Les déboires du PQ : c'est avant tout une question d'économie

Publié le 01/06/2013 à 00:00

Les déboires du PQ : c'est avant tout une question d'économie

Publié le 01/06/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

On sait que les élections se gagnent et se perdent sur la question de l'économie.

«It's the economy, stupid !» avait lancé James Carville, stratège de Bill Clinton, pendant la campagne de 1992. Clinton avait alors ravi le pouvoir à George H. W. Bush, qui était pourtant sorti grandi de la victoire des forces alliées sur l'armée de Saddam Hussein, laquelle avait battu en retraite du Koweït en 1991.

Plus récemment, en Colombie-Britannique, la victoire du Parti libéral, dirigé par Christy Clark, sur le Nouveau Parti démocratique (NPD), dirigé par Adrian Dix, a également montré que les élections sont avant tout une question d'économie. Les libéraux ont obtenu 50 sièges, par rapport à 33 pour le NPD, qui avait affiché une opposition ferme aux projets d'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan et Northern Gateway d'Enbridge. Ces projets visent à acheminer du pétrole albertain vers la côte du Pacifique en passant par la Colombie-Britannique. La position de Mme Clark a plutôt été d'exiger des conditions et des redevances pour permettre la réalisation de ces projets.

Le PQ et l'économie

Selon des sondages récents, le Parti québécois tire fortement de l'arrière par rapport au Parti libéral, et le taux d'insatisfaction à l'égard du gouvernement est de l'ordre de 65 %. Pauline Marois a beaucoup parlé d'économie avant et pendant la campagne électorale qui l'a portée au pouvoir, mais il faut constater qu'elle ne remplit pas ses promesses.

Aucun de ses ministres n'a une expérience du monde des affaires. Le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, a un doctorat en économie, mais il a fait carrière à l'université avant de plonger en politique. Élaine Zakaib, ministre déléguée à la Politique industrielle et à la (future) Banque de développement économique du Québec, n'a travaillé qu'au Fonds de solidarité FTQ.

«Les verts sont au pouvoir», avait affirmé Daniel Breton, le torse bombé, le jour de son assermentation comme ministre de l'Environnement. Il faisait aussi référence à la nomination aux Ressources naturelles de sa collègue Martine Ouellet, elle aussi une militante écologiste, qui s'est empressée d'imposer un moratoire sur l'exploration du gaz de schiste.Un premier signal était donné : le gouvernement Marois ne serait pas pro-économie.

A suivi la tentative aussi étonnante que cynique du ministre Marceau d'accroître rétroactivement le fardeau fiscal des contribuables. Au lieu d'abolir, tel que promis, la contribution santé, il a voulu l'augmenter pour plusieurs citoyens et hausser l'impôt sur le revenu, les dividendes et les gains en capital. Il a dû reculer sur l'essentiel de ces mesures.

L'approche péquiste, c'est aussi plus d'intervention de l'État dans l'économie. L'aventure de Martine Ouellet dans la fiscalité minière est un échec. En plus de créer de l'incertitude, le nouvel impôt, qui rapportera peu, nécessitera une loi. La ministre annonce aussi une réforme de la Loi sur les mines. Le PQ sortira très amoché des débats sur ces projets.

Le projet de loi 36 visant à créer la Banque de développement économique s'est heurté à un mur avec le refus des deux principaux partis d'opposition de l'appuyer en première lecture. Le monde des affaires a accueilli tièdement plusieurs aspects de ce projet. Le gouvernement pourrait devoir en faire son deuil.

Pour apaiser sa base militante, le gouvernement a augmenté l'aide aux étudiants, en méprisant au passage les recteurs des universités, et a présenté le projet de loi 14 pour étendre la portée de la Charte de la langue française. Ce projet obtient peu d'appui, car il limite abusivement les libertés d'aucuns (parents, étudiants, minorités linguistiques, PME), tout en accroissant l'inquiétude d'autres groupes (anglophones, gens d'affaires) qui craignent des effets pervers sur l'économie.

La politique du déficit zéro est bien vue des contribuables, mais elle n'apporte rien à l'ensemble des citoyens, qui croient qu'elle est dictée par les banquiers.

Mme Marois promeut maintenant le Plan Nord de son prédécesseur après l'avoir critiqué. Rien pour rehausser sa crédibilité.

La conjoncture économique n'aide pas, mais rien n'est fait pour créer un contexte d'affaires favorable. C'est comme si le ministère du Développement économique avait disparu.

Si le gouvernement continue sur cette lancée, sa gestion des affaires économiques coulera son parti aux prochaines élections.

MON COMMENTAIRE

J'aime

L'OCDE, qui regroupe 34 pays industrialisés, vient de féliciter le Canada pour ses nombreuses initiatives visant à contrer la corruption. Alors que la GRC mène 35 enquêtes à l'étranger, l'escouade Marteau et l'UPAC créées par Québec ont conduit à de nombreuses arrestations, qui déboucheront sur de multiples procès. Et que dire de la commission Charbonneau, qui dissèque les systèmes de collusion et de corruption. Reste à espérer que nos efforts soient imités par d'autres pays.

Je n'aime pas

La ministre Nicole Léger a mis à exécution sa menace d'imposer des amendes aux 214 garderies privées subventionnées du Québec, parce qu'elles ont fermé leurs portes une journée. Or, l'État n'a jamais agi de la sorte contre les centres de la petite enfance (CPE). Les coupes de 14,9 millions de dollars que Québec veut imposer aux garderies privées sont un abus, car celles-ci sont traitées de façon discriminatoire par le gouvernement. Elles reçoivent moins par enfant que les CPE et doivent financer leurs immobilisations, ce qui n'est pas le cas des CPE. La ministre en a contre leurs profits, comme si cela était un péché. Préférerait-elle qu'elles soient mal gérées et déficitaires ?

jean-paul.gagne@tc.tc

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