliorent, la marge brute étant passée de 15,9 % au quatrième trimestre 2009 à 24,7 % au premier trimestre 2010. Prestige explique cette amélioration par l'intégration réussie de Radian.

Au premier trimestre de 2008, Prestige Telecom (sans Radian) avait dégagé des marges brutes de 24,5 %. On peut présumer qu'il sera difficile d'améliorer les marges à partir de maintenant.

En fait, Prestige exerce ses activités dans un secteur où les marges sont relativement minces. Des marges nettes avant impôts de 2,9 % (ou d'environ 2 % après impôts) laissent peu de place à l'erreur et aux folles dépenses.

De plus, même après le placement privé pour financer l'acquisition de Radian, la dette reste élevée. À son premier trimestre, Prestige a payé des frais d'intérêts de près de 1 M$. C'est supérieur à son bénéfice avant impôts !

Et malgré le boom de 166 % des revenus à ce premier trimestre, la dette a augmenté, ce qui signifie que sa croissance nécessite du capital.

C'est souvent normal et peu inquiétant pour les sociétés à forte croissance. Toutefois, dans le cas d'une petite entreprise déjà endettée, c'est peu attrayant.

Il est possible que l'acquisition de Radian mette Prestige sur le sentier de la croissance rentable. Mais avec l'information disponible en ce moment, Prestige Telecom paraît un placement risqué, trop risqué pour la plupart des investisseurs. Ce placement entre en fait dans la catégorie du capital de risque.

Le problème lorsqu'on entend parler de placements comme ceux de Guy Laliberté, c'est qu'on ne peut être certain de sa véritable motivation. Certes, en tant qu'homme d'affaires, on peut présumer qu'il veut gagner de l'argent. Toutefois, étant déjà milliardaire, il peut avoir d'autres motivations moins vénales, comme le fait d'aider un ami ou de soutenir une cause qui lui tient à coeur.

Bref, une célébrité peut être géniale dans son domaine (culture, sport, politique, etc.), mais cela n'en fait pas un as du placement. C'est pourquoi tout épargnant doit faire ses devoirs avant d'acheter un titre, peu importe que des célébrités l'achètent ou non.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Prem Watsa l'investisseur

Dans ma chronique du 19 septembre, j'ai comparé Fairfax Financial, la société de Prem Watsa, à Berkshire Hathaway, de Warren Buffett.

Je critique M. Watsa, en tant que chef de Fairfax, mais précise qu'en tant qu'investisseur, il mérite notre admiration, car sa feuille de route est impressionnante.

M. Watsa achète des actions de façon fébrile : pour plus de 1 milliard de dollars américains depuis le troisième trimestre de 2008, lui qui a été pessimiste devant les perspectives boursières pendant plusieurs années.

Au deuxième trimestre clos en juin, il a ajouté la pharmaceutique Merck à son portefeuille et a haussé de façon importante ses participations dans General Electric et Dell. Prem Watsa aime avoir un portefeuille concentré. Ses 10 principaux titres représentent 80 % de son portefeuille d'actions au 30 juin : Wells Fargo (14 % de son portefeuille), Dell (14 %), Johnson & Johnson (11 %), US Bancorp (8 %), Kraft (7 %), Magna (7 %), GE (6 %), Level 3 (6 %), Burlington Northern (4 %), Intel (3 %). Selon vous, est-ce qu'il s'agit d'un bon portefeuille ?

Vos réactions

" Je crois que je dormirais très bien avec un portefeuille comme celui de Prem Wasta. "

- S.B.

" Que fait-il dans les financières ? Leurs profits ne sont que de la frime ! "

- dencour

bernard.mooney@transcontinental.ca

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