Les émissions d'actions, une menace à la reprise boursière

Publié le 20/06/2009 à 00:00

Les émissions d'actions, une menace à la reprise boursière

Publié le 20/06/2009 à 00:00

La reprise boursière amorcée en mars a provoqué un raz-de-marée d'émissions d'actions. Aucune journée ne se passe sans qu'une entreprise n'annonce une émission d'actions, tant au Canada qu'aux États-Unis.

Si cette tendance se maintient, elle pourrait bien étouffer la reprise boursière. Ou du moins la rendre beaucoup moins payante à long terme.

Je suis allergique aux émissions d'actions. Elles entraînent une dilution nocive à long terme pour les actionnaires. Par contre, je dois admettre qu'elles ont de bons côtés. Entre autres, plusieurs entreprises profitent du rebond boursier pour améliorer leur situation financière. Les sociétés doivent avoir les reins solides afin d'investir dans leur développement. Et pour profiter des occasions qu'une récession crée, il faut de l'argent.

Dans l'industrie bancaire américaine en particulier, les émissions d'actions ont sauvé plusieurs banques, et leurs actionnaires ne devraient pas se plaindre de ces émissions.

Comme une fin de cycle haussier

Il faut cependant faire attention, car les émissions ont un effet de dilution bien réel, en réduisant le bénéfice par action en raison du plus grand nombre d'actions en circulation.

Au Canada, seulement en mai, il y a eu pour 2,3 milliards de dollars (G$) d'émissions d'actions. En avril, la valeur des émissions avait approché 3,9 G$. Pour les cinq premiers mois de 2009, la valeur totale des émissions a atteint 18 G$ à la Bourse de Toronto, 25 % de plus que pour la période correspondante en 2008. C'est un comportement qui s'apparente davantage à celui d'une fin de cycle haussier !

Aux États-Unis, la vague d'émissions est tout aussi importante. Au deuxième trimestre, plus de 150 entreprises ont émis pour 82,2 G$ US d'actions, selon Bloomberg. C'est un rythme supérieur à celui du sommet de la bulle techno, en 2000.

L'émission d'actions et la baisse des dividendes réduiront le rendement des actions du S&P 500 de 4,1 % par année, selon Bloomberg. Les émissions réalisées depuis le 31 mars augmenteront de 3,4 % le nombre total d'actions en circulation au S&P 500 sur une base annuelle. C'est la première fois en quatre ans que ce nombre augmente (les fusions d'entreprises et les rachats d'actions ont réduit constamment le nombre d'actions dans le passé).

Ce mouvement pourrait avoir à long terme un effet pervers sur les actionnaires.

Les bénéfices des entreprises sont loin d'être vigoureux actuellement. Ceux des sociétés du S&P 500 ont fondu de 46 % depuis leur sommet du deuxième trimestre 2007. De plus, les dividendes ont été réduits. Standard & Poor's estime que la baisse atteindra 23 % cette année, la plus forte diminution depuis celle de 36 % en 1938. Ainsi, des bénéfices en baisse et des dividendes moins généreux seront répartis dans un plus grand nombre d'actions en circulation. C'est loin d'être une recette pour enrichir les actionnaires.

Je le répète, il ne faut pas en conclure que les émissions d'actions ont toujours un effet négatif pour l'investisseur. Il est toutefois important de comprendre pourquoi une entreprise émet des actions.

L'exemple de Valero Energy

Si le rendement réalisé sur le nouveau capital est élevé, émettre des actions peut être très intéressant. Mais c'est souvent l'inverse qui se produit.

Le raffineur américain Valero Energy (NY, VLO, 17,30) en fournit un bon exemple. Il a annoncé le 3 juin une émission de 46 millions d'actions, à un prix de 18 $ US, qui provoquera une dilution de 9 % du capital-actions. Valero émet ces actions à un prix inférieur à leur valeur comptable de 33 $ US.

De plus, cette société a racheté 8,4 millions de ses actions à un prix semblable il y a seulement six mois. Au cours des trois dernières années, elle a racheté 141 millions d'actions à un cours moyen de 61,70 $ US, plus de trois fois le prix actuel.

Jim Byrne, analyste chez BMO Marchés des capitaux, doute de la pertinence de cette émission et croit que l'entreprise aurait facilement pu se financer en émettant des titres de dette.

L'analyste se demande d'ailleurs si la direction de Valero n'est pas au fait de perspectives négatives que le marché ignore.

Et on parle d'une entreprise qui a été très rentable. En effet, le rendement moyen de l'avoir des actionnaires depuis 10 ans s'est établi à 19,8 %.

La plupart des sociétés qui émettent des actions actuellement sont beaucoup moins rentables que Valero Energy et leur situation financière, moins solide.

Dans ces cas, il est beaucoup plus facile de comprendre les raisons d'une émission : les sociétés sont tout simplement peu rentables et ont besoin de beaucoup de capital uniquement pour survivre.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Microsoft !

Le journal Barron's fait le suivi de mi-année de sa table ronde sur les perspectives de placement. J'en tire une seule conclusion claire : Microsoft est une aubaine !

Plusieurs experts soulignent à quel point le titre du développeur de logiciels est intéressant. Par exemple, Fred Hickey, éditeur du High-Tech Strategist, mentionne que Microsoft est le meilleur titre à acheter dans l'univers techno. Il s'échange à 12 fois le bénéfice, ce qu'on ne voit jamais. De plus, ajoute-t-il, la société amorce le meilleur cycle de son histoire : elle lancera une douzaine de produits au cours des 12 prochains mois.

Je lis M. Hickey depuis près de 20 ans, et ça fait des lunes que je n'ai pas lu un commentaire si positif de sa part.

Vos réactions

« Parmi les titres que je surveille, il est de loin le plus attrayant. »

- Anonyme

« Apple mange des parts de marché petit à petit sur Microsoft. Déjà, dans le marché des systèmes d'exploitation pour les mobiles, Apple a dépassé Microsoft en un an et demi. »

- Crobi

bernard.mooney@transcontinental.ca

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