Pétrole : de sombres perspectives

Publié le 14/04/2012 à 00:00

Pétrole : de sombres perspectives

Publié le 14/04/2012 à 00:00

Les changements survenus au cours des dernières années transformeront l'industrie pétrolière à tout jamais. À long terme, ses perspectives sont sombres.

En lisant cela, vous vous dites certainement que l'auteur délire. À n'importe quel moment, une bombe quelque part au Moyen-Orient pourrait faire doubler le prix du pétrole.

Vous avez partiellement raison, car ce sont les craintes géopolitiques qui poussent le prix du baril de pétrole au-dessus des 100 dollars américains. Mais cela risque de changer.

En effet, si le pétrole a toujours été autant sensible au climat politique du Moyen-Orient, c'était parce que les grandes économies, en particulier celle des États-Unis, dépendaient du pétrole provenant de cette région. Or, les Américains sont en train de diminuer nettement cette dépendance.

En 2011, nos voisins du Sud importaient seulement 45 % de leurs produits pétroliers par rapport à 60 % en 2005. Depuis trois ans, ils ont réduit leurs achats des pays membres de l'OPEP de plus de 20 %.

Gigantesques découvertes

Cette tendance devrait se poursuivre, parce que les nouvelles technologies ont mis au jour des quantités massives de pétrole et de gaz naturel. C'est un virage extraordinaire...

Par exemple, la production pétrolière américaine a atteint un sommet en 1970, avec une production quotidienne de 9,6 millions de barils, et est descendue à un creux de 4,95 M de barils en 2008.

Or, depuis 2008, la production a augmenté chaque année, pour atteindre 5,7 M de barils par jour. Selon le U.S. Department of Energy, elle pourrait correspondre à sept millions de barils d'ici 2020. Bien des experts prédisent une production éventuelle de 10 M de barils par jour. Ce qui propulserait les États-Unis dans la même catégorie que l'Arabie saoudite à titre de producteurs pétroliers.

Le prix du gaz naturel en baisse

Les découvertes gigantesques de gaz naturel expliquent l'effondrement du prix de cette matière première.

En 2005, au moment même où l'on criait à la pénurie de gaz, il a atteint un sommet de 15 $ US par million de BTU. À la fin de mars, le prix du gaz se retrouvait à un creux de 10 ans, soit environ 2,15 $ US, une baisse de 86 %.

Les réserves de gaz naturel aux États-Unis sont évaluées à 2 170 billions (1 billion = 1 000 milliards) de pieds cubes (Tpi3) par rapport à une consommation annuelle de 24 Tpi3, ce qui donne des réserves de 90 ans.

Steve Farris, président d'Apache Corp., le plus important producteur de gaz du monde, mentionnait récemment qu'à son avis les États-Unis avaient des réserves de 300 ans et non de 100 ans ! Évidemment, il n'a aucun avantage à gonfler ce genre de données.

Le gaz naturel est si abordable qu'il est maintenant rentable de penser à créer un réseau national de stations pouvant offrir aux automobilistes ce carburant et ainsi de pousser les constructeurs automobiles à proposer cette option.

Plus le fossé entre les prix du pétrole et de l'essence, d'un côté, et celui du gaz naturel, de l'autre, se maintient et se prolonge, plus la conversion pour tous les utilisateurs devient une option rentable.

En passant, la révolution dépasse les limites américaines. On a trouvé des quantités gigantesques de gaz au Royaume-Uni, en France, en Pologne, en Ukraine et en Chine.

Demande en baisse

Ces découvertes de gaz naturel sont loin d'être une bonne nouvelle pour le pétrole, car la demande de cette ressource est déjà moindre. En juillet 2008, le prix du pétrole a atteint un record de 145 $ US le baril. Ce prix a provoqué un mouvement massif pour réduire la consommation, ce qui commence à se faire sentir.

En 2007, la consommation mondiale de pétrole était de 86,2 M de barils par jour, soit une augmentation de 16 % par rapport à 1997. En 2012, la consommation devrait avoir augmenté de seulement 2 % en cinq ans.

C'est la conséquence, entre autres, de la récession de 2008 et des prix élevés, mais aussi de tous les efforts pour réduire la consommation et augmenter l'efficacité énergétique. Par exemple, la consommation de pétrole a diminué de 9 % depuis 2007 aux États-Unis, selon le U.S. Department of Energy.

Évidemment, la croissance de la consommation reste plus forte dans les pays émergents. Toutefois, il ne faut pas oublier que les États-Unis consomment encore deux fois plus de pétrole que la Chine. Une baisse significative chez nos voisins du Sud demeure donc un facteur très important pour le pétrole. De plus, l'économie chinoise est moins vigoureuse, et les Chinois cherchent aussi à diminuer leur dépendance à l'égard du pétrole.

Enfin, plus le prix du pétrole reste élevé longtemps, plus il permet aux autres options de prendre davantage de place. La voiture électrique, pour donner un seul exemple, ne tient plus de la science-fiction. De plus, la baisse massive des prix dans l'industrie solaire rend cette solution de plus en plus économique.

À long terme, toutes les pièces du casse-tête sont en place pour provoquer le déclin du pétrole.

DE MON BLOGUE

Gouvernance

Dans le grand cirque de la rémunération

C'est la saison des rapports annuels. Et avec elle vient le moment de divulguer la rémunération des dirigeants. De quoi donner la nausée !

L'industrie bancaire américaine est un bon exemple. Dans son message à ses actionnaires publié dans son rapport annuel de 2011, le président du conseil et chef de la direction de M & T Bank, Robert G. Wilmers, montre du doigt les excès de ses collègues banquiers.

«La rémunération moyenne des pdg de quatre des six plus grandes banques en 2010 a été de 17,3 millions de dollars américains - plus de 262 fois celle du travailleur américain moyen. Une banque de 33 000 employés a réalisé un rendement de l'avoir des actionnaires de 3,7 % en 2011 ; pourtant, ses employés ont gagné en moyenne 367 000 $ US - plus de cinq fois ce que gagne l'Américain moyen.»

Vos réactions

«Je travaille dans une grande banque canadienne et, chaque année, lorsque la rémunération des hauts dirigeants est publiée, j'ai envie de vomir.»

«J'ai pouffé de rire lorsque j'ai vu que les dirigeants de Yellow Media s'accorderaient une augmentation de 26 %. Après une chute de 97 % du titre ! C'est à croire qu'ils se payent une dernière traite avant la fermeture.»

- berixyz

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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