Les retraites, une épine de plus dans le pied des municipalités

Publié le 18/05/2013 à 00:00

Les retraites, une épine de plus dans le pied des municipalités

Publié le 18/05/2013 à 00:00

L'arrestation de l'ancien maire de Laval, Gilles Vaillancourt, - et de 36 coaccusés - est survenue le matin même où s'ouvrait à Montréal, le 9 mai, le congrès de l'Union des municipalités du Québec (UMQ).

Beaucoup de délégués avaient une mine d'enterrement. La politique municipale a déjà eu une meilleure renommée. Les excès mis à jour alimentent un climat de suspicion populaire, et des élus qui font honnêtement leur travail deviennent coupables par association. Pour compliquer encore les choses, ils ont à composer avec de gros dossiers contentieux au moment où les citoyens s'interrogent sur la bonne gestion des taxes et autres prélèvements auxquels ils sont assujettis.

On retrouve au premier chef l'explosion probable des coûts liés aux régimes de retraite des employés municipaux. Le trou se creuse. Le comité présidé par l'ancien président du Mouvement Desjardins, Alban D'Amours, l'évalue à 4 milliards de dollars. Et comme on ne peut pas espérer à moyen terme une amélioration des rendements, faméliques depuis quelques années, ce déficit est condamné à se creuser. À moins que...

À moins qu'on accepte que la vie a changé et que les anciennes pratiques ne correspondent plus à la réalité. Il faut revoir tout notre rapport à la retraite. C'est sur cette base que le comité D'Amours a été mis sur pied par le précédent gouvernement. Dans les circonstances, il était donc normal qu'on discute durant le congrès de son rapport, qui vient de paraître, ainsi que de ses recommandations.

C'était d'autant plus approprié que le comité a été créé, au départ, pour étudier la question des régimes à prestations déterminées en vigueur dans les municipalités et les organismes publics - en excluant ceux des employés gouvernementaux. Et c'est Alban D'Amours lui-même qui est venu en présenter les grandes lignes, flanqué d'un des membres éminents du groupe de travail, Bernard Morency, vice-président à la Caisse de dépôt et placement, devant un auditoire attentif de plus de 200 élus de toutes provenances. Ce qu'ils ont entendu n'était malheureusement pas de nature à leur remonter le moral.

Le message est clair : à moins d'un miracle, il faudra hausser les cotisations. Faire face à la réalité financière. Donc, aller chercher plus d'argent, parce qu'on ne peut plus pelleter les déficits par en avant. «C'est une question d'équité intergénérationnelle», a rappelé Alban D'Amours.

Le miracle, s'il s'en produisait un, viendrait d'une série de concessions acceptées par les employés par rapport aux conditions actuelles. «Pour assurer la pérennité des régimes, on doit atteindre un juste équilibre entre sécurité et capacité de payer», a dit Bernard Morency. À savoir quel accueil ces nobles principes vont recevoir...

Dans la salle, les gens étaient plutôt sceptiques sur les chances d'en arriver à des compromis. Et le troisième panéliste, Gino Girard, associé chez Morneau Shepell, est venu préciser que, sans ententes, la hausse des cotisations pourrait facilement atteindre 20 %. Il travaille, lui, auprès des municipalités et il se doute bien qu'on ne pourra pas indéfiniment en demander aux citoyens déjà mécontents de leur compte de taxes.

Une bonne partie de ces citoyens, faut-il le rappeler, ne sont même pas couverts par un régime de retraite d'employeur. À peine un travailleur québécois sur deux en bénéficie. Et il faudrait leur demander de puiser davantage dans leurs poches pour stabiliser les régimes municipaux ? Allez gagner des élections avec un tel engagement !

Le dilemme du logement dans le Nord

Lors de la récente Mission Grand Nord, organisée par les Événements Les Affaires, nous avons pu discuter avec le maire de Kuujjuaq, Tunu Napartuk. Il nous disait que la pénurie de logements est grande, chez lui et dans les autres communautés, alors que la demande est sans cesse croissante.

Il a dû bien accueillir l'annonce de Pauline Marois, selon laquelle une enveloppe de 60 millions de dollars allait permettre l'ajout de quelque 200 unités d'habitation au Nunavik. Mais le rapport au logement y demeure difficile, entre autres à cause d'épouvantables politiques gouvernementales au siècle passé. Je vous en reparle la semaine prochaine.

Précision

Le producteur, chez Ubisoft, qui nous a captivé lors du récent colloque sur le leadership créatif, à HEC Montréal, s'appelle Stéphane Cardin (et non Serge Cardin). Mille excuses.

DE MON BLOGUE

Marché du travail

Emploi : le Canada ne peut plus se péter les bretelles

Les chiffres ne sont pas aussi calamiteux qu'ils le sont en Europe, mais la situation de l'emploi devient préoccupante au Canada. Globalement, le bilan pour avril est tout sauf excitant. Le rythme de la création d'emplois ralentit au pays. Les gouvernements ont ajouté 34 000 emplois, les entreprises en ont largué 20 000.

Vos réactions

«Avec un gouvernement qui danse le cha-cha-cha (deux pas en avant et trois pas en arrière), nous pouvons conclure que nous continuerons à faire du surplace, lorsqu'il ne s'agira pas carrément de recul du point de vue tant économique que social. Les grandes entreprises continuent d'acheter massivement de leurs actions et de mettre du personnel à la porte.»

- YBertrand

«Cela risque de porter un coup dur supplémentaire au marché immobilier qui est en piètre situation à la veille de l'été [...] Les panneaux "à vendre" fleurissent. Même les panneaux "à louer".»

- Olivier M

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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