"Les caisses ont trop de placements alternatifs"

Publié le 14/03/2009 à 00:00

"Les caisses ont trop de placements alternatifs"

Publié le 14/03/2009 à 00:00

Éminence grise de la gestion de caisses de retraite, Carmand Normand est coauteur de l'ouvrage de référence Gestion financière des caisses de retraite, chez Béliveau éditeur, dont une mise à jour vient de paraître.

En entrevue, le fondateur du gestionnaire de portefeuille Addenda Capital fait le point sur l'état des régimes de retraite. Après la mode des placements spéculatifs, ce spécialiste des titres à revenu fixe souhaite un retour aux obligations, délaissées par les investisseurs ces dernières années.

Journal Les Affaires - Quel est l'impact de la chute des marchés financiers sur la santé des régimes de retraite au Canada ?

Carmand Normand - L'effet est double. Premièrement, les taux d'intérêt sur les obligations de sociétés ont augmenté de façon importante. On est passé de 5,75-6 % à 7,5-8 % en un an. Or, plus ce taux est élevé, moins la valeur actuelle du passif est élevée. Cette hausse améliorera la situation financière des caisses de retraite. Par contre, la forte correction des Bourses crée un trou dans l'actif des caisses de retraite.

JLA - Les gouvernements devront-ils venir à la rescousse des régimes de retraite ?

C.N. - Les gouvernements devraient introduire des adoucissements temporaires. Ça pourrait être de reporter d'un an l'évaluation actuarielle des régimes qui doivent produire une telle évaluation. Ça pourrait être d'allonger de 5 à 10 ans la période pour renflouer un déficit de solvabilité du régime. [Le gouvernement du Québec a d'ailleurs fait passer une loi en ce sens, en vigueur depuis janvier].

JLA - Comment qualifieriez-vous la gestion des régimes de retraite par les comités des caisses ?

C.N. - Les travailleurs ont pris conscience de l'importance des caisses de retraite ces 20 dernières années. Dans l'ensemble, les membres s'engagent dans la gestion de leur caisse. De plus en plus, il y a une meilleure compétence.

JLA - On a pourtant l'impression que les caisse de retraite suivent des modes. Dernièrement, la mode est aux investissements spéculatifs, aux fonds de couverture, aux infrastructures, aux placements privés et à l'immobilier.

C.N. - Le problème découle des bas taux d'intérêt. Les comités de retraite ont trouvé que les rendements sur les obligations étaient trop faibles. Ils se sont mis à imiter ceux qui avaient obtenu de bons rendements ailleurs. À la longue, ça ne peut pas durer. Je pense que les caisses de retraite ont peut-être trop investi dans les placements alternatifs; même si, du point de vue mathématique, ce type de placement se justifie.

JLA - Les placements alternatifs conviennent-ils à une caisse en croissance ou à une caisse à maturité ?

C.N. - Généralement, quand un régime est à maturité, il faut revenir à des placements traditionnels simples que le client comprend. Mais tous les scénarios sont envisageables. Il est possible de structurer l'actif pour jumeler un de ses éléments [par exemple, un revenu de 1 000 $ pendant 20 ans] à un élément du passif [payer une rente de 1 000 $ pendant 20 ans] .

JLA - Ces jours-ci, que font les caisses de retraite ?

C.N. - Certaines caisses vendent des obligations pour acheter des actions, parce que la proportion en actions, à la valeur marchande actuelle, se trouve en deçà du niveau prévu par leur politique de placement après la dégringolade des Bourses. Pourtant, le moment est propice à l'achat d'obligations de sociétés. Le rendement des obligations émises par les grandes banques canadiennes dépasse de 500 points de base le rendement des obligations du Canada. Des écarts qu'on n'avait pas vus depuis 1998.

andre.dubuc@transcontinental.ca

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