Le plus grand mythe concernant la crise financière

Publié le 10/01/2009 à 00:00

Le plus grand mythe concernant la crise financière

Publié le 10/01/2009 à 00:00

On parlera encore longtemps de la crise financière qui a éclaté en 2008, car tout le monde tentera d'en déterminer les causes.

Déjà, les amateurs d'étiquettes ne manquent pas de pointer du doigt les politiques économiques des États-Unis. Au Québec, plusieurs éditorialistes et politiciens ont déjà conclu que c'est la faute au néolibéralisme, à la grande vague de laissez-faire des dernières années.

C'est un mythe, probablement le plus trompeur et le plus farfelu de la crise financière.

Un idéal bafoué

Les États-Unis ont effectivement été bâtis sur l'idée de la liberté économique et politique. Mais cet idéal a depuis longtemps été bafoué.

En principe, dans un pays où règne le libéralisme - à plus forte raison le néolibéralisme -, le gouvernement exerce relativement peu d'influence sur l'économie. Or, les dépenses gouvernementales aux États-Unis (tous paliers confondus) représentent 40 % du revenu national des Américains. Concrètement, cela signifie que, sur 100 $ produits dans l'économie, le gouvernement s'en approprie 40 $. Ce n'est pas loin de la réalité canadienne.

En passant, le poids du gouvernement dans l'économie a bondi depuis huit ans, sous la présidence de George W. Bush, un supposé grand défenseur du néolibéralisme.

On a dit aussi faussement que la crise était le résultat d'une vague de déréglementation excessive. Mais jetons un coup d'oeil sur le Federal Register, le recueil de la réglementation fédérale américaine. Plus ce document compte de pages, plus il y a de règlements en vigueur. À la fin de 2007, le Federal Register comptait 70 000 pages, 10 000 de plus qu'en 1978. Et cela ne tient pas compte de la réglementation des différents États.

En fait, l'effondrement du marché immobilier américain peut être vu comme une conséquence de toutes les tentatives politiques pour manipuler et réglementer ce secteur. Depuis de nombreuses années, les politiciens américains font pression sur tous les intervenants pour que le rêve américain d'avoir sa maison soit à la portée de tous les citoyens, peu importe qu'ils en aient les moyens financiers.

Si vous trouvez cette idée bête, vous avez raison. Pourtant, des personnes d'influence comme Alan Greenspan, alors à la tête de la Réserve fédérale, ont affirmé que c'était un idéal louable; et des créations gouvernementales comme les acteurs du marché hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac y travaillaient.

Loin du paradis capitaliste

Par ailleurs, contrairement à une idée répandue, les États-Unis ne sont pas un paradis pour les entreprises. Les sociétés américaines sont parmi les plus taxées au monde, avec un taux d'imposition de 39,3 %. En fait, parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seul le Japon impose les sociétés à un taux plus élevé.

Même la Suède, un pays social-démocrate, et l'Italie, reconnue pour sa lourde fiscalité, traitent mieux leurs entreprises : elles appliquent un impôt inférieur d'environ 10 points de pourcentage par rapport aux États-Unis !

Selon le Global Competitiveness Report de 2008-2009 publié par le Forum économique mondial, les États-Unis sont au dernier rang parmi 35 pays en ce qui concerne les distorsions économiques créées par les subventions et les impôts. Hong-Kong se classe au premier rang et le Canada au 34e rang, devant le supposé royaume du capitalisme sauvage.

Selon cette même étude, les États-Unis se classent au 21e rang pour le niveau des barrières commerciales, derrière des pays comme la France, la Jamaïque et le Portugal. De plus, les États-Unis sont au 26e rang quant à la reconnaissance du droit à la propriété !

Enfin, l'Oncle Sam est 20e sur 35 pays en ce qui concerne la libre circulation du capital, fondement de toute économie libre. Les États-Unis se font damer le pion par le Panama, le Canada et Trinidad-et-Tobago.

Lorsqu'on considère objectivement ces facteurs, on doit constater que ce pays n'est plus que l'ombre de lui-même, justement parce qu'il a rejeté depuis longtemps les principes qui ont été à l'origine de sa prospérité historique.

Aussi tordu que le raisonnement puisse paraître, on peut se demander si la crise financière américaine, contrairement à l'idée que véhiculent les médias, ne résulte pas plutôt du fait que les États-Unis ont renoncé au principe de la liberté économique...

bernard.mooney@transcontinental.ca

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.