Les fantômes de septembre

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Les fantômes de septembre

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Comme chaque année lors du retour de la saison automnale, les investisseurs sont craintifs, car les mois de septembre et d'octobre sont réputés difficiles en Bourse.

Septembre est d'ailleurs le pire mois de l'année, selon les statistiques. Et la crise que nous venons de traverser nous porte naturellement à craindre le pire.

Toutefois, les amateurs de sensations fortes pourraient être déçus cette fois-ci...

Au cours des deux dernières années, nous avons assisté au même scénario. Après un été clément, l'orage s'abat sur les investisseurs. En 2007, par exemple, l'indice S&P 500 a progressé de 12 % de mars à juillet, avant de faiblir au début de l'automne et de rebondir à son sommet, en octobre.

Les experts ont observé que la hausse estivale avait été réalisée sur de faibles volumes de transactions.

En 2008, le rendement printanier a été beaucoup plus modeste, avec une progression de 9 % de mars à juin. Par contre, la tempête automnale a pris des proportions bibliques, le S&P 500 perdant 47 % de sa valeur entre le sommet de juin et le creux de novembre.

Cette année, les Bourses nord-américaines ont explosé de près de 50 % depuis le creux de mars. Et, comme en 2007 et en 2008, des experts soulignent que cette progression est suspecte, car elle aussi est survenue avec un volume de transactions restreint.

En effet, l'activité boursière était loin d'être fébrile pendant le rebond des derniers mois.

Le climat de nervosité actuel tient beaucoup à ce que de nombreux investisseurs croient qu'après une hausse de 50 %, une correction est inévitable.

Mais il faut considérer ce rebond dans son contexte. Il y a encore un écart de 4 800 milliards de dollars américains entre la valeur boursière actuelle du S&P 500 et son sommet d'octobre 2007. D'ailleurs, l'indice S&P 500 devra bondir d'encore 28 % pour seulement retrouver le niveau qu'il avait avant l'effondrement de Lehman Brothers, il y a un an.

Supposons que vous ayez investi dans le S&P 500 quand il était à son sommet, en octobre 2007. Il faudrait que le marché s'apprécie d'encore 57 % pour retrouver la valeur de votre capital de départ. Ce qui signifie un rendement nul en deux ans.

Le contexte a changé

Je suis conscient qu'après une hausse aussi importante que celle que nous venons de connaître, on peut s'attendre à ce que de nombreux investisseurs vendent leurs actions pour encaisser leurs gains.

De plus, certains types d'investisseurs ont recommencé à spéculer en Bourse. Ce qui peut vous pousser à conclure que le marché s'apprête à faire une pause à court terme.

Une pause, oui, mais pas une dégringolade, comme ce fut souvent le cas en septembre et octobre. Pourquoi ? Parce que le contexte est très différent. En 2007, nous étions à la fin d'un cycle économique. Les investisseurs pressentaient un ralentissement de l'économie, même s'ils n'avaient pas la moindre idée du cataclysme qui les attendait. Le climat était donc à la prudence. Ce manque de conviction poussait les investisseurs à retirer de l'argent de la Bourse à la moindre nouvelle négative.

En 2008, l'économie américaine était en récession. La gravité de la récession était incertaine et nous ne voyions aucun signe de reprise. C'est à ce moment-là que la crise financière a fait basculer les Bourses.

La situation a beaucoup évolué depuis. Il y a 12 mois, nous plongions dans une crise qui s'aggravait partout dans le monde; nous sommes en train d'en émerger, comme le montrent de nombreux indicateurs.

Par exemple, l'industrie manufacturière américaine est sortie de la récession en août. En effet, pour la première fois depuis janvier 2008, l'indice des directeurs des achats (PMI) a dépassé 50 (52,9 par rapport à 48,9 en juillet), un niveau qui indique une expansion. Cet indicateur s'est amélioré presque partout dans le monde, atteignant 53,1 à l'échelle internationale, du jamais vu depuis 26 mois. Des pays comme la Chine, la France, l'Australie et la Suède (croyez-le ou non, le Canada ne fait pas partie de cet indice) ont retrouvé le chemin de la croissance.

L'économie mondiale est donc en train de panser ses plaies.

Vague de fusions et acquisitions à prévoir

Par ailleurs, les marchés financiers étaient presque paralysés l'an dernier. Le calme est maintenant revenu. Au point où de plus en plus de sociétés osent prendre des décisions risquées, comme celle de lancer de offres publiques d'achat (OPA).

Et il ne serait pas surprenant de voir une vague - à tout le moins petite - de fusions et acquisitions au cours des prochaines semaines. De nombreux secteurs sont mûrs pour une consolidation, tels que : les services pétroliers (le 30 août, Baker Hughes a lancé une offre pour acheter BJ Services); les technologies (eBay a vendu 65 % de Skype le 1er septembre et Google dit avoir recommencé à envisager sérieusement des acquisitions); et le secteur bancaire aux États-Unis (il y a encore trop de banques dans ce pays).

Tout cela indique que l'automne 2009 sera très différent des deux précédents. Une correction est possible - elle est même peut-être commencée - mais rien n'annonce une autre dégringolade.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

En savoir plus sur le pétrole

L'évolution des prix pétroliers, en particulier le prix de l'essence à la pompe, suscite beaucoup de réactions, souvent plus émotives que rationnelles.

Si vous voulez mieux comprendre les forces qui s'exercent sur les prix pétroliers, je vous recommande chaudement la lecture d'une étude que vient de publier l'Institut économique de Montréal, intitulée " Le point sur le pic pétrolier ".

Vous comprendrez pourquoi la demande fera en sorte qu'un jour, la production pétrolière entrera en déclin, et pourquoi une pénurie de pétrole à long terme est impossible. Et surtout pourquoi le fameux pic pétrolier est le non-événement du siècle ! L'étude peut être consultée gratuitement sur le site de l'Institut (iedm.org).

Vos réactions

" Si le prix du baril de pétrole est de 40 $ US dans cinq ans, je crois que ce sera parce que l'activité économique se sera stabilisée à un niveau beaucoup plus bas. "

- F.T.

" L'analyse de l'Institut économique de Montréal contient beaucoup trop d'impératifs et peu de pragmatisme. "

- Anonyme

bernard.mooney@transcontinental.ca

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