Les bons et mauvais côtés des rachats d'actions

Publié le 17/10/2009 à 00:00

Les bons et mauvais côtés des rachats d'actions

Publié le 17/10/2009 à 00:00

Un commentaire publié dans le numéro du 24 août de Business Week m'a fait sursauter. William Lazonick, professeur à l'Université du Massachusetts à Lowell, soutient qu'aucune raison économique ne justifie les rachats d'actions par les sociétés cotées en Bourse (par cette opération, les entreprises réduisent le nombre d'actions en circulation, de façon à accroître la participation de chaque actionnaire dans l'entreprise).

M. Lazonick affirme que les rachats constituent un gaspillage de ressources et un détournement de fonds. À ses yeux, la direction de l'entreprise ne cherche qu'à faire monter artificiellement les cours du titre.

Il cite Microsoft, Intel, Hewlett-Packard, IBM et Cisco, qui ont dépensé plus en rachats d'actions qu'en recherche et développement entre 2000 et 2008. Cette attitude est un frein à l'innovation et à la création d'emplois, selon M. Lazonick, qui prêche l'interdiction de ces rachats par les grandes entreprises.

C'est une vision trop extrémiste. L'obsession de consacrer le maximum de capital à l'innovation (une bonne intention) le pousse à ne voir qu'un côté de la médaille.

Je suis d'accord avec certains de ses arguments. Les rachats d'actions sont devenus trop fréquents au cours du dernier marché haussier. De 1997 à 2008, 438 sociétés inscrites au S&P 500 ont dépensé 2 400 milliards de dollars américains (G$ US) pour racheter de leurs actions, selon William Lazonick.

Tout cet argent n'a pas été investi de façon efficace. De nombreux dirigeants ont dilapidé le capital de leurs actionnaires par des rachats d'actions inutiles.

Un des meilleurs exemples de ce fait : Washington Mutual. Elle a racheté pour 2,7 G$ US de ses actions au premier trimestre de 2007, au moment où son titre valait 45 $ US. Environ un an plus tard, en avril 2008, la société a revendu en panique pour 7 G$ US de ses actions à un huitième du prix qu'elle avait déboursé pour les racheter. Cinq mois plus tard, Washington Mutual a été saisie par la Federal Deposit Insurance Corporation. Ses éléments d'actif ont ensuite été vendus à JPMorgan Chase.

De nombreuses sociétés ont racheté leurs actions à fort prix tout simplement parce que c'était la mode.

Payer trop cher n'est pas le seul péché commis au nom des rachats. Plusieurs sociétés ne devraient tout simplement pas racheter des actions en raison de la nature de leurs activités. Par exemple, le 25 août, Cardiome Pharma (Tor., COM, 4,72 $) a annoncé vouloir racheter jusqu'à 6,5 millions de ses actions, jusqu'à concurrence de 27,5 millions de dollars américains. Cardiome, de Vancouver, a signé en avril une entente avec l'américaine Merck pour le développement et la commercialisation du Vernakalant, un traitement pour la fibrillation cardiaque.

Lorsque la direction investit 30 millions dans un rachat d'actions, elle parie que son médicament passera toutes les étapes menant à la commercialisation. C'est beau la confiance, mais la prudence a aussi sa place.

Deux conditions essentielles à respecter

Cela dit, ces opérations douteuses ne doivent pas faire oublier le fait que les rachats d'actions constituent un puissant outil de création de richesse.

Il y a deux conditions préalables à un rachat rationnel et rentable. D'abord, il faut que la société génère année après année des fonds supérieurs à ses besoins en capital. Elle doit ainsi s'assurer d'avoir les ressources nécessaires pour investir dans ses immobilisations (pour maintenir sa capacité de production) et dans des initiatives de croissance (dont l'acquisition d'entreprises).

De plus, le rachat doit être réalisé à un prix attrayant. L'entreprise qui rachète ses actions à 20 ou 30 fois son bénéfice n'utilise pas son capital à bon escient.

Pendant le marché haussier, jusqu'en 2007, presque toutes les grandes entreprises américaines avaient des programmes de rachat d'actions. Plus l'action prenait de la valeur, plus elles en rachetaient, semble-t-il. Au troisième trimestre de 2007, quand la Bourse était à son sommet, un record de 172 G$ US a été dépensé en rachats uniquement par les sociétés du S&P 500.

Or, à l'inverse, dans le marché baissier, plus leurs titres perdaient de la valeur, moins elles ont racheté d'actions ! Au deuxième trimestre de 2009, les sociétés du S&P 500 ont dépensé 24,2 G$ US, 86 % de moins que lors du sommet de 2007.

Le rachat d'actions n'est pas une panacée, ni une potion magique. Par contre, cela devrait faire partie des instruments utilisés de façon régulière pour enrichir les actionnaires.

Comme investisseur, vous devriez avoir un petit faible pour les sociétés qui rachètent de leurs actions année après année et qui, bien sûr, le font de façon opportune.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

La grande farce aurifère

J'ai souvent fait part de mon scepticisme quant aux vertus de l'or comme placement. Il n'en reste pas moins que le prix de l'or continue son ascension.

Les médias ont traité avec éclat des prédictions de spécialistes de Barclays, qui croient que l'or pourrait atteindre 1 500 $ US l'once. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que les analystes appuient leur thèse uniquement sur le comportement du prix. Ils disent qu'ils extrapolent pour prévoir où la hausse de prix s'arrêtera.

C'est comme dire : "L'or a monté à plus de 1 000 $ US, et si on extrapole, il pourrait bien aller à 1 500 $ US." Si jamais il atteint 1 500 $ US, ils diront qu'il pourrait atteindre 2 000 $ US. Des élèves de deuxième année pourraient faire de telles extrapolations.

Vos réactions

"Les investisseurs perçoivent peut-être l'or comme une denrée intéressante depuis que des producteurs de pétrole ont annoncé qu'ils voudraient remplacer le dollar américain par d'autres devises et l'or."

- Y. Bertrand

"Il ne faut pas oublier que l'extraction d'or engendre des catastrophes écologiques et humaines un peu partout sur la planète."

- J.-F. Monfette

bernard.mooney@transcontinental.ca

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