Pourquoi Warren Buffett est un phénomène unique

Publié le 15/11/2008 à 00:00

Pourquoi Warren Buffett est un phénomène unique

Publié le 15/11/2008 à 00:00

De nombreux investisseurs cherchent à imiter Warren Buffett. Cela n'a rien d'étonnant : il a accumulé une fortune de plus de 50 milliards de dollars américains en investissant à long terme, et en suivant des principes ultra simples... du moins en apparence.

Celui que l'on surnomme " l'oracle d'Omaha " dégage un charisme qu'on retrouve rarement dans les milieux financiers. Il est donc normal qu'on veuille appliquer sa recette. Sauf qu'il vaudrait mieux avoir des attentes réalistes.

En lisant la plus récente biographie du président de Berkshire Hathaway, The Snowball, Warren Buffett and the Business of Life, j'ai réalisé que M. Buffett est un phénomène unique. Nous avons peu de chances de revoir un tel personnage de notre vivant.

Alice Schroeder, une ancienne analyste financière, a été l'élue de M. Buffett pour décrire sa vie. Cela lui a demandé plusieurs années de travail, mais elle a pu profiter de son aide.

The Snowball, avec ses 838 pages (sans compter les notes surabondantes et l'index), pourrait rebuter les moins passionnés. Mais la description détaillée de la jeunesse de M. Buffett, de son milieu, de ses influences familiales et de sa montée dans le monde des affaires tient le lecteur en haleine.

Ce grand investisseur est né au début de la Dépression, en août 1930. Enfant, il dévorait tous les livres sur la finance qui lui tombaient sous la main. Il aimait traîner dans le bureau de son père, Howard, qui a été entre autres courtier, où il lisait l'hebdomadaire financier Barron's.

Il raconte par exemple qu'à huit ans, il a lu à plusieurs reprises un traité sur les obligations des chemins de fer éprouvant des difficultés financières. Connaissez-vous beaucoup d'investisseurs qui en font autant ?

À 12 ans, il a fait ses premiers pas en Bourse : il a acquis trois actions de Cities Service Preferred. À 14 ans, il avait accumulé 1 000 $ en livrant des centaines de journaux tous les jours.

Simple camelot, il empochait 175 $ par mois, gagnant plus que ses professeurs ! À 15 ans, il a acheté une ferme de 40 acres située près d'Omaha pour 1 200 $.

À 16 ans, il était déjà un homme d'affaires assez averti. Il a continué comme cela pendant plus de 50 ans.

Le marché boursier a été au centre de sa vie. À 20 ans, à l'Université Columbia, il a suivi un cours de finance donné par David Dodd, qui a coécrit Security Analysis avec son mentor Benjamin Graham. Or, Warren Buffett connaissait mieux le contenu de ce livre que M. Dodd ! Il pouvait réciter n'importe quelle partie, n'importe quel exemple de ce livre de 700 pages !

Il lisait systématiquement tout ce qui concernait le marché boursier, dévorant chaque page des Moody's Manuals. On parle de 10 000 pages pour le Moody's Industrial, le Moody's Transportation et le Moody's Banks and Finance. Faites cela pendant 50 ans, avec autant de flair, de jugement, d'ambition et de détermination que lui, et vous aurez une petite idée du personnage. Vous comprendrez alors pourquoi il a si bien réussi.

Obsédé par l'argent

Tôt dans sa vie, M. Buffett a compris l'importance de cultiver son réseau de contacts. Il a ainsi pris soin au fil des ans de se bâtir de nombreuses relations parmi les plus brillantes et les plus influentes dans le milieu des affaires, de la politique et des médias. Il n'a jamais hésité à les utiliser pour servir ses intérêts.

Il vous manque le dernier facteur : sa passion pour l'argent. Dès son plus jeune âge, il a été une machine à accumuler de l'argent. Il tentait d'en gagner le plus possible tout en en dépensant le moins possible.

À tel point qu'on peut facilement parler d'obsession, au sens pathologique du terme.

Il était multimillionnaire, mais voulait que sa famille ait le même train de vie qu'une autre. Il était plus facile ainsi de modérer les attentes de son épouse Susan et de ses enfants.

Le livre d'Alice Schroeder se démarque par le fait qu'il décrit bien la personnalité et les émotions de M. Buffett. Elle évoque entre autres sa relation difficile, voire impossible avec sa mère, sa grande insécurité face à la mort et à la souffrance, et le rôle ingrat de son épouse, qui a tenté de lui faire réaliser qu'il y a autre chose que l'argent dans la vie. Ce n'est qu'à la mort de celle-ci, en 2004, qu'il le comprendra finalement. À partir de ce moment, il a toujours affirmé que " le seul vrai succès consiste à être aimé par les gens dont on voudrait qu'ils nous aiment ".

En fait, Warren Buffett avait tous les ingrédients pour devenir l'investisseur légendaire qu'il est aujourd'hui.

Toutefois, à la lecture de Snowball, on réalise qu'un succès financier comme le sien est hors d'atteinte du commun des mortels.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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