Le dollar américain pourrait surprendre

Publié le 24/10/2009 à 00:00

Le dollar américain pourrait surprendre

Publié le 24/10/2009 à 00:00

Le pessimisme des observateurs et des marchés financiers à l'égard du dollar américain est nettement exagéré.

Les investisseurs entendent si souvent les experts prédire le déclin du billet vert que cela les conduit à endosser aveuglément leur point de vue.

Selon le site Trade-futures.com, seulement 4 % des investisseurs dans les marchés à terme étaient optimistes à l'égard du dollar américain à la fin de septembre. Il s'agit de tout un revirement depuis février dernier, alors que la proportion des optimistes atteignait 93 %.

Nous n'avons pas assisté à une telle unanimité depuis mars 2008, lorsque le billet vert touchait un creux historique. À ce moment, 6 % des investisseurs étaient optimistes.

Un tel pessimisme me laisse croire que le dollar américain pourrait surprendre par rapport à l'euro et au dollar canadien (la situation est différente pour les devises de pays émergents comme la Chine, qui sont fondamentalement sous-évaluées).

Tenez compte des tendances à long terme

Les facteurs nuisant au dollar américain sont bien connus. Les États-Unis sont au centre de la crise financière, qui a nécessité l'injection d'abondantes liquidités. De plus, l'administration américaine ne fait aucun effort pour soutenir le billet vert.

Loin de moi l'idée de faire fi des problèmes financiers des États-Unis. Mais admettez qu'ils sont bien connus de tous. Et habituellement, ce qui est déjà su par les marchés financiers est déjà reflété dans les cours.

J'irais un peu plus loin : le pessimisme à l'égard du dollar américain s'explique avant tout par le fait qu'il sort d'un long marché baissier. Bien des gens n'analysent que le rendement récent d'une devise et d'un titre boursier sans égard à leur valeur fondamentale.

Les tendances à long terme du marché des devises durent de 6 à 10 ans.

Le billet vert a suivi de grands cycles depuis l'instauration du marché libre des devises, en 1971 : un marché baissier de 1971 à 1978; un marché haussier de 1978 à 1985; un marché baissier de 1985 à 1992; un marché haussier de 1992 à 2001, qui a coïncidé avec la bulle techno; et enfin un marché baissier qui a peut-être pris fin en 2008. Du sommet de juillet 2001 au creux de mars 2008, l'indice du dollar américain (qui correspond à un panier de six devises) a perdu 41 %.

La crise financière a provoqué un rebond de 25 % du dollar américain entre mars 2008 et le creux boursier de mars 2009. Les investisseurs, craignant le pire, se sont réfugiés dans les obligations à long terme du gouvernement américain, ce qui a fait bondir le dollar.

Maintenant que la tempête est terminée, ils vendent leurs titres sûrs pour chercher des rendements plus élevés. Et le dollar a recommencé à chuter (de 15 % entre le 3 mars et le 14 octobre).

Des gains de productivité surprenants aux États-Unis

Fait à noter, l'indice du dollar s'établit à 75,8, un niveau supérieur au creux de mars 2008. Ce qui pourrait signifier que le dollar américain, malgré tout ce qu'on en dit, a amorcé un nouveau marché haussier.

Le billet vert pourrait être favorisé par les gains de productivité. En effet, les mises à pied et la forte hausse du chômage ne sont qu'un aspect de la réalité. Malgré la récession, la productivité n'a pas cessé de bien progresser aux États-Unis, contrairement à ce qui s'est passé dans les économies canadienne et européenne.

C'est par le travail et la productivité qu'une économie peut se sortir du bourbier. C'est exactement ce qui se produit au sud de notre frontière.

Tant les gouvernements américain que canadien et européens ont affronté la crise de la même façon : ils ont adopté une politique monétaire accommodante et augmenté la dette publique pour soutenir l'économie.

La grande différence, c'est que l'économie américaine est plus rapide à se restructurer, d'où ses gains de productivité.

Par exemple, au deuxième trimestre, la productivité de la main-d'oeuvre des États-Unis a progressé au rythme annuel de 6,6 %. C'est la plus forte hausse depuis le troisième trimestre de 2003. Au Canada, la productivité a stagné pendant la même période.

Cette productivité accrue aux États-Unis a provoqué une baisse de 5,9 % des coûts de main-d'oeuvre pendant le deuxième trimestre. Au Canada, les coûts de main-d'oeuvre ont augmenté de 0,3 % pendant ce trimestre.

De 2000 à 2008, la productivité de la main-d'oeuvre canadienne a reculé de 1,9 % en moyenne par année par rapport à celle des États-Unis, selon Statistique Canada.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Du comportement des Caisse de dépôt de ce monde

Si vous n'en revenez pas de voir la Bourse grimper, dites-vous que vous n'êtes pas seul. Tous les investisseurs qui attendaient une accalmie pour revenir en Bourse créent un important support, et même un tremplin. Dès qu'il y a le moindre repli, ils achètent. C'est le cas entre autres des gros gestionnaires institutionnels (les Caisse de dépôt de ce monde) qui ont vendu en panique l'automne dernier, supposément par prudence. Maintenant ils achètent, presque en panique.

Vos réactions

" Quelle bonne observation ! Certains comités de placement auraient dû anticiper le rebond en adoptant des mesures adéquates. "

- LG Louis

" Quelle désolation de voir la gestion de la Caisse de dépôt ! Il ne fallait pas être la tête à Papineau pour investir à la Bourse en mars 2009. Je me considère néophyte et je l'ai fait. "

- Plarob

" Ne sont-ce pas ces mêmes gestionnaires qui nous sermonnent sur notre manière de gérer nos placements ? "

- Dencour

bernard.mooney@transcontinental.ca

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