Nous avons atteint le sommet de la folie boursière

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Nous avons atteint le sommet de la folie boursière

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Nous avons atteint le sommet de l'irrationalité en Bourse la semaine dernière, au point qu'on peut même parler de folie.

Le 20 novembre, l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto avait perdu 9 %. Aux États-Unis, Citigroup, une des plus grosses banques au monde, avait perdu 50 % de sa valeur en deux jours.

Et on s'inquiète pour la santé financière de Berkshire Hathaway. L'action de catégorie B de la société de Warren Buffett a perdu 20 % en deux jours, pour toucher un creux des 12 derniers mois de 2 600 $ US.

J'en ai vu des bêtises et des comportements irrationnels à la Bourse, mais il s'agit là d'un sommet de tous les temps.

Je cite Berkshire Hathaway car il s'agit du meilleur exemple. Ainsi, les prix des swaps sur défaillance de crédit (CDS) de Berkshire Hathaway ont triplé au cours des deux derniers mois, pour atteindre 4,75 % le 19 novembre.

C'est peut-être du chinois pour vous. Pour mieux comprendre ce que cela signifie, il faut établir des comparaisons. Le prix médian des CDS pour les obligations de plus faible qualité (BBB-), selon Moody's, est de 3,48 %.

Le marché croit donc que les obligations de Berkshire sont des titres de pacotille.

Les prix des swaps pour Berkshire sont plus élevés que pour les dettes de sociétés comme Travelers (quatre fois plus élevé), JPMorgan (trois fois) et Citigroup.

Rien ne sert de perdre son temps à prouver la solidité financière de Berkshire par une pluie de chiffres. Disons simplement que si cette entreprise fait faillite, il ne restera plus une seule société financière au monde pour payer ces swaps sur défaillance.

Warren Buffett a bâti son entreprise pour qu'elle résiste aux pires chocs. C'est pour cela qu'il dispose aujourd'hui de plus de 33 milliards de dollars américains d'encaisse (G$ US), 120 G$ US en avoir et une capacité d'emprunt s'établissant au moins à 50 G$ US. Que le titre ait perdu 37 % en deux semaines pour atteindre son niveau le plus bas en cinq ans n'est pas surprenant dans le marché baissier actuel.

Dans un vrai marché baissier, tous les titres risquent de chuter brutalement.

Ce qui est surprenant et, selon moi, signe qu'un vent de folie souffle sur la Bourse, c'est qu'on puisse vendre le titre de Berkshire par crainte qu'elle fasse faillite.

Je ne croyais jamais vivre assez vieux pour voir une telle bêtise.

L'ombre de la déflation plane

On parle de plus en plus de déflation, c'est-à-dire une baisse généralisée des prix.

Dans notre numéro du 2 août, j'ai exprimé mes doutes quant aux craintes inflationnistes qui régnaient alors.

La Banque centrale européenne venait d'augmenter son taux directeur dans le but d'enrayer l'inflation. C'était une erreur selon moi, car il y avait plusieurs signes que l'économie était en train de craquer.

Il est ironique que, quelques semaines plus tard, la déflation soit devenue la principale crainte. Mais ça se comprend facilement.

La valeur des actifs en a pris pour son rhume depuis cet été. En date du 20 novembre, l'indice S&P 500 de la Bourse de New York avait perdu 49 % de sa valeur en 2008, la pire baisse annuelle depuis sa création il y a 80 ans. En fait, tous les principaux indices boursiers du monde ont dégringolé. Les prix des matières premières (or, pétrole, cuivre, maïs, etc.) ont aussi fondu.

En fait, seuls les titres à revenu les plus sûrs se sont appréciés depuis septembre, comme les obligations du gouvernement américain. C'est exactement le comportement typique en période de déflation, selon les livres d'économie.

Sans entrer dans le jargon, rappelons que l'inflation et la déflation sont des phénomènes monétaires. Lorsqu'il y a plus d'argent en cir-culation pour une quantité fixe de biens, les prix augmentent. Lorsque la quantité d'argent baisse, les prix baissent.

Dans les années 1930, la masse monétaire aux États-Unis s'était contractée de près du tiers, créant une spirale déflationniste et une dépression. Les efforts actuels pour ranimer l'économie mondiale visent justement à prévenir une répétition de cet épisode noir.

Les banques centrales ont injecté des sommes phénoménales dans le système financier (certains estiment qu'elles totalisent 2 000 milliards de dollars). Jusqu'à présent, cela semble avoir eu peu d'effet, mais l'argent est là, probablement réfugié dans les obligations de 10 ans ou les bons du Trésor de trois mois.

Ces acheteurs d'obligations ont gagné beaucoup d'argent. Lorsque le calme reviendra, il y a de bonnes chances qu'ils recyclent une partie de leurs gains à la Bourse.

Enfin, les investisseurs flaireront alors la reprise économique et nous entrerons dans un nouveau cycle haussier.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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