Mines : Québec doit sortir de sa dérive idéologique

Publié le 02/02/2013 à 00:00

Mines : Québec doit sortir de sa dérive idéologique

Publié le 02/02/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

En nommant les activistes Daniel Breton à l'Environnement et Martine Ouellet aux Ressources naturelles, Pauline Marois a plongé l'industrie minière dans l'incertitude.

«Les verts sont au pouvoir», avait déclaré péremptoirement le premier, le torse bombé, le jour même de son assermentation. La révélation ultérieure de certaines de ses incartades passées a permis à Pauline Marois d'exiger sa démission. La deuxième est restée ministre, mais on n'est plus certain de son influence.

Martine Ouellet semble faire le vide autour d'elle. Patrick Déry, le sous-ministre qui lui avait été affecté, a déguerpi vers des cieux plus intéressants, le conseil exécutif du gouvernement, où il travaille avec Jean St-Gelais, secrétaire général du gouvernement, qui relève directement de la première ministre. Denis Hardy, qui avait pris la direction du cabinet de Martine Ouellet, a aussi quitté son poste. Il en est de même pour l'attachée politique Laurie Comtois, passée au cabinet de la ministre Véronique Hivon.

Pour certains observateurs, le passage de Patrick Déry au conseil exécutif s'accompagne d'un transfert de l'autorité de la politique minière à la première ministre. On se rappellera que Pauline Marois a déjà remis à sa place sa ministre militante à quelques reprises : une fois pour la contredire sur une déclaration selon laquelle l'exploration du gaz de schiste ne serait jamais sécuritaire, et une autre fois pour préciser que le dossier des redevances minières devait être étudié plus à fond et que, s'il devait y avoir une telle politique, celle-ci serait vraisemblablement appliquée minerai par minerai.

Mme Marois avait aussi rabroué Daniel Breton après que celui-ci eut déclaré son opposition viscérale à l'approvisionnement du Québec en pétrole albertain. Peu après, la première ministre a rencontré son homologue albertaine, Alison Redford, et l'a assurée qu'elle ne s'opposait pas à cette possibilité, pourvu que l'inversion du flux de l'oléoduc d'Enbridge puisse se faire de façon sécuritaire.

Qui contrôle la politique minière ?

Même si la première ministre semble avoir pris le contrôle de la politique minière, Martine Ouellet n'en continue pas moins de défendre ses dossiers. De passage à Val-d'Or récemment, elle a rappelé la tenue au printemps d'un forum sur les redevances minières, mais sans donner plus de détails. Des mandats ont déjà été confiés à des consultants pour l'organisation de ce forum, ainsi que pour la rédaction d'un document technique sur ce que pourrait être une politique de redevances.

La ministre travaille sur ce dossier depuis que Mme Marois lui en a confié le mandat le jour de son assermentation, le 19 septembre dernier. Pour les observateurs du milieu, cette commande a été une surprise, puisque la fiscalité minière relève du ministère des Finances qui, lui aussi, a commandé une étude sur les redevances minières.

Rassurer les investisseurs

Selon certaines sources, Martine Ouellet aurait piqué une colère lorsqu'elle aurait appris l'existence de l'étude commandée par le ministère des Finances. Une autre indication de la tension entre les deux ministres est le refus de Mme Ouellet de participer au prochain salon des ressources naturelles de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, alors que Nicolas Marceau, son collègue des Finances, y sera. Pour en finir avec l'incertitude, la CCMM plaide pour l'adoption rapide de la nouvelle loi sur les mines promise par le gouvernement. Ce projet est craint par l'industrie, car l'intention du gouvernement serait de donner aux municipalités un droit de veto sur l'émission des permis d'exploration. Verra-t-on se multiplier les règlements comme celui de Gaspé ?

De passage à Davos et à Londres, Mme Marois n'a pas caché que l'élection de son parti avait créé de l'incertitude, et elle a notamment rassuré les investisseurs sur le Plan Nord. Au Québec, l'incertitude vécue par l'industrie minière quant à la future loi sur les mines et sur les redevances est partagée par les banquiers, qui sont devenus réfractaires au financement de projets miniers au Québec.

Il n'y a rien de pire pour les investisseurs que de ne pas savoir à quoi s'attendre d'un gouvernement dont les ministres sont incapables de statuer sur des politiques réalistes, favorables à l'investissement et concurrentielles. Il est urgent que le gouvernement cesse de tergiverser quant à la politique minière et que la première ministre affirme son leadership. Il en va de l'intérêt supérieur du Québec.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Selon un sondage publié par la Banque de Montréal, 25 % des Québécois souhaitent lancer une entreprise lorsqu'ils seront à la retraite. Au pays, la proportion est de 39 %. Même si ces données peuvent traduire une certaine inquiétude face à leur avenir financier, elles démontrent aussi l'intérêt des futurs retraités pour l'entrepreneuriat. Bien sûr, plusieurs veulent aussi se lancer pour demeurer actifs mentalement et pour le plaisir de continuer à se réaliser.

Je n'aime pas

Le témoignage de l'ingénieur Michel Lalonde, président de la firme de génie-conseil Génius, est suffisamment documenté pour permettre de conclure que plusieurs partis politiques de la grande région de Montréal ont été financés de façon illégale. Pire, ce mode de financement s'appuyait largement sur la collusion, tant dans l'industrie de la construction que dans celle du génie-conseil, et sur la corruption de politiciens et de fonctionnaires. Les citoyens ont été trompés et les contribuables, floués. Il serait grandement odieux et profondément injuste que les responsables de ces stratagèmes ne fassent pas l'objet de poursuites devant les tribunaux.

jean-paul.gagne@tc.tc

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.